L’abbaye du Bec-Hellouin est l’un des phares de la Normandie, elle fut des siècles durant, l’une des plus célèbres abbayes de toute la chrétienté. Fait rare, cette abbaye n'a pas été fondée par un riche seigneur qui souhaite racheter ses péchés, mais par un simple chevalier sans éducation, appelé Hellouin ou Herluin, ancien serviteur du seigneur local, le comte normand de Brionne avant de se convertir à la vie monastique. Dès sa création, évêques, abbés et théologiens viennent y écouter le prieur Lanfranc de Pavie, conseiller de Guillaume le Conquérant, qui était l'un des grands intellectuels de son temps, puis saint Anselme, philosophe et théologien d'Aoste, deuxième abbé du Bec. Les deux deviendront archevêques de Cantorbéry lorsque Guillaume le Conquérant gagne l'Angleterre.
Au Moyen Âge, une abbaye est considérée comme un sanctuaire, un espace de paix et de sérénité au milieu d'un monde d'une brutalité parfois extrême. Lorsque la fureur des hommes se déchaîne cependant, elle n'échappe pas aux ravages de la guerre. L’Abbaye Notre-Dame du Bec-Hellouin subit de grave dommages au cours de la guerre de Cent Ans, transformée en caserne pendant la Révolution. La Révolution Française achèvera la destruction d'une grande partie de l'Abbaye qui avait déjà subi les outrages des différentes guerres, dont celles des Religions. Après avoir été utilisée sous Napoléon, et quasiment jusqu'à la Première Guerre Mondiale, comme caserne militaire notamment pour la Cavalerie, l'Abbaye a repris au XXe siècle son usage monastique.
L'Abbaye Notre-Dame du Bec-Hellouin possède une architecture exceptionelle : Au premier abord se dégage la tour Saint-Nicolas qui domine les bâtiments monastiques édifiés initialement entre 1644 et 1666 et réaménagés au XVIIIe siècle. Vestige le plus ancien de l'abbaye Notre-Dame du Bec-Hellouin, ce joyau gothique a résisté aux destructions de la guerre de Cent Ans et de la Révolution. Construite dans la deuxième moitié du XVe siècle, elle servait de clocher afin que les quatre grosses cloches qu'elle renfermait n'ébranlent pas les tours du portail de l'abbatiale. C'est une construction carrée de plus de onze mètres de côté de style anglo-normand. Jusqu'en 1810, elle était surmontée d'une flèche de quinze mètres de haut anéantie par un incendie. Les cloches ont été détruites à la Révolution.
Chaque angle possède un contrefort surmonté de deux statues monumentales : sainte Marie, saint Benoît, saint Nicolas, saint Jean, saint Michel, saint Jacques, saint Louis et saint André. Sur la face occidentale est inscrit en latin : « Marie », « Sauveur du monde prends pitié », « Jésus-Christ est fils de Dieu » et sur la face orientale : « Jésus est fils de Dieu ».
Il faut découvrir le cloître, d'inspiration classique avec sa terrasse italienne, et le monumental escalier des mâtines. L'ancien cloître du XIIIe siècle ayant été détruit, le cloître actuel a été construit au milieu du XVIIe siècle. Ici, comme ailleurs à cette époque, l'influence italienne se fait sentir. C'est l'ordre toscan qui prédomine, avec des arcades en plein cintre à archivoltes moulurées. Les voûtes d'arêtes qui couvrent le cloître sont soulignées par des moulurations imitant la voûte d'ogive. Les clefs de voûte circulaires et saillantes, toutes différentes les unes des autres, sont ornées de feuillages et de rosaces. Les arcades retombent sur des impostes de piles, de section carrée, renforcées de pilastres saillants se terminant à leur sommet par une console sculptée de feuilles d'acanthe de style corinthien surmontée d'une corniche moulurée.
Le cloître et la tour Saint-Nicolas vous ont impressionné, l'architecture grandiose des bâtiments conventuels de style Régence vous laissera pantois.
Les bâtiments conventuels actuels de l'Abbaye Notre-Dame du Bec-Hellouin ont été reconstruits aux XVIIe et XVIIIe siècles par les moines de la congrégation de Saint-Maur. Disposés en une double équerre, ces bâtiments, reconstruits entre 1742 et 1750 par les moines de la congrégation de Saint-Maur affichent un style Régence très proche de l'architecture civile alors en vogue : immenses baies plein cintre à clés ornées de cartouches rocaille, linteaux en arc de cercle, consoles décorées de feuilles d'acanthe, frontons d'armoire, balustrades en fer forgé… Rendus au culte en 1948, les bâtiments conventuels sont restaurés par l’Administration des Monuments Historiques. Le réfectoire, situé dans l'aile ouest du monastère, est alors transformé en église abbatiale, qui reçoit sa dédicace solennelle le 31 octobre 1969.
L’église abbatiale est construite selon un plan longitudinal. Elle est orientée au nord et terminée par un chevet plat.
Elevation extérieure : L’église actuelle est installée au sein d’une aile de l’abbaye. La façade occidentale est percée par deux portes-fenêtres symétriques en arc plein-cintre. L’une d’elles donne accès à l’église. L’église est composée de deux fois huit travées séparées au centre par trois travées. Toutes sont ajourées par d’immenses fenêtres en plein-cintre surmontées d’un arc architecturé. Les trois travées centrales sont comprises entre deux contreforts qui se prolongent en fronton antique au deuxième étage de l’église.
Elevation intérieure : La voûte de l’église est en berceau. Son chevet est aveugle car l’église est accolée à une autre aile de l’abbaye.
Enfin, dans la nouvelle église abbatiale, les amateurs de chants grégoriens assisteront à l'office, qui prend une résonance encore plus magique le dimanche, quand les moniales du monastère de Sainte- Françoise-Romaine, installées à 2 kilomètres de là, se joignent aux moines…
Six escaliers du XVIIIe siècle donnent accès aux étages. Ces escaliers procurent une remarquable impression de légèreté. Les marches ne paraissent être portées que par le mur d'un seul côté. En réalité, leur poids est également appliqué sur la partie des marches sur laquelle est fixée la rampe (limon) et, par la taille particulière des pierres, cet effort est transmis de proche en proche au premier palier d'une masse impressionnante.
Si vous le pouvez, allez jeter un oeil à la bibliothèque, toute lambrissée de chêne massif. Dans la tradition bénédictine, l'abbaye possède une hôtellerie qui permet à ceux qui le souhaitent de faire retraite quelques jours et accueille également plus longuement des jeunes gens qui voudraient partager la vie de la communauté.
Le village du Bec-Hellouin lui-même ne manque pas d’intérêt à visiter avec, regroupées essentiellement autour de l’abbaye, ses maisons à colombages en pans de bois aux balcons fleuris, ses auberges et ses restaurants. L’église Saint-André, bâtie en 1039, cette dernière dépendait tout d’abord de l’abbaye. Juste après la Révolution Française, en 1792, le tombeau du Bienheureux Hellouin fut déplacé au sein de l’édifice. De nos jours, il se trouve au centre de l’abbaye.
À deux kilomètres, le monastère Sainte-Françoise Romaine abrite des sœurs, "oblates" de l'abbaye Notre-Dame du Bec, qui viennent également de Cormeilles-en-Parisis. Elles ont rejoint les moines dès 1949 après avoir construit leur monastère, installées à proximité de l'abbaye des frères conformément à la tradition léguée à l'Église par sainte Françoise Romaine dès le XVe siècle. Le monastère des sœurs a à sa tête une prieure élue par la communauté. Pour leur profession monastique les sœurs novices remettent leurs vœux entre les mains de l'abbé, à l'abbaye. Également, les jours de fête et les dimanches, les sœurs se rendent à l'abbaye pour participer aux offices majeurs (messes, vêpres, vigiles).