Le château Ivry-la-Bataille a été construit une ou deux décennies avant l’an Mil. L’histoire du château commence avec Raoul, frère du Duc de Normandie Richard Ier, qui, premier seigneur d’Ivry avec sa femme Alberède, fit construire la forteresse, l’une des plus puissante de son époque. C’était peu avant l’an 1000 et l’on raconte que « après l’achèvement des travaux, Alberède fit trancher la tête de Lanfred, l’architecte, dans la crainte qu’il entreprît une pareille construction pour quelqu’autre Seigneur ». Cela n’aura pas suffit puisque de la Tour Blanche de Londres serait construite sur des plans similaires entre 1066 et 1070… Ce serait Roger d’Ivry, petit-fils de Raoul d’Ivry, qui aurait conseillé au Duc de Normandie d’édifier une tour similaire à celle d’Ivry pour marquer sa puissance et assoir son autorité sur le trône d’Angleterre. De l’avis des archéologues et des historiens qui se sont intéressés à ce site, dont l’intérêt particulier a été découvert récemment, il est probablement l’œuvre de l’architecte Lanfroy, concepteur, par ailleurs, de la tour de Pithiviers dans le Loiret.
L’histoire de la seigneurie d’Ivry ne manque pas d’épisodes guerriers. Dès la fin de sa construction, le château d’Ivry aurait été le théâtre d’affrontements violents. Sa position, sur une colline dominant la vallée de l’Eure, est hautement stratégique. L’ouvrage fortifié se trouve sur une ligne frontière entre plusieurs seigneuries du Duché de Normandie, dans un premier temps, puis, entre le royaume de France et le Duché dans un second temps. Cette zone va être âprement disputée au fil des siècles et en particulier lors de la guerre de cent ans. Chaque conflit successif est à l’origine de sièges dévastateurs.
En 1968, des habitants d’Ivry-la-Bataille, regroupés au sein du Club archéologique créé par Robert Baudet, décident de retrouver les vestiges de la forteresse qui domine la commune. Les travaux de déblaiement s’étalent sur une quinzaine d’années et font apparaître l’un des plus passionnants monuments médiévaux de la région. Certains témoins voient dans les hautes murailles parementées en opus spicatum qui viennent d’être dégagées les restes de la « tour célèbre, énorme et très fortifiée ».
En fait, il semble à l’appui des fouilles réalisées depuis 1968 qu’il y eut d’abord une tour carrée que Lanfred transforma, vers la fin du Xe siècle début XIe, en une première forteresse. A la Tour résidence : grande salle palatiale, Lanfred greffe une chapelle à laquelle est accolée une tour haute sous laquelle se trouve un cellier. On ignore la hauteur de l’ensemble mais elle était sans nul doute de plusieurs niveaux. Le site se compose alors d’une cour haute qui cerne directement le château et d’une basse-cour sur trois niveaux qui accueillait un habitat dépendant directement du château : Il faut attendre 1080 pour qu’une bourgade se développe dans la vallée au pied de l’éperon.
Et si vous preniez de la hauteur pour découvrir ces ruines chargées d'histoire ? Le château d'Ivry-la-Bataille ne présente aujourd'hui que des ruines. Accessible en visite libre, il fait l'objet de fouilles archéologiques depuis plusieurs années afin de dévoiler tous ses secrets. Installé sur une colline qui domine l'Eure, le site, qui a servi de carrière de pierres, dévoile encore quelques pans de murs solides. Les visiteurs pourront, à partir des vestiges du château d’Ivry, découvrir un vaste panorama sur une ville parcourue par l’Eure et riche de ses vannages et moulins, témoins d’un riche passé industriel. Ivry-la-Bataille, c’est aussi une évocation de quelques passages forts de l’histoire de France que l’on retrouve au hasard des rues par des noms évocateurs.