Bataille d'Ivry-la-Bataille (27)
Commune de département de l'Eure en région Normandie, en Normandie, Ivry-la-Bataille prend place à une quarantaine de kilomètres d'Evreux, à la limite de l'Eure-et-Loir. Elle se situe non loin de Garennes-sur-Eure, Oulins et Saussay. Ivry-la-Bataille, lieu de passage entre deux provinces par la « Route Fleurie » qui joint Paris à la côte normande à travers la verdure et dans le calme des routes de campagne. Drôle de nom pour un village ! Il fait référence aux guerres de religion et à la célèbre bataille que remporta Henri IV, le 14 mars 1590, sur les catholiques de la Ligue de Paris commandée par le duc de Mayenne. Elle oppose l’armée royale commandée par Henri IV à l’armée ligueuse, renforcée de contingents espagnols et commandée par Charles de Lorraine, duc de Mayenne le 14 mars 1590.
Elle se déroule dans la plaine de Saint-André entre la ville de Nonancourt et la ville d'Ivry, ensuite renommée Ivry-la-Bataille en souvenir du combat. Malgré leur supériorité numérique, les Ligueurs sont mis en déroute. L'arme de combat la plus utilisée lors de la bataille est l'arquebuse. Aujourd’hui, cette petite ville est surtout connue pour les fouilles archéologiques, reprises en 2007, dans le château fort, dont les vestiges dominent la cité, et qui est une des plus anciennes forteresses normandes en pierre, construite au Xe siècle et l'une des plus puissantes de son époque. Pour l'histoire, l'architecte Lanfred eut la tête coupée par Alberède qui craignait une pareille construction ailleurs.
Les forces en présence
Les troupes du Duc de Mayenne composées d’hommes menés par Charles-Emmanuel de Savoie-Nemours auxquels s’ajoutent des forces conduites par Charles 1er d’Aumale et d’autres dirigées par Philippe d’Egmont, soit un total de 12 000 fantassins et mercenaires allemands, ainsi que de 4 000 cavaliers dont 2 000 hommes en provenance des Pays-Bas espagnols.. Elles sont plus nombreuses que celles du nouveau roi Henri IV.
Face à l'armée de Charles de Mayenne et de ses lieutenants, les troupes du roi Henri IV est constitués d’éléments rassemblés par Maximilien de Béthune, marquis de Rosny, futur Duc de Sully et futur surintendant des finances, auxquelles s’additionnent d’autres hommes menés par des princes de sang ou dignitaires tels : François de Montpensier, Jean VI d’Aumont, Claude de La Trémoille, François de Bourbon-Conti, Armand de Gontaut-Biron et le Maréchal Théodoric de Schomberg. L’ensemble représente un total de 8000 hommes d'infanterie et 2 000 cavaliers, ainsi que 300 gentilshommes de Picardie sous les ordres du seigneur Charles de Humières qui arrivent au cours du combat.
Côté armement, la ligue comptait plusieurs canons ; en face l'artillerie royale comptait quatre canons et deux couleuvrines apportés par Charles de Humières, accompagné de 300 hommes durant la bataille. La couleuvrine, qui désigne à l'origine un canon à main ancêtre de l'arquebuse et du mousquet, est une petite pièce d'artillerie à canon long de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance qui tire des boulets de pierre ou de métal.
Contexte de la bataille d'Ivry-la-Bataille
Les origines de la bataille d'Ivry remontent au décès d’Henri III. Le 1er août 1589, alors qu'Henri III roi de France est assassiné par le moine fanatique Jacques Clément, un dominicain membre de la Ligue, rien ne laisse penser qu’un an plus tard se jouerait un épisode important de l’histoire de France.
La Ligue est une association de catholiques formée en 1568 par le duc de Guise. Elle a pour but de défendre leur religion contre le protestantisme et les Huguenots (protestants). Les ligueurs se veulent de bons et loyaux sujets du roi, du moment que ce dernier défend avec opiniâtreté l’Église catholique romaine. Le programme des ligueurs, outre la défense de l’Église, comprend celle du roi et celle des États généraux.
En décembre 1576, le roi Henri III prend la tête de la Ligue pour la neutraliser. En 1584, le jeune duc d’Alençon, frère du roi et héritier du trône, meurt. Henri III proclame alors le protestant Henri de Navarre héritier légitime du trône de France. La Ligue est indignée et entame une violente lutte religieuse. En 1588, Henri III interdit au duc de Guise d’entrer dans Paris, l'estimant trop dangereux. Le 9 mai, celui-ci passe outre et pénètre dans la capitale. Devant ces mouvements ligueux, Paris se soulève et Henri III se réfugie à Chartres. Le 15 juillet 1588, à Rouen, il signe l’Édit d'Union contre les protestants en vue d'une réconciliation avec les ligueurs. Au même moment, le duc de Guise est fait lieutenant-général du roi pour le royaume (chef des armées).
En décembre 1588, à Blois, Henri III convoque les États généraux. Le 23 décembre, il décide de faire exécuter le duc de Guise, et le lendemain, son frère le cardinal Louis de Lorraine, le « cerveau » de la famille. Il fait également arrêter les principaux chefs de la Ligue. Ce coup d'État provoque un soulèvement général contre le roi. Celui-ci s’allie au roi de Navarre, et tous deux font le siège devant Paris...
Lors de la mort d'Henri III, son cousin Henri roi de Navarre (Henri IV) est désigné comme son successeur, mais les extrémistes catholiques, regroupés autour des Guise, rejettent le nouveau roi ce qui relance les guerres de religion.
Henri IV doit conquérir son royaume province par province, le pays refusant de reconnaître un roi protestant. Le 21 septembre 1589, à Arques, près de Dieppe, Henri IV repousse les forces catholiques commandées par le duc de Mayenne Charles de Lorraine, frère du duc Henri de Guise, assassiné un an plus tôt.
Avec des renforts anglais, Henri IV occupe méthodiquement la Normandie jusqu’au 14 mars 1590 où, abandonnant le siège de Dreux (débuté le 23 février) tenue par les catholiques que Mayenne venait défendre, il affronte celui-ci sur le plateau de Saint André, entre la Ville d'Epieds et Ivry-la Chaussée (ancien nom d’Ivry). Le duc de Mayenne connaissait les troupes royales, dont il avait pu mesurer la valeur lors de la bataille d'Arques, et il n’était pas d’avis d’exposer aux hasards d’une bataille sa fortune et son honneur. Mais les reproches de ses généraux, des Parisiens, les instances de la cabale espagnole qui se promettait de grands avantages, et la honte d’avoir perdu plus de quatre-vingts places en six mois lui fit prendre la résolution de combattre.
La bataille d'Ivry-la-Bataille
Une stratégie nouvelle
Au niveau de la stratégie, afin de garder ses chances de victoire, Henri de Navarre rompt avec la tradition de formation de bataille en longues rangées de cavaliers et opte pour un regroupement de sept escadrons épais flanqués d’infanterie. L’aile gauche était divisée en deux corps, le plus proche du centre, composé d’un escadron de gendarmerie et de deux régiments d’infanterie française, rassemblait 300 hommes commandés par le maréchal d’Aumont.
À l’extrémité de l’aile un autre escadron de gendarmerie, ayant à sa gauche quatre cents lansquenets (Les lansquenets étaient des mercenaires, le plus souvent originaires des États de langue allemande), et à sa droite un régiment suisse qui était conduit par le duc de Montpensier. Au-devant des deux escadrons figuraient deux troupes de cavalerie légère soit 400 chevaux, l’une commandée par le comte d’Auvergne grand prieur de France, et l’autre par Givry maréchal de camp.
A leur gauche était placée l’artillerie et un peu au-delà, le maréchal Biron est un peu en arrière, au-delà du centre du dispositif, avec un escadron flanqué de deux régiments d’infanterie et 250 chevaux placés sur la même ligne que l’infanterie légère. Il est considéré comme corps de réserve. L’aile droite, formée de six cents cavaliers était l’escadron le plus important. Conduite par le roi, elle avait à sa tête un escadron de cinq rangs de gendarmerie formés de cent vingt gentilshommes chacun.
A sa gauche figurait un régiment de grisons et un de Suisses, tandis qu’à sa droite deux autres régiments de Suisses étaient positionnés. L’extrémité de l’aile droite était formée par le régiment de gardes de Brigneux, celui de Vignole et celui de Saint-Jean avec un régiment de Reitres formé de 250 chevaux et deux régiments d’infanterie française.
L'armée de la Ligue, est implantée sur une petite éminence et rangée de la même manière que celle du roi, avec toutefois une forme de croissant dont les pointes sont tournées en avant vers l'ennemi.
À son aile gauche, face à l'aile droite du roi, Mayenne dispose ses meilleures troupes avec 1 200 à 1 300 lances venues des Pays-Bas, partagées en deux escadrons et commandées par Philippe, comte d'Egmont. Au centre, se trouvent les escadrons de Charles-Emmanuel, duc de Nemours et de Charles, duc d'Aumale.
Dès l’aube, le 13 mars 1590, les troupes arrivèrent vers Saint-André situé à l’est d’Ivry puis marchèrent sur Foucrainville en direction du champ de bataille qui englobe les communes de Batigny, Foucrainville, Epieds, Sérez et Neuvillette. Vers midi, le roi apercevant les coureurs ennemis fit un changement de front et, en moins d’une heure, tous les corps se retrouvèrent en ordre de bataille tel que nouvellement assigné.
La gauche s’appuyait sur Foucrainville et la droite près de Batigny. Ayant reçu de La Curée des informations sur l’ennemi le roi demande à ce dernier de se porter avec 50 chevaux près d’un moulin situé entre Saint-André et Batigny, d’y faire halte et d’envoyer quelques hommes faire la reconnaissance pendant que la cavalerie légère, divisée en deux corps, l’un commandé par le Comte d’Auvergne et l’autre par Géony se tient prête à soutenir cette reconnaissance. N’ayant rien aperçu, La Curée se porte vers Neuville où l’armée de La Ligue aurait positionnée des troupes. Dès les premières maisons il vit cent cavaliers ennemis et quelques lansquenets qui sortaient par l’extrémité opposé du village. S’étant lancé à leur poursuite il en fit deux prisonniers mais ceux-ci questionnés ne donnèrent aucun renseignement utile.
Poursuivant son avancé La Curée fit d’autres prisonniers : deux Suisses qu’il présenta au roi, ce qui donna de l’ardeur aux troupes. Alors que les troupes royales s’avançaient en conservant leur ordre de bataille, le Maréchal de Rosne, qui marchait à l’avant-garde de la Ligue, ordonna à ses hommes de se mettre en bataille en avant des hameaux de la Haye et La Neuvillette et posta 500 arquebusiers auprès d’une ferme à mi-chemin des deux armées. Henri IV voyant le dispositif mis en place par de Rosne ordonne à des chevaux légers de déloger l’ennemi de la ferme. Ce qu’ils firent sans trop de difficultés.
Aucun autre évènement n’ayant troublé la fin de journée et le Maréchal Biron ayant jugé qu’il n’y aurait aucune bataille, entrepris de déterminer pour la nuit suivante le placement de ses troupes alors que le roi recevait quelques renforts de Dieppe, d’Evreux et de Pont de l’Arche soit 800 cavaliers d’élite. Durant la nuit, les troupes royales campèrent entre Batigny et Fourcrainville et Henri IV établit son quartier dans cette dernière ville. Des éclaireurs, qui s’étaient avancés vers l’ennemi, firent quelques rapports qui inquiétèrent le roi qui crut un moment que les troupes de la ligue avaient repassé l’Eure, mais très vite il apprit qu’en fait elles avaient campé à moins d’une demi-lieue en arrière du terrain qu’elles avaient occupé avant. La gauche des ligueurs s’appuyait au ravin qui se prolongeait, par la droite, jusqu’à une très petite distance de la berge de l’Eure.
L’ordre de bataille
C'est lors de ce combat qu'aurait été prononcé par Henri IV, sa phrase sur son panache blanc. En référence aux grandes plumes blanches que le roi avait fait poser sur son chapeau pour être plus facilement repérable pendant la bataille. Le 14 mars 1590, après que les deux belligérants eurent accomplis leurs devoirs religieux, puis repris l’ordre de bataille de la veille, le roi harangua, ses troupes en disant :
« Mes compagnons, si vous courez aujourd’hui ma fortune, je cours aussi la vôtre ; je veux vaincre ou mourir avec vous. Dieu est pour nous. Voici ses ennemis et les nôtres. Voici votre roi. Gardez bien vos rangs, je vous prie ; si la chaleur du combat vous le fait quitter, penser aussitôt au ralliement ; c’est le gain de la bataille. Vous le ferez entre ces trois arbres que vous voyez là-haut à ma droite. Si vous perdez vos enseignes, cornettes ou guidons, ne perdez point de vue mon panache ; vous le trouverez toujours au chemin de l’honneur et de la victoire. » Cette harangue est passée à la postérité, résumée en « Ralliez-vous à mon panache blanc. »
Un combat incertain
Henri IV après choisi quelques bons et loyaux serviteurs pour se tenir près de lui, puis avança ... Bientôt, l'armée entière s'ébranla; mais, après une courte marche, le roi fit faire halte et rectifia les distances et les alignements. Ce fut alors qu'il fit faire à son aile droite un léger mouvement de conversion, afin de se rapprocher de 150 pas de l'aile gauche ennemie et de tourner le dos au vent et au soleil. Lorsque l'armée de la ligue fut à portée de canon, le roi ordonna au grand maître de l'artillerie d'ouvrir le feu. Il était près de midi quand M. de la Guiche commença ses canonnades. Il tira neuf volées avant que l'artillerie de Mayenne eût répondu, les canonniers qui la servaient étant peu exercés et mal placés, firent peu d'effet.
Ce n'est pas le cas pour Maréchal de Rosne à qui les canons de la Guiche font subir des pertes importantes. En effet il se trouve à la droite de l'armée de la Ligue avec un corps de cavalerie légère, en face du maréchal d'Aumont et de ses 300 chevaux. Le Maréchal de Rosne s'avance alors pour se dégager des boulets et commence à charger vers l'artillerie royale. Le maréchal d'Aumont s'aperçoit de ce mouvement et s'élance à son tour en le prenant sur le flanc et le met en désordre. Mais, les deux corps de reîtres placés en arrière de la cavalerie que commande le Maréchal de Rosne l'ont suivi et sont à leur tour chargés par les escadrons de Givry et du comte d'Auvergne.
Débordés, ils refluent vers leurs lignes en criant : « Nous somme de même religion » et s'empêtrent dans les troupes placées au centre de l’armée de La Ligue, créant un désordre qui aura son influence d'autant plus que l’infanterie du Duc de Mayenne les arrête en leur opposant le fer de ses piques. C’est alors que, pour enrayer le désordre occasionné par la fuite des reitres, les lanciers wallons du comte d’Egmont s’élancent à leur tour sur les troupes royales. La manœuvre semble réussir et la cavalerie du comte d’Auvergne et de Givry est enfoncée et est en passe d’être totalement défaite, l'issue du combat semble vasciller. Mais le baron de Biron (le fils du Maréchal) et le duc de Montpensier viennent les soutenir. Les wallons sont contraints de se replier auprès du duc de Mayenne.
A cet instant le corps d’élite du duc de Mayenne s’ébranle, sans doute trop tard et Henri IV s’élance contre lui avec ses meilleures troupes. Malgré une décharge des arquebusiers espagnols à cheval rien ne l’arrête. La mêlée est terrible. Le Maréchal Théodoric de Schomberg péri au côté du roi. C’est alors que le roi s’empare de trois étendards wallons et que légèrement écarté des siens en compagnie d’une quinzaine de cavaliers, il se réfugie sous un arbre (emplacement aujourd’hui marqué par une pyramide à Epieds) d’où il peut voir le reste de ses troupes progresser. certaines l’ayant rejoint crièrent « vive le roi » ce à quoi il répondit : « Mes amis, la poltronnerie de ces gens-là, que vous voyez fuir, servira à nous donner plus de gloire, car, sans doute, Dieu nous a réservé l’honneur de cette victoire, comme vous verrez bientôt ».
Aussitôt, le marquis de Nesle (Guy III de Laval-Montmorency), suivi du Maréchal de Biron, repart à son tour à la charge des Chevaux-légers du comte d’Auvergne mais ce dernier réagit avec vigueur. Il se jette dans la bataille et blesse le marquis de Nesle qui décèdera peu après. En face, bien qu’oppressés et éclaircis, les reitres du duc de Mayenne reprennent la charge, mais ils se trouvèrent rapidement devant les piques baissées de leur propre troupe qui les empêchent de se déployer. Le duc de Mayenne charge alors l’escadron royal formé de 600 cavaliers.
Les affrontements font rages, C’est à cet instant, que le maréchal de Biron s’avance seul au galop et dit au roi : « Sire, les voilà qui viennent à vous, et il est temps d’aller à eux ». Ce à quoi le roi répondit : « Oui, mon père, nous y allons, et à leurs dépens, comme vous verrez. ». Ayant fait progresser son cheval de deux trois fois sa longueur il ajouta : « Il faut jouer du pistolet ». C’est à ce moment, qu’ayant pris un gros cavalier pour le Duc de Mayenne, il lui tire une balle dans la tête, puis, après qu’un cavalier l’eut chargé plusieurs fois il le tua. Dans le même temps, Henri Pot de Rhode, porteur de la cornette (l’enseigne royal) est gravement blessé à la tête. Son cheval s’emballe et finit par tomber, laissant l’armée en désarroi et sans marque de ralliement.
Le désordre était à son comble parmi les ligueurs. Au lieu de protéger la retraite de l’infanterie, leurs escadrons fuyaient à toute bride. Les lansquenets ne tardèrent pas à être atteints et 1300 d’entre eux restèrent sur place. Au lieu de protéger la retraite de l’infanterie, leurs escadrons fuyaient à toute bride. Les lansquenets ne tardèrent pas à être atteints et 1300 d’entre eux restèrent sur place. Alors que l’infanterie helvétique de La Ligue, qui n’avait jusque-là pas bougé, s’élance à son tour et que les reitres se rallient, le roi fit avancer son artillerie et le maréchal de Biron qui avait encore tout son escadron. Les Suisses de La Ligue commencèrent à subir alors le même sort que les lansquenets avant d’être sommés de poser les armes et de se rendre. Ce qu’ils firent auprès du maréchal de Biron. En échange de quoi le roi leurs laissa leur enseigne et la vie sauve.
Le Duc de Mayenne, resté sur le champ de bataille avec les ducs d’Aumale et de Nemours, entouré d’une cinquantaine de gentilshommes dévoués, tenta de retenir ses troupes afin d’essayer de changer la face du combat. Mais c’était sans compter l’acharnement de la cavalerie du prince de Conti, du duc de Montpensier, du comte de Saint Paul, du Maréchal d’Aumont et de Sieur Claude de La Trémoille qui le suivirent.
La retraite de la Ligue s’opéra alors dans deux directions : le duc de Nemours, Bassompierre, le comte de Tavannes, le Maréchal de Rosne et quelques autres, passèrent par l’Eure au gué de la Tourmiole et prirent la route de Chartres. Le Duc de Mayenne avec la plus grande partie de ce qui lui restait de troupes se dirigeant sur Ivry. La poursuite dura jusqu’à ce que les régiments de Phiffer et Beraldingen eussent mis bas les armes, ce qui laissa le temps au Duc de Mayenne de passer le pont d’Ivry et de le détruire.
Beaucoup de fuyards, notamment des reitres, perdirent ainsi tous les moyens de retraite : une partie se noya en tentant de franchir la rivière, d’autres, réfugiés dans les bois, tombèrent sous les coups des paysans plus impitoyables que les soldats, tandis que d’autres se barricadaient dans Ivry. Les barricades dressées n’arrêtèrent pas l’infanterie du maréchal de Biron qui massacrât 400 reitres et beaucoup de cavaliers dans les rues du village. Pendant l’attaque d’Ivry, le roi Henri IV avait fait chercher un gué pour sa cavalerie. Ceux de Buchali et de Nantilly apparaissant trop dangereux, il remonta la rivière pour la franchir au gué de la Tourmiole afin de poursuivre le Duc de Mayenne qui se dirigeait vers Mantes.
Alors que le roi Henri IV gagnait dans la nuit le Château de Rosny, demeure de Sully où il soupa et se coucha, la cavalerie royale suivit les traces du Duc de Mayenne jusqu’au milieu de la nuit et fit bon nombre de prisonniers. Mais cela n’empêcha pas le duc de Mayenne d’arriver sous les murs de Mantes où, faisant croire que le roi Henri IV était mort, il réussit à se faire ouvrir les portes.
Au terme de cette journée et d’un combat qui, en fait, n’eut duré que trois heures, le bilan est lourd : coté ligueurs Philippe d’Egmont est mort, Charles de Mayenne, Charles Emmanuel de Savoie et Charles 1 er d’Aumale ont pris la fuite ; l’armée de la Ligue perd toute son infanterie ; les lansquenets allemands sont massacrés ; Maximilien de Béthune est blessé et emprisonné ; Urbain de Laval perd toute son infanterie ; Charles 1 er d’Aumale fait prisonnier, refuse de se soumettre et continue la lutte. Seuls les Suisses, troupe d’élites, ne se débandent pas. Aussi Armand de Gontaut-Biron leur laisse la vie sauve.
Les royalistes ramènent de nombreux trophées dont les canons, tous les drapeaux ennemis, ainsi que la cornette de Charles II de Mayenne et l’étendard du comte d’Egmont. La victoire est totale, le Duc de Mayenne avait eu tant de pertes en morts et prisonniers que le roi écrivit lui-même : « qu’il ne croyait pas que de cette armée, forte avant la bataille d’environ dix-sept mille hommes, le quart se fût sauvé. ». De cette issue glorieuse le roi en rapporta tout l’honneur à dieu seul en disant « il a plu à dieu ». Au lendemain de la bataille il écrivait au duc de Longueville : « Nous avons à louer Dieu : il nous a donné une belle victoire... Dieu a déterminé selon son équité ... Je puis dire que j’ai été très bien servi, mais surtout évidemment assisté de Dieu, qui a montré à mes ennemis qu’il lui est égal de vaincre en petit ou grand nombre. ».
Cette bataille d'Ivry-la-Bataille sonne le glas de l'armée de la Ligue, déjà fort éprouvée par la bataille d'Arques de septembre 1589.
Le début de l'ascension
Par cette victoire, Henri de Navarre marque indéniablement le début d’une conquête qui va le conduire à sa reconnaissance comme roi des Français. Après Ivry il s’empare de Mantes, Vernon et mis un siège devant Pontoise où il doit affronter, dès le 22 mars, la garnison de Paris conduite par Charles-Emmanuel de Savoie-Nemours et Claude d’Aumale de retour d’Ivry.
C’est le début de la bataille de Paris qui durera plus de trois ans Une fois entré dans Paris, le roi Henri IV empêche le pillage et la profanation des églises. Comme c’était le jour de la Toussaint les offices eurent lieu au milieu du plus grand calme, et les catholiques de son armée purent y assister pieusement avec les Parisiens. Cependant, le roi fut obligé de s’éloigner, et ce ne fut que l’année suivante qu’il put revenir sous les murs de la capitale, où avant de devenir le Roi de France, il dût faire face à la tenue d’États généraux, qui devaient choisir un nouveau roi pour la France et dont la plus grande partie des membres ne reconnaissaient toujours pas comme prétendant officiel Henri de Navarre mais y préférait Isabelle d’Autriche, petite fille d’Henri II soutenue par Philippe II d’Espagne.
En diffusant la nouvelle de son succès dans tout le royaume, le roi Henri IV fait de la bataille d’Ivry un triomphe. Toutefois, cette victoire est militaire, non politique ou religieuse. Ce n’est qu’en acceptant d’abjurer le protestantisme qu’Henri IV est couronné à Chartres et que Paris lui ouvre ses portes en 1594. L'absolution pontificale en 1595 et l’édit de Nantes de 1598 achèvent la soumission des provinces ligueuses.
A Epieds sur le lieu de bataille, là où figurait l’arbre qui servit d’abri au roi, s’érige aujourd’hui un obélisque qui commémore l’évènement. Il succède au monument initial : une pyramide, d’un pied de large sur 4 de haut, entourée de bornes édifiée en 1758 par Louis Charles de Bourbon, comte d'Eu. Sur le monument figurait l’inscription : « C'est ici le lieu où se tint Henri IV le jour de la Bataille, le 14 mars 1590 ». La pyramide fut remplacée en 1777 par un premier obélisque surmonté d'une fleur de lys érigé par le duc de Penthièvre, seigneur d'Anet.
Détruit en 1798, sous le Directoire ce premier monument est remplacé en 1804 par Napoléon Bonaparte qui le substitua par l’obélisque actuel, à la suite de sa visite dans la région alors qu'il était encore Premier Consul. Les inscriptions originales que Bonaparte avait fait porter sur l'obélisque ont disparu en 1814, année de son abdication mais le monument classé monument historique en 1862 reste. L'obélisque restauré en 2000, après qu’il fut renversé par la tempête du 26 décembre 1999, se dresse toujours aujourd'hui sur sa colline, au bout d'une allée de tilleuls orientée ouest-est.
Note : Ce récit est tiré du livre Champs de bataille de France, descriptions et récits publié en 1899 par monsieur Charles Malo(1851-1912) - Galilca
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