Le Marais Vernier est situé à l’ouest de la forêt de Brotonne et à la porte de l’estuaire de la Seine, avec à gauche Honfleur, à droite Le Havre et Pont-Audemer au sud. La route est très agréable et serpente à travers les prairies, souvent humides, on se faufile entre les haies vives, les vergers et on peut y observer de nombreuses chaumières aux pans de bois caractéristiques de la Normandie. C’est très bucolique !
Localisé au coeur du Parc Naturel Régional des Boucles de la Seine Normande, sur la rive gauche de l'estuaire entre Sainte-Opportune-la-Mare et le pont de Tancarville, le Marais Vernier offre une richesse naturelle unique en France. Près du pont apparait le Marais Vernier, une ancienne boucle de Seine entourée de falaises bien boisées et étalées en arc de cercle. Situé au nord-ouest du plateau crayeux du Roumois, le marais Vernier abrite une imposante tourbière, en fond d’estuaire. Il constitue un îlot de nature encore riche, modelé par les sociétés humaines, tout au long de l’histoire.
En tant qu’ancien méandre très bien conservé offrant une mosaïque de tourbières alcalines et acides, le marais Vernier est un cas véritablement unique. Son territoire est réparti entre sept communes : Marais-Vernier, Bouquelon, Saint-Ouen-des-Champs, Saint-Thurien, Sainte-Opportune-la-Mare, Saint-Aubin-sur-Quillebeuf et Quillebeuf-sur-Seine. La commune du Marais-Vernier est la seule à être totalement située dans la cuvette formée par l'ancien méandre correspondant à l'ancien marais. De plus, contrairement à elle, les autres communes sont soit tournées vers la Seine comme Saint-Aubin-sur-Quillebeuf et Quillebeuf-sur-Seine, soit tournées vers le plateau du Roumois : Bouquelon, Saint-Ouen-des-Champs, Saint-Thurien et Sainte-Opportune-la-Mare. Ces quatre dernières communes ont d'ailleurs toutes leur centre qui est situé sur le plateau du Roumois et non dans le marais.
Les marais du Marais Vernier couvrent environ 11 000 hectares de terres qui étaient autrefois un méandre de la Seine, et forment un amphithéâtre naturel de biodiversité. L’histoire de ce site est liée à celle des hommes qui voulurent le maîtriser. Du Moyen-Age au plan Marshall des années 1950, le marais Vernier a connu des tentatives répétées d’assèchement pour livrer les terrains à l’agriculture. Parmi celles-ci, l’édit royal d’Henri IV en 1599 qui en ordonna le dessèchement. La construction de la digue, en partie disparue, fut confiée aux Hollandais. Jusqu'en 1850, le marais occupait 2 500 hectares lorsque la Seine couvrait encore la moitié du territoire. La partie nord du marais moderne, alluvionnaire, a été exploitée dès le XIXe siècle, pour l’agriculture intensive.
Sous l’influence de phénomènes climatiques et géologiques échelonnés sur près de 57 000 ans, le site du Marais Vernier a subi plusieurs évolutions, conditionnant successivement l’apparition, la rupture ou la consolidation des cordons littoraux et la formation d’une vaste tourbière. Le Site est un grand complexe estuarien composé de marais alluvionnaires, vasières, eaux estuariennes, rivières, tourbières ainsi qu’un réseau de fossés et de pièces d’eau. Il se divise aujourd’hui en plusieurs zones, qui bénéficient de différents modes de protection.
Le marais Vernier peut se diviser en 3 secteurs : le marais alluvionnaire au nord, moins humide, où la culture et l’élevage sont plus présents. Le marais tourbeux , très humide, composé de prairies, de pâtures et de bois consacrés à l’élevage, très prisé pour la chasse et les Courtils. Le Marais Vernier abrite la plus grande tourbière de France avec le seul étang naturel de Haute-Normandie : la Grand'Mare.
Le Marais Vernier tient de sa zone tourbeuse la majeure partie de son intérêt, elle correspond à un ancien chenal de la Seine. La tourbière s’est formée naturellement. Très peu exploitée par le passé, la tourbière est aujourd’hui parfaitement préservée ce qui lui permet d’être d’une grande rareté sur le territoire français. La tourbe est constituée d’une accumulation de matière végétale non décomposée. Elle forme un sol pauvre, spongieux et peu portant. Il est important de préserver ce petit bout de paradis pour l’environnement. Les tourbières sont des outils à capter le carbone et elles captent beaucoup de carbone puisqu’elles accumulent de la matière organique et la matière organique, c’est du carbone. C’est très très important si on veut lutter contre les changements climatiques d’avoir des tourbières en bon état de fonctionnement.
Classé d’intérêt écologique international, le Marais Vernier intègre une réserve de faune sauvage avec de nombreux oiseaux sédentaires et migrateurs. La proximité de l’Estuaire de la Seine lui permet de bénéficier d’un microclimat favorable à l’accueil des oiseaux migrateurs, comme par exemple la Cigogne. En effet, la Seine est connue pour être située sur un couloir de migration. Mais également une flore hors norme, les plantes qui s’y développent sont spécifiques à ce milieu. Extrêmement rares, quelques-unes sont emblématiques comme les orchidées ou certaines plantes carnivores comme la Drosera. Un miroir en miniature du Paradis terrestre.
La flore du Marais Vernier
La flore du Marais Vernier est constitué d'aulnes, de saules têtards, de rubanier, callitriche, osmonde royale, drosera carnivore, d'iris jaune, de menthe aquatique, de reine des prés (spirée), de sphaigne... ses arbres têtards, ses haies de houx et ses espèces protégées. Sans oublier les vergers en bordure de la réserve qui offrent aux gourmands pommes, poires, prunes et cerises !
Implanté le long des rivières et des fossés, le saule têtard maintient les berges, grâce à ses racines et il constitue un réservoir de biodiversité. Tous les cinq ans environ, on coupe ses branches à ras. Ainsi étêté, il ne risque pas de se renverser en cas de tempête et de soulever les berges dans sa chute. Les arbres têtards sont caractéristiques du paysage du Marais vernier. Beaucoup de ces arbres ont disparu au fil des années par manque d’entretien. Le Conservatoire s’est donc engagé à réaliser des opérations de plantations, de formation et d’entretien de ces arbres afin d’assurer leur pérennité.
La faune du Marais Vernier
Paradis des oiseaux. Le Marais Vernier est habité par de nombreux oiseaux dont le balbuzard pêcheur, la sarcelle d'hiver, le busard des roseaux, la pie-grièche, le héron cendré, la barge à queue noire, la spatule blanche, l'avocette, la cigogne blanche, la chouette chevêche, effraie et hulotte, le hibou moyen duc, la buse, le corbeau freux, la grive draine, le faucon crécerelle ou encore le râle des genêts… L'ensemble du site est classé en Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux.
La zone humide est également un important lieu d’hivernage (période de ravitaillement en attendant le retour vers les sites de nidification) pour certains oiseaux migrateurs. Il accueille notamment d’importants effectifs de pluviers dorés, vanneaux huppés (Vanellus vanellus), les cigognes et les grandes aigrettes, voire de nombreux canards en migration. Le Marais Vernier présente un intérêt pour notamment les poissons dont certaines espèces migratoires. C’est également une zone de fraie pour quelques espèces dans les 43 recensées, dont certaines sont menacées au plan mondial comme l’anguille Européenne, le brochet et la lamproie de Planer.
Par ailleurs, le marais tourbeux fait l’objet d’une chasse au gibier d’eau dans un cadre très réglementé. Près de 115 mares de chasse au gabion, réparties sur 800 hectares, sont exploitées par des associations de chasseurs et des propriétaires cynégétiques. Les bois des coteaux représentent également des réservoirs à sangliers.
Pour conserver l’exceptionnelle diversité de la flore et de la faune du Marais Vernier, il faut lutter contre la friche. Ainsi, les rustiques vaches écossaises Highland, capables de passer tout l’hiver dehors, s’y emploient. Avec l’aide des chevaux de Camargue, partout à l’aise les pieds dans l’eau, des Vaches bretonnes Pie Noire et des moutons Shetland. En pied de coteau, de nouveaux vergers s’implantent.
Les activités humaines se concentrent autour de l’agriculture, de la chasse et de la pêche. Le site du Marais Vernier constitue un intérêt socio-culturel important associé à un passé de gestion des milieux par des pratiques traditionnelles permettant ainsi de maintenir des espaces ouverts avec une mosaïque d’habitats favorable à l’expression d’une biodiversité importante.
Sur le plan architectural, un nombre important de chaumières ont été préservées et suivre leur route touristique est un enchantement… Les chaumières présentes sur le site reflètent également un usage traditionnel des ressources offertes par le marais. Certaines possèdent la même physionomie depuis plusieurs siècles et aucunes ne se ressemblent vraiment. Leur architecture typique provient des ressources et de technique de construction locales. Les colombages en chêne sont issus des bois voisins. Les roseaux de la Grand’Mare constituent les toitures traditionnelles. Les soubassements sont construits avec des pierres et silex du sous-sol. Enfin le torchis est fabriqué à partir de limons prélevés sur place. Sept villages sont installés en bordure du site, dont la zone humide, au centre d’une vaste dépression marécageuse, occupe à elle seule 2624 hectares.