L'histoire et le patrimoine des Terre-Neuvas à Fécamp à été soigneusement mis en valeur au musée des Terre-Neuvas et de la Pêche. Après 24 ans d’existence, et avoir reçu plus d’un million de visiteurs, le musée des Terre-Neuvas a fermé ses portes le 31 décembre 2012 pour préparer son transfert vers le musée des Pêcheries, situé quai Capitaine-Jean-Recher, au cœur du port, où plus de collections sont présentées. Le musée dans l'ancienne sécherie des pêcheries de Fécamp a comme objectif une nouvelle présentation des collections maritimes, enrichies de nombreuses dotations de particuliers, associées aux riches collections municipales d'art, d'histoire et de l'enfance. Il a le label Musée de France. D’emblée, Les Pêcheries s’inscrivent parmi les plus beaux et les plus captivants musées de cette région.
Les Pêcheries, musée de Fécamp est situé dans un bâtiment industriel réhabilité. Construite en 1948 par l’armement « Les Pêcheries de Fécamp », la sécherie « La Morue normande » est en activité jusque dans les années 80. Après la guerre, Fécamp a retrouvé son titre de capitale des Terre-Neuvas, jusqu’à la crise de la pêche des années 70-80. Les activités industrielles cessent en 1996. L’imposant bâtiment présente une structure en béton armé avec des poteaux poutres. Il a été conçu par l'architecte parisien André Hamayon et construit par l'entrepreneur Florentin Pollet.
Le musée se visite de bas en haut, sur cinq étages, et présente des collections provenant du rassemblement de deux autres musées. Au 4e étage: une collection d'objets retraçant l'histoire de la ville. Au 3e étage: une présentation de l'histoire des terre-novas, ces pêcheurs qui du XVe au XXe siècle partaient au large de Terre-Neuve pour y pêcher la morue. Au 2e étage: des peintures et sculptures liées à la région. C'est un espace de conservation de la mémoire collective qui mène des recherches historiques, notamment sur la grande pêche morutière, et qui propose d'importantes expositions temporaires. Les collections se développent ainsi sur plusieurs niveaux.
Dans l’organisation du nouveau musée des Terre-Neuvas et de la Pêche, le belvédère au sommet du bâtiment s’est imposé comme point de départ du parcours. La visite commence donc par le belvédère avec accès par ascenseur panoramique, puis en descendant étage par étage un ample escalier central. Entièrement vitré, il offre une vue exceptionnelle à 360° sur le port, la ville de Fécamp et les falaises de la Côte d’Albâtre. Trois plans-reliefs y sont disposés permettant de comprendre l'évolution urbanistique de la cité depuis le Moyen Âge jusqu'à nos jours. Réussite aussi, car cet ajout ne dénature pas le bâtiment d’origine.
Située en contrebas du belvédère, la galerie historique au 4e étage présente l'histoire de la cité avec des éléments archéologiques de l'époque paléolithique jusqu'à l'histoire du mur de l'Atlantique. Le musée évoque également l'abbaye de Fécamp, les Corsaires, l'histoire des loges maçonniques et la naissance des bains de mer. Il couvre des sujets assez divers. On commence la visite par l’histoire de la ville depuis l’Antiquité et même le Néolithique.
Vient ensuite au 3e étage consacré à l’histoire des pêches à la morue, au hareng et la pêche fraîche pratiquées par les Fécampois, en particulier la pêche à la morue dans les eaux glaciales de Terre-Neuve. Trois parcours correspondent aux trois types de pêche ayant marqué l'histoire de la cité : la pêche au hareng, mentionnée dès le XIe siècle dans les comptes de l'abbaye de la Sainte-Trinité, la pêche à la morue pratiquée du XVIe siècle au XXe siècle et enfin la pêche fraîche. L'histoire des Terre-Neuvas fécampois occupe une large division de la séquence Marine et Pêches. De nombreuses maquettes, des pièces authentiques et des explications détaillées permettent de se représenter la vie difficile de ces pêcheurs.
L’approche technique est très présente, avec par exemple une très belle collection de maquettes de chantier navals et outils de pêche. Une riche collection de maquettes de voiliers et de chalutiers est présentée, dont des maquettes de prestiges. Ces dernières se présentent sous la forme d’une demi-coque placée contre un miroir donnant l’illusion d’un navire complet. Ces maquettes, d’une grande précision, étaient commandées par l’armateur qui les validait pour la construction finale. Le parcours de cette zone se construit sur le plan technique avec une mention particulière pour le doris le plus ancien conservé dans les collections maritimes françaises, surnommé Popaul datant de 1946. La séquence s'enrichit de vitrines présentant les chantiers navals de Fécamp avec les maquettes de chantier des goélettes l'Étoile et la Belle Poule, aujourd'hui navire-école de la Marine nationale et les gabarits de doris y trouvent une place de choix.
L'hommage aux sociétés de sauvetage en mer fait l'objet d'un espace supplémentaire. Des maquettes et des tableaux y sont présentés, dont des portraits de sauveteurs comme celui d'Onésime Frébourg (1853-1923), l'un des plus célèbres charpentiers de navires et sauveteur fécampois au XIXe siècle, récompensé par la croix de chevalier de la Légion d'honneur en 1901. Cette dernière est également conservée au Musée. Sur le plan ethnographique, les collections présentent sur des supports multimédias une riche collecte de témoignages sonores et d'archives cinématographiques. Des bornes auditives et des films permettent aux visiteurs de découvrir la vie des marins terre-neuvas au XIXe siècle, mais aussi l'activité sociale et économique de la ville autour de la pêche. Le volet humain de l’aventure des Terre-Neuvas est également présenté avec des espaces consacrés aux familles des pêcheurs.
Poursuivant la descente au 2e étage, vous pourrez admirer les riches collections de Beaux-Arts et les collections régionales d'armoiries, costumes et bijoux normands, un cabinet de curiosités, les collections du Musée de l'Enfance du docteur Léon Dufour, comprenant notamment une fascinante collection de biberons depuis l'Antiquité jusqu'à la période contemporaine.
La collection ethnographique, traitant du Pays de Caux, est illustrée par la présentation de meubles, céramiques, costumes et bijoux régionaux, au travers d'une muséographie originale conçue par le muséographe Achim von Meier. Le mobilier exposé dans cette séquence comprend des coffres normands du XVIe siècle ainsi que des armoires de mariage en chêne aux fins décors sculptés d'époque Louis XVI. Contenant le trousseau de l'épouse, l’armoire de mariage revêt une importance particulière en pays de Caux. Des costumes traditionnels cauchois sont présentés dans cette section comme une blaude de travail, le vêtement emblématique des paysans cauchois, et une cape de gros drap. Ces capes, appelées aussi pelisses ou capots, étaient fermées par une agrafe composée de deux plaques en argent moulé. Une collection d'agrafes est exposée aux côtés de ces costumes traditionnels.
L’artisanat régional est mis en lumière à travers la présentation de faïences de Rouen du XVIIIe et de faïences fines du Havre de la fabrique des frères Anselme et Fortuné Delavigne. De nombreuses céramiques anglaises, appelées « lusterware », agrémentent cette riche collection. Elles ont la particularité d’avoir un reflet métallique. Ramenées de leurs voyages par les Fécampois, ces céramiques étaient très appréciées en Normandie et en Bretagne où elles étaient surnommées alors « faïence de Jersey » car elles transitaient le plus souvent par l’île de Jersey bien que leur production se faisait à Sunderland ou dans le Staffordshire.
Le cabinet de curiosités réunit des objets rares et insolites ramenés du monde entier par des navigateurs au long-cours et des collectionneurs fécampois. Le cabinet réunit entre autres des objets de l’Antiquité égyptienne et précolombienne, des nacres sculptées, du travail de marins, des ivoires, de la céramique chinoise ou encore de la verrerie de Venise.
Les collections du Musée de l'Enfance du docteur Léon Dufour ont trouvé une place importante aux Pêcheries, Musée de Fécamp. Nommée Musée de l’enfance, cette section est entièrement consacrée à l’œuvre de la Goutte de lait et aux objets liées à l’enfance. Le docteur Léon Dufour, pédiatre est le créateur à partir de 1894 de « La Goutte de lait », organisation qui fut très active pour promouvoir la stérilisation du lait destiné aux nourrissons. L’organisation a pour but de distribuer aux enfants le nécessitant des biberons de lait stérilisé. Durant toute sa vie, il collectionne des objets du monde entier en relation avec l’enfance. À partir des objets qu’il réunit, il ouvre le musée de l’Enfance en 1918 dans un but très clairement pédagogique et hygiéniste. Le musée se trouve au siège de l’œuvre de La Goutte de lait à Fécamp. En 1933, le musée est transféré au Pavillon de l’enfance et sera fermé définitivement en 1958. Il faudra attendre 1997 avec l’exposition « Les biberons du docteur Dufour » pour redécouvrir l’importance des collections liées à l’enfance. Les collections du docteur Léon Dufour se composent également d’objets liés à l’enfance comme des berceaux, des bonnets et des porte-bébés. Des objets plus étonnants composent cette collection comme des grigris utilisés en tant que remèdes populaires et confisqués par le docteur Dufour à ses patients fécampois.
Le musée possède une importante collection d’arts graphiques avec des dessins remontant au XVIe siècle et des œuvres d’Eugène Delacroix. Afin de les préserver, ces œuvres fragiles sont présentées par roulement dans le tunnel des dessins. Le musée des Pêcheries présente des dessins par thèmes. En 2019, c'est la prestigieuse série de 28 portraits dessinés de la Renaissance qui a été exposée par roulement. Ces portraits avaient été légués au musée de Fécamp en 1950 par André-Paul Leroux. Le musée présente également des œuvres allant du xvie siècle à nos jours avec Eugène Le Poittevin, Émile Schuffenecker, Jules Noël, Jules et Georges Diéterle, Pierre-Charles Le Mettay, Henri de Saint-Delis, Uranie Colin-Libour, Saint-Igny, Jean-Paul Laurens, Léon Cogniet, Édouard Toudouze, Alexeï Bogolioubov, Henry E. Burel, Martine Dubilé… Les collections sont enrichies de sculptures comme celles de François-Alexandre Devaux, Alfred Boucher, ce dernier était le professeur de Camille Claudel, et Yvonne Diéterle, dont l'œuvre intitulée Le Sommeil (1903).
Le 1er étage est dédié aux expositions temporaires et au centre de documentation. L'Entresol est occupé par les anciens vestiaires des filetières et le bureau de l’armateur, tous deux se visitent avec un guide sur réservation. le Rez-de-chaussée est composé de l’accueil, de la librairie et d’un auditorium. Très accessible et peu connu , ce musée des Terre-Neuvas et de la Pêche est pourtant très enrichissant et il mérite votre visite.