Histoire de Château-Chinon (58)
Perchée sur une colline culminant à 655 m, Château-Chinon domine le parc naturel régional du Morvan. Commune située dans le département de la Nièvre, elle fut dès l’Antiquité un point de passage et de commandement pour le peuple gaulois des Éduens, puis un établissement gallo-romain avant de devenir, au Moyen Âge, une châtellenie très convoitée. Château-Chinon est bien plus qu’un simple point de passage : c’est une terre de résistance et de renouvellement, où le passé gaulois côtoie les traces de l’Ancien Régime et où le XXᵉ siècle, porté par la figure de François Mitterrand, a transformé le visage de la « capitale du Morvan ».
Juchée au cœur du massif du Morvan, Château-Chinon est une ville typiquement morvandelle avec ses toits d'ardoise. Très ancienne, elle fut d'abord un oppidum romain puis elle s'est bâtie autour d'un château féodal, siège d'une seigneurie qui appartint aux plus grandes familles du royaume. Mais sa position de ville frontière entre Bourgogne et Nivernais, entre Bourgogne et Royaume de France en quelque sorte, lui valut de nombreux sièges et destructions. De sa splendeur passée, il ne lui reste donc que bien peu, hormis la porte Notre Dame qui fut construite avec les pierres du Château détruit en 1475.
Aujourd’hui, le visiteur peut parcourir les ruelles médiévales, découvrir les témoignages de la Révolution, s’émerveiller devant la fontaine de Niki de Saint Phalle, ou encore méditer dans les salles du musée du Septennat. Un voyage à travers les siècles, où chaque pierre raconte une page de l’histoire de France. Dans ce récit, nous vous invitons à parcourir les différentes strates de son passé, qui ont toutes contribué à forger une identité régionale vibrante et singulière.
Histoire de Château-Chinon, « capitale » du Morvan
L’étymologie de Château-Chinon reste imprécise. Des diverses hypothèses avancées, certaines assez fantaisistes, Can-nein, la cime blanche en gaélique, semble bien la plus vraisemblable et admise par le plus grand nombre d’historiens. On ignore le nom primitif, sans doute gaulois, de Château-Chinon, c'est-à-dire celui de l’oppidum gaulois établi par le peuple des Éduens au sommet du Calvaire.
Attesté sous la forme latine Castro canino en 1193, puis Chasteaul Chignon en ancien français en 1372. L’analyse de canino en chiens pour la signification « château des chiens » est jugée hasardeuse car le mot peut aussi se lire Cainno. Il serait alors issu de la forme Catinonem construite à partir du nom d’homme latin Catinus, qui serait une variante de Catinius, avec le suffixe -onem, ou bien du nom de personne germanique Chaino.
Des Origines Ancestrales à l’Oppidum Gaulois
La région du haut Morvan dont Château-Chinon est la ville principale, a été occupée dès le Néolithique, comme l'attestent les vestiges archéologiques des sites fouillés aux environs.
Époque gauloise et gallo-romaine
La période gauloise constitue la première pierre de l’édifice historique qui allait façonner l’identité du territoire de Château‑Chinon. Bien qu’il n’existe pas une documentation écrite abondante sur cette époque dans la région, l’analyse du relief et des vestiges archéologiques laisse entrevoir que les Éduens, alliés de Rome, profitant de l'avantage stratégique des collines du Morvan, ils installèrent ici un oppidum.
Chez les Gaulois, les oppida étaient de véritables centres à la fois fortifiés et organisés qui servaient de bastions pour la défense, de carrefours commerciaux et de lieux d’échanges culturels entre les tribus. La topographie accidentée de Château‑Chinon, avec ses collines et ses vallées, permettait de construire un tel campement qui offrait une vision panoramique du paysage environnant. Ce choix géographique facilitait non seulement le contrôle du territoire mais aussi la vigilance face aux incertitudes des rivalités tribales. Ainsi, le site pouvait assurer une double fonction : protection physique et régulation des échanges économiques et sociaux, anticipant les constructions défensives.
Le choix du site reposant sur une défense naturelle se révéla décisif lors des transitions qui suivirent, permettant à la région de conserver une identité forte, même après la romanisation et, plus tard, au fil des siècles médiévaux. L’héritage gaulois, bien que moins visible dans l’architecture contemporaine, demeure inscrit dans la mémoire du paysage et dans la manière dont le site a été structuré dès l’Antiquité.
Témoignages Archéologiques
Les observations et fouilles réalisées au sommet du Calvaire, ainsi que la physionomie du site permettent de penser à la présence d'un éperon barré d'époque protohistorique et d'une enceinte. D'après les fouilles archéologiques, l’oppidum était constitué d'une enceinte ovale, d'une superficie d'environ 3,5 ha (~130 m x ~250 m). L'accès y était rendu possible par deux poternes : l'une située au nord-est près d'une source, donnant accès aujourd'hui au bois de la Promenade, la seconde située au sud, tournée vers la ville actuelle en contrebas.
L'oppidum était divisé en deux parties inégales, séparées par une langue de terre entourée de deux fossés, encore observables de nos jours. La partie située au sud a ensuite servi d'emplacement au château féodal. Des fouilles dirigées par le Dr Edmond Bogros au XIXe siècle ont mis au jour des bijoux, statues, lampes, poteries et divers objets en bronze. Des monnaies gauloises et romaines (de Germanicus, Vespasien, Domitien, Marc Aurèle, Dioclétien et Constance Chlore) ont également été découvertes.
Époque gallo-romaine
Oppidum gaulois pendant l’indépendance gauloise, forteresse romaine ou tout au moins ouvrage de défense rudimentaire, cette position stratégique devant Bibracte ne fut jamais délaissée. Si l’occupation gauloise fut progressivement supplantée par l’expansion romaine, les fondations jetées durant cette période continuèrent d’influencer l’aménagement du territoire. À l’époque romaine, ce lieu se transforma en ouvrage de défense, reflet d’une continuité historique qui traverse les âges.
L'organisation routière romaine favorise l’essor d’un petit bourg occupant une position très stratégique de la voie romaine reliant Augustodunum (Autun) à Intaranum (Entrains-sur-Nohain).
Moyen Âge naissant, au VIe siècle, le Nivernais, dont dépend Château-Chinon, se détache de la Bourgogne. Le site est alors intégré au diocèse d’Autun. Château-Chinon appartint longtemps à ce diocèse d’Autun.
L’Éclat Médiéval et l’Ère Féodale
Le tournant médiéval marque une période capitale pour Castro Canino (Château‐Chinon). Si l’on fait abstraction du Vicus Icaunae, village de l’Yonne, dont il est fait mention sur des monnaies mérovingiennes et qui pourrait bien correspondre à Château-Chinon, le document le plus ancien qui mentionne Château‐Chinon et son prieuré Saint-Christophe dépendant des bénédictins de Cluny, date de 1076. Après la période troublée des grandes invasions de la fin du monde celtique et des débuts du Moyen Âge, le morcellement du royaume franc en d'innombrables fiefs fit donc passer Castro Canino sous l'autorité de l'abbaye de Cluny.
Au fil des siècles, le groupe de modestes maisons devint progressivement bourgade et se protégea de murailles d'où émergeait le clocher en bois de la première église, lequel fut dominé par un petit château fort érigé au XIIIe siècle, symbole de pouvoir et de défense. Castro Canino (Château‐Chinon) se retrouve successivement sous la tutelle de nobles illustres. Des évêques d’Autun, Château-Chinon passa sous l’autorité de nobles seigneurs. Par mariages ou cessions, se succédèrent des familles de haute lignée : Maison Delorme, famille de Mello, de Brienne, de Bourbon puis de Bourgogne. S’ouvrirent alors des temps calamiteux.
Sièges, seigneuries et guerres de religion (XIᵉ–XVIᵉ siècles)
Maison Delorme de Beauregard (1095-1240) : le plus ancien seigneur connu de Château-Chinon est Seguin de Lormes qui participe à la première croisade en 1096 afin de délivrer les Lieux Saints à la suite du concile de Clermont et de l'appel de Pierre l'Ermite en 1095.
En 1146, Hugues Ier de Château-Chinon assiste à l'appel de Bernard de Clairvaux pour la deuxième croisade. et est de retour sur ses terres en 1153. En 1190, Hugues II de Blain (ou Hugo de Blino) participe, avec son frère, à la troisième croisade. À son retour en 1193, il donne les dîmes en sa possession sur la terre de Château-Chinon à l'abbaye Notre-Dame de Bellevaux, pour le repos de l'âme de son frère décédé durant la croisade. Hugues III de Lormes (ou Hugo ab ulmis), petit-fils de Hugues II de Château-Chinon, hérite à la mort de son aïeul, de la totalité de châtellenie de Château-Chinon dont il était seigneur qu'en partie. Il confirme en 1208 les donations pieuses de ses ancêtres et en fait de nouvelles. Décédé en 1236, il laisse une fille prénommée Elvis qui épouse Dreux Ier de Mello a qui elle apporte les châtellenies de Château-Chinon et d'Espoisse en dot.
Maison de Mello (1240-1323) : La seigneurie de Château-Chinon entre dans la Maison de Mello en 1240 à la suite du mariage de Dreux V de Mello avec la fille de Hugues III de la famille Delorme de Beauregard, qui lui apporte en dot les seigneuries de Château-Chinon, mais aussi de Lormes et d'Époisses. C'est à partir de cette époque que la seigneurie de Château-Chinon semble échapper à la suzeraineté des évêques d'Autun. Le dernier seigneur de Château-Chinon issu de la famille de Mello meurt en 1323 lors de la bataille de Saint-Verain. Il laisse derrière lui un seul enfant : sa fille, Jeanne de Mello. Cette dernière s'étant mariée quatre ans auparavant avec Raoul Ier de Brienne, comte d'Eu et de Guines, la terre de Château-Chinon passe entre les mains de la famille de Brienne.
Maison de Brienne (1323-1389) : Raoul Ier de Brienne devient donc seigneur de Château-Chinon en 1323 à la suite du décès de son beau-père. Il est nommé connétable de France par le roi Philippe VI de France en 1328. Il mourra en 1344 ou 1345.
Raoul II de Brienne, son fils, hérite de ses titres mais est fait prisonnier lors de la prise de Caen en 1346. Libéré à l'automne 1350, il sera décapité pour trahison dès le mois de novembre de la même année. Dès 1346, c'est alors sa mère, Jeanne de Mello, qui administre ses terres. À sa mort, ses terres furent confisquées, puis la seigneurie de Château-Chinon est donnée à Gautier VI de Brienne, mari de sa fille, Jeanne de Brienne (sœur de Raoul II).
Gautier VI de Brienne meurt le 19 septembre 1356 à la bataille de Poitiers et c'est sa veuve, la duchesse d'Athènes, qui administre la terre de Château-Chinon jusqu'à sa mort en 1389. La seigneurie est alors confisquée par le roi Charles VI et relève désormais directement de la Couronne.
Château-Chinon traversa ainsi le Moyen Âge, d'abord châtellenie, puis seigneurie, et enfin comté. La date d'érection de la châtellenie en comté est inconnue. D'après l'abbé Baudiau et le comte Georges de Soultrait, le roi Charles VI érige en 1389 la châtellenie de Château-Chinon en comté avec la châtellenie d'Ouroux, les seigneuries de Brassy et des Places, ainsi qu'une partie de la baronnie de Lormes. Joseph Pasquet reprend cette même date dans son ouvrage Le Haut-Morvan et sa capitale Château-Chinon.
Maison de Bourbon (1394-1454) : Durant cinq ans, Charles VI conserve la seigneurie, puis, en 1394, l'échange contre d'autres avec Louis II de Bourbon. À sa mort le 10 août 1410, son fils, Jean Ier de Bourbon, hérite de ses terres.
Durant la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, Jean Ier de Bourbon prend le parti de Louis Ier d'Orléans, contre les Bourguignons. Une troupe d'Armagnacs, dirigée par le capitaine Baquin-Beul, occupe à cette époque la seigneurie de Château-Chinon et gêne les proches fourrageurs de l'armée royale qui se voient obligés de se ravitailler dans le Nivernais. Jean Ier de Bourgogne, dit Jean sans Peur, décide alors d'éliminer ce contingent et met donc le siège devant le château de Château-Chinon à la fin du mois de juin 1412.
Retenu au siège de Bourges, Jean Ier de Bourbon ne peut venir en aide aux assiégés. Les Armagnacs capitulent fin juillet ou début août, après un mois de siège. Ce fut une « capitulation honorable » puisqu'ils « sortirent de la ville avec les honneurs de la guerre, mais encore emportèrent une somme de 500 livres, comme prix de leur capitulation ». En effet, la petite forteresse était difficilement prenable du fait de sa position et, plutôt qu'une capitulation, il s'agissait plutôt de l'achat d'une reddition. Malgré tout, les Bourguignons démantèlent les murs de la ville et ruinent le château.
Jean Ier de Bourbon est fait prisonnier par les Anglais à la suite de la bataille d'Azincourt d'octobre 1415 et meurt à Londres en 1434. Son fils, Charles Ier de Bourbon lui succède donc en tant que seigneur de Château-Chinon. Vingt ans plus tard, le 30 octobre 1454, sa fille, Isabelle épouse en secondes noces son cousin Charles le Téméraire, futur duc de Bourgogne, et lui apporte notamment en dot les terres de Château-Chinon.
Maison capétienne de Bourgogne (1454-1477) : Au XVe siècle, le château fut donc donné en dot par Isabeau de Bourbon à Charles le Téméraire, lors de son mariage. En 1462, Charles le Téméraire obtient de son cousin le roi Louis XI, la création d'un grenier à sel et d'une élection à Château-Chinon.
Le 20 juin 1475, Charles le Téméraire, fort occupé par le siège de Neuss en Prusse, fut attaqué par les troupes de Louis XI, commandé par le Dauphin d’Auvergne. Le site de cette bataille reste incertain. On sait que le combat s’engageât en un lieu appelé Guy, proche de Château-Chinon. Il s’agit peut-être du village Guy-lès-Château-Chinon, aujourd’hui disparu, situé à quelques encablures de la ville où se trouve actuellement la Chapelle de Montbois. Là se trouve peut-être le lieu de la bataille. C’est, en tout cas, une hypothèse très défendable et même plausible. À l'issue de la « bataille de Guy », les troupes bourguignonnes sont vaincues par celles de Louis XI.
Charles le Téméraire meurt le 5 janvier 1477 à la bataille de Nancy. Marie de Bourgogne, sa fille, hérite donc des nombreuses terres de son père qu'elle a du mal à assumer du fait de la situation économique, la crise démographique et les épidémies de peste qui sévissent. Louis XI en profite pour attaquer la Bourgogne et donne également l'ordre de s'emparer de Château-Chinon qui se rend. Tout en promettant qu'il souhaite ainsi protéger les biens et droits de la duchesse de Bourgogne, le roi « cède » la jouissance de la seigneurie à Jean II de Bourbon, l'oncle de Marie.
Quelques mois plus tard, le 18 août 1477, Marie de Bourgogne épouse l'archiduc Maximilien d'Autriche, futur empereur du Saint-Empire romain germanique, et lui apporte en dot la seigneurie de Château-Chinon ainsi que l'État bourguignon. L'archiduc ne put néanmoins profiter de la jouissance de Château-Chinon, cédée à la maison de Bourbon, avant le traité d'Arras de 1482.
Les guerres entre le roi Louis XI et le duc de Bourgogne valurent au château d'être incendié et les guerres de Religion achevèrent de le démanteler. La destruction du château date vraisemblablement de 1478 lorsque Charles Ier d'Amboise, gouverneur de Bourgogne, fut chargé par Louis XI de « démolir, abattre et raser toutes les places, châteaux et forteresses » du Morvan. Seule subsiste de cette époque la tour de guet du château sur le faîte du Calvaire.
L'ancien château féodal
Au sommet du Calvaire, sur le même site où l'oppidum, puis le camp romain prenait place, on remarque de nos jours quelques vestiges de l'ancien château fort : traces des anciens souterrains, d'une tour de guet et des fossés.
De taille très modeste, il ne disposait visiblement pas d'habitation seigneuriale. Il était constitué d'un corps de logis rectangulaire d'environ 30 mètres par 25 mètres flanqué d'une tour ronde à chaque angle. Ces tours avaient un diamètre de 7 mètres et leurs murs avaient une épaisseur de 3 mètres. L'une d'elles, à l'angle sud-ouest, était percée d'une poterne permettant d'accéder au souterrain débouchant à l'intérieur du château. Une cinquième tour de même taille se trouvait sur la face nord ; elle faisait office de donjon et une petite chapelle dédiée à saint Laurent y était adossée. La porte d'entrée de la forteresse était tournée vers la ville, sur la face sud. Elle était munie d'un pont-levis et surmontée de mâchicoulis. La basse-cour se trouvait à l'est de l'édifice. Au nord, à l'ouest et en partie au sud, l'ensemble était ceint par des fossés (pouvant atteindre 30 mètres de large et 5 mètres de profondeur) et des bastions reliés par des courtines. Le côté est était quant à lui naturellement protégé à l'époque par l'escarpement de la colline.
Maison d’Autriche (1482-1517) : Le 23 décembre 1482, le traité d'Arras permet enfin à Maximilien d'Autriche de bénéficier de la seigneurie de Château-Chinon. Mais ce même traité prévoit que cette terre, avec d'autres, sera comprise dans la dot de sa fille alors âgée d'à peine deux ans, Marguerite d'Autriche, à l'issue du mariage prévu avec le fils du roi Louis XI, le dauphin Charles. Le mariage est finalement annulé et Maximilien conserve Château-Chinon à la suite du traité de Senlis du 23 mai 1493.
Le fils de Maximilien, Philippe le Beau, alors roi de Castille, se fait « rendre foi et hommage par tous ses vassaux du Morvan en 1504 ». Après sa mort en 1506, on note que son fils aîné âgé de 4 ans, Charles Quint, futur roi d'Espagne, roi de Sicile et empereur du Saint-Empire romain germanique, porte le titre de comte de Château-Chinon.
Le 17 février 1508, le « conseil de famille » décide de redistribuer certaines terres en faveur de la tante de Charles Quint, Marguerite d'Autriche, notamment Château-Chinon et les comtés de Bourgogne et de Charollais. Elle en dispose réellement à compter du 4 mai de la même année. Mais Marguerite usurpe certaines possessions de Jeanne de Hochberg, duchesse de Longueville, arrière-petite-fille de Charles VII. Indigné, le roi François Ier profite de la signature du traité de Noyon avec Charles Quint, le 13 août 1516, pour ajouter une clause obligeant Marguerite à abandonner certaines de ses terres, dont celles de Château-Chinon et de Noyers, à Jeanne de Hochberg en compensation de celles usurpées. Cet échange devient effectif par procès-verbal le 20 mai 1517.
Famille d'Orléans-Longueville (1517-1565) : Jeanne de Hochberg, veuve de Louis Ier d'Orléans-Longueville devient donc Dame de Château-Chinon en 1517. Elle donne en dot les terres de Château-Chinon et de Noyers le 10 septembre 1536 à son dernier fils François, marquis de Rothelin. François d'Orléans-Longueville meurt à Noyers le 25 octobre 1548 et le fief de Château-Chinon revient à son fils le duc Léonor d'Orléans-Longueville. Seize ans plus tard, il l'abandonne, « pour ses droits maternels », à sa sœur Françoise d'Orléans-Longueville, aussi dame de Noyers, qui épouse le prince Louis Ier de Bourbon-Condé le 8 novembre 1565.
Maison de Condé (1565-1644) : Les bourgeois de la ville obtiennent du prince de Condé que les matériaux issus de la destruction du château et des remparts en 1475 puissent être réutilisés pour rebâtir une partie des remparts. La porte Notre-Dame, encore visible de nos jours sur la place du même nom, fut bâtie avec les pierres issues de l'ancienne porte du château fort. Louis Ier de Bourbon-Condé, étant décédé le 13 mars 1569 à la bataille de Jarnac, le roi Charles IX confisque ses terres. L'année suivante, il restitue le comté de Château-Chinon à sa veuve, Françoise d'Orléans Longueville, duchesse douairière de Condé.
Les malheurs de Château-Chinon n’étaient pas pour autant finis, la cité allait encore souffrir longtemps. Il fallut surmonter un siècle de malheur. En 1587-1588, une épidémie de peste éclate dans le Morvan. Château-Chinon est fortement touchée, au point où il ne serait resté dans les murs de la ville que deux habitants. Les autres habitants, qui n'auraient pas succombé à l'épidémie, auraient fui la ville.
Guerres de Religion
Durant la 8e guerre de religion, Château-Chinon, comme beaucoup d'autres villes de la province voisine du Nivernais, se déclare pour la Ligue catholique. Jean VI d'Aumont, comte de Châteauroux et maréchal de France, ainsi que Louis de Gonzague, duc de Nevers, sont chargés par le roi Henri IV de reprendre les villes rebelles de la région.
Vers mars-avril 1591, la guerre civile, alimentée par les guerres de religion, lui fit subir un siège qui dura un mois. Château-Chinon fut enlevé par les troupes protestantes du maréchal d’Aumont, dont l’artillerie avait pris position à la hauteur de la rue Charles Boulle actuelle d’où son pilonnage ouvrit de larges brèches. Les forces dont dispose le maréchal d'Aumont sont peu conséquentes : deux compagnies de cavalerie, un régiment d'infanterie et de quatre canons. La capitulation est convenue le 18 avril 1591 par le vicomte de Marre, commandant des ligueurs de Château-Chinon. La ville va être alors pillée et dépouillée de ses archives.
La période des Guerres de Religion, qui s’étend principalement sur le XVIᵉ siècle en France, fut une époque de profondes transformations qui affectèrent de nombreuses régions, y compris le Morvan et, par extension, Château-Chinon. Même si le site n’était pas au cœur des affrontements comme le furent certaines grandes métropoles, les remous religieux et politiques y ont laissé des traces indélébiles. Les tensions entre factions catholiques et protestantes aboutirent souvent à des actes de déconstruction volontaire ou accidentelle de bâtiments et fortifications.
À Château-Chinon, le château médiéval, jadis symbole de défense et de pouvoir, fut notamment affaibli puis démantelé par les violences qui s’abattirent sur la région. La mention selon laquelle « les guerres de Religion achevèrent de le démanteler » rappelle que ces conflits ne se limitarent pas à des batailles rangées : ils entraînèrent aussi une remise en question des structures médiévales et une redéfinition de l’espace urbain.
Charles de Bourbon-Soissons : À la mort de Françoise d'Orléans Longueville le 11 juin 1601, son fils, Charles de Bourbon-Soissons, lui succède et devient comte de Château-Chinon. En 1607, Charles de Bourbon-Soissons concède aux habitants de Château-Chinon et de ses faubourgs leurs bois-usages : « 811 arpents de bois de buissons et de terres vagues » dans lesquels les habitants pouvaient « prendre le bois mort pour le chauffage, le bois vif pour bâtir, pour chaussures [...] et d'y mener pâturer les porcs [...].
Charles de Bourbon-Soissons, qui avait épousé Anne de Montafié en décembre 1601, meurt le 1er novembre 1612. Le comté de Château-Chinon revient alors à sa veuve qui en jouit durant 32 ans. Leur plus jeune fille, Marie de Bourbon-Condé-Soissons, épouse en 1625 Thomas de Savoie-Carignan, fils du duc de Savoie Charles-Emmanuel Ier. À la mort d'Anne de Montafié en juin 1644, le comté entre pour partie en possession de la Maison de Savoie-Carignan ; Louise de Bourbon-Condé-Soissons, l'autre fille de Charles de Soissons et d'Anne de Montafié, étant prédécédée à cette date († dès 1637, elle avait épousé son cousin le duc Henri II de Longueville), c'est sa fille Marie d'Orléans-Longueville, duchesse de Nemours, qui demeure également propriétaire de ces terres en indivis.
Maison de Savoie-Carignan (1644-1719) : Le 26 février 1646, Roger de Bussy-Rabutin, en route vers le Nivernais pour prendre sa charge de lieutenant du roi, passe par Château-Chinon où « les habitants lui firent assez mauvais accueil » car il tente de « s'imposer comme lieutenant-gouverneur au nom du duc de Nivernais ».
Quelques années plus tard, lorsque la Fronde éclate, Roger de Bussy-Rabutin reçoit l'ordre du roi Louis XIV d'assembler des régiments en Nivernais. Le comté de Château-Chinon, terre indépendante, que ce soit de la Bourgogne ou de la province du Nivernais, est par définition exempté de cet ordre. Malgré cela, et peut-être par rancune, Roger de Bussy-Rabutin y loge 10 compagnies de son régiment d'infanterie. Les habitants s'en plaignent alors à leur seigneur, Thomas de Savoie-Carignan, qui en fait part au cardinal Mazarin, qui lui-même en informe le roi. Roger de Bussy-Rabutin se voit alors adresser une lettre datée du 28 avril 1652 et signée par Louis XIV en personne, lui rappelant les ordres qu'il a reçu et lui ordonnant vivement de cesser ses oppressions sur « Chastel-Chinon ».
Thomas de Savoie-Carignan meurt en janvier 1656. Les terres de Château-Chinon et de Soissons demeurent donc la propriété par indivis de sa veuve, Marie de Bourbon-Condé-Soissons, et de la duchesse Marie de Nemours, nièce maternelle de ladite Marie de Soissons. Elles décidèrent de lever l'indivision et de faire le partage de leurs biens en 1688. Le comté de Château-Chinon (estimé à 494 000 livres en avril 1686) devient alors propriété unique de Marie, princesse-veuve de Carignan, alors que Noyers reste à la postérité de Louis de Soissons, le fils de Charles et le frère de Marie et Louise de Bourbon-Soissons.
Marie meurt en juin 1692, son fils Emmanuel-Philibert de Savoie-Carignan devient comte de Château-Chinon, puis en 1709, Victor-Amédée Ier de Savoie-Carignan, fils du précédent. Victor-Amédée Ier, après avoir réalisé des dépenses excessives et étant criblé de dettes, se voit contraint de vendre les terres de Château-Chinon en 1719.
Maison de Mascrany (1719-1790) : La dernière famille ayant acquis Château-Chinon est la famille Mascrani, par Louis de Mascrani, en 1686, qui la posséda jusqu’à la Révolution où elle fut confisquée, en l’an III de la République. Bien qu'estimé à près de 500 000 livres en 1686, le comté de Château-Chinon est vendu 325 000 livres le 14 mars 1719 au marquis Louis de Mascrany de Paroy (issu d'une famille originaire du canton des Grisons en Suisse, et installé à Lyon).
Louis de Mascrany, petit-fils d'Alexandre, né en 1686, conseiller au Grand-Conseil, meurt en 1775 mais donne, dès 1756 par contrat de mariage, la terre de Château-Chinon à son fils, le marquis François-Marie de Mascrany de Paroy, né en 1715, conseiller au Grand-Conseil et président en la Chambre des Comptes. L'une des quatre filles de ce dernier épouse en 1768 Louis-Gabriel de Planelli (ou Pianello) de La Valette (en Forez : Furet-Lavalette, au Val-Furet, petit affluent de Furan, dans le sud de la commune de St-Etienne) (né en 1742/1744 et † en 1832 sans postérité survivante), marquis de Maubec en Dauphiné, cousin germain et beau-frère de Charles : Louis-Gabriel fut le dernier propriétaire du comté de Château-Chinon ; mais une autre fille de François-Marie, Louise-Adélaïde de Mascrany, marie en 1780 Jacques de Clermont-Mont-St-Jean (1752-1827), qui se pare aussi du titre de comte de Château-Chinon.
Révolution et restructuration (1789–Consulat)
La Révolution : la naissance d’une double identité
L’effervescence révolutionnaire ne tarde pas à remodeler le territoire. Au cœur des revendications d’égalisation, consolide la volonté des paysans d’exiger les mêmes droits que ceux des citadins pour la foire locale, Château‐Chinon voit surgir une mutation profonde. En 1790, Château-Chinon devient chef-lieu de canton et de district.
Le 23 février 1793, la Convention nationale décrète la levée en masse de 300 000 hommes. Par l'arrêté du 2 mars qui suit, le département de la Nièvre fixe le contingent du district de Château-Chinon à 341 hommes dont 34 de Château-Chinon. Les représentants du peuple Jean-Marie Collot d'Herbois et Jacques Léonard Goyre-Laplanche sont missionnés dans la Nièvre pour installer un courant montagnard et sans-culotte. Après avoir été reçus à Nevers le 18 mars 1793, puis dans le Loiret, ils parcourent la Nièvre en avril et arrivent à Château-Chinon le 26 avril 1793. Ils épurent alors les administrations et font appliquer les décisions prises par la Convention nationale.
En avril 1793, les deux virulents montagnards : Jacques Léonard Goyre-Laplanche et Jean-Marie Collot-d’Herbois qui, après avoir ordonné un autodafé au pied de l’arbre de la liberté de tout ce qui rappelait l’ancien régime, firent arrêter les parents d’émigrés et les prêtres réfractaires. Château-Chinon bénéficia, bien entendu, d’un baptême républicain qui la dépouilla du mot Château, prohibé à l’époque. En juillet 1793, un nouveau représentant du peuple est nommé en mission dans la Nièvre : Joseph Fouché. Néanmoins, il ne se rend pas à Château-Chinon mais mandate des commissaires, comme Pierre-Gaspard Chaumette.
Par anticipation du décret de la Convention du 25 vendémiaire an II invitant les communes ayant des noms pouvant rappeler les souvenirs de la royauté, de la féodalité ou des superstitions, à les remplacer par d'autres dénominations, Château-Chinon prend le nom révolutionnaire de Chinon-la-Montagne dès le 21 septembre 1793. Le 20 brumaire an II, le comité de surveillance de la ville fixe la taxe révolutionnaire imposée aux « riches à raison de leur fortune et de leur incivisme » qui s'élève au total à 64 225 livres pour la communeH 6. Cette somme s'ajoute aux 268 250 livres récoltées dans le reste du district de Chinon-la-Montagne au titre de cette même taxe, ainsi qu'aux 33 300 livres offertes par les « patriotes aisés » de ce même district.
Le 19 nivôse an III, les terres de Château-Chinon sont confisquées au nom de la Nation. Les forêts sont vendues à la fin du siècle comme propriétés nationales.
La ville de Château-Chinon traversa la Révolution au milieu des turbulences inhérentes à cette période troublée. À la suite de la Révolution, la ville reprend son nom précédent mais est séparée en deux communes distinctes, Château-Chinon Intra-Muros et Château-Chinon Extra-Muros, qui deviendront respectivement Château-Chinon (Ville) et Château-Chinon (Campagne).
A partir de la Révolution, l’histoire de Château-Chinon se confond avec l’histoire politique de la France, à travers les Empires et les Républiques. Château-Chinon, chef-lieu d’arrondissement, est une des plus petites sous-préfectures de France mais reste cependant la modeste capitale d’un pays, le Morvan, qui comme la Limagne ou la Beauce, n’a ni base politique ni base administrative, seulement délimité, de façon d’ailleurs imprécise, par la géographie et la géologie.
XIXᵉ siècle : choléra, bois et nourrices
Deux épidémies de choléra éclatent : l'une en 1849 qui touchera 137 habitants dont 37 succombèrent, une seconde vague moins meurtrière survient en 1854. La commune est néanmoins toujours un important lieu de commerce, d'artisanat et de prospérité. L'exploitation des forêts environnantes, bien que moins importante qu'auparavant, permet toujours de fournir d'importants revenus grâce au flottage du bois à destination de Paris.
Ce siècle marque également l'essor, à Château-Chinon et dans le reste du Morvan, de « l'industrie des nourrices » : d'une part les « nourrices sur lieu » qui se rendaient généralement à Paris, employées par des familles bourgeoises, d'autre part les « nourrices sur place » chez qui l'Assistance publique de l'ancien département de la Seine plaçait des enfants parisiens : les « Petits Paris ». En 1880, Château-Chinon (Ville) disposait de la plus grande agence de placement de France avec l'accueil de 3 000 enfants par an.
Seconde Guerre mondiale
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la ville fut au centre d'une zone importante d'activité de résistance. De nombreux maquis virent le jour.
La période de la Seconde Guerre mondiale marque un tournant majeur dans l’histoire de Château-Chinon, une époque durant laquelle la ville et plus largement la région morvandienne fut le théâtre d’une intense activité de résistance. Sous l’Occupation allemande, le territoire, avec ses collines et ses forêts denses, offrait à la fois refuge et terrain stratégique pour l’organisation des réseaux clandestins. Le maquis s’est développé dans ce décor naturel, permettant à des groupes de résistants de mener des actions de sabotage, de collecte de renseignements et de communication avec les forces alliées. Ces cellules locales incarnèrent le courage et la solidarité, des valeurs qui, malgré les dangers, animaient la population face à la répression occupante.
Les conséquences immédiates de ces affrontements et de cette activité clandestine se manifestèrent aussi dans la reconstruction post-liberation. Les traces des combats, les lieux de rassemblement secrets, ainsi que les témoignages mémoriels ; plaquettes, monuments et expositions, contribuent à perpétuer l’héritage de cette période tumultueuse. Elles offrent aux visiteurs et aux habitants l’occasion de se souvenir d’un moment où l’union et la résistance collective transformèrent l’adversité en une force pour reconstruire une identité locale plus affirmée et résolument tournée vers la liberté.
Cette période, bien que marquée par la violence et l’incertitude, a ainsi forgé une mémoire collective dans la région. L’histoire de la Résistance à Château-Chinon ne se limite pas uniquement aux actes audacieux et aux figures charismatiques, elle incarne également l’esprit d’un peuple qui a su puiser dans ses racines pour rebondir après l’horreur de la guerre. Quelles facettes de cette période souhaiteriez-vous explorer davantage ? Peut-être le rôle précis des différents réseaux de résistance ou des témoignages de ceux qui ont vécu ces moments en première ligne ?
Les réseaux de résistance ont joué un rôle crucial dans la lutte contre l’Occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale, et Château-Chinon, comme de nombreuses villes du Morvan, a été un point stratégique pour ces activités clandestines. Voici un aperçu de leur rôle et des témoignages de ceux qui ont vécu ces événements en première ligne.
Les réseaux de résistance et leur rôle
Les réseaux de résistance étaient organisés en plusieurs groupes ayant des missions spécifiques : Les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) : Elles regroupaient les combattants locaux qui menaient des actions de sabotage, d’attaques contre les forces allemandes et de soutien aux Alliés. Les Forces Françaises Combattantes (FFC) : Elles étaient chargées de coordonner les opérations militaires clandestines et de préparer la libération du territoire. Le Bureau Central de Renseignements et d’Action (BCRA) : Ce service de renseignement était essentiel pour transmettre des informations aux Alliés et organiser des opérations de résistance.
Les maquis du Morvan : En raison de son relief boisé et difficile d’accès, le Morvan était un refuge idéal pour les résistants. Ces groupes menaient des embuscades contre les troupes allemandes.
Témoignages de résistants et Figures Émérites
Les témoignages des résistants permettent de mieux comprendre les défis et les sacrifices de cette période : Archives du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale : Elles contiennent des récits de résistants qui ont participé aux combats et aux opérations clandestines. Service historique de la Défense : Ce service conserve des dossiers individuels de résistants, incluant leurs états de service et leurs actions dans les réseaux de résistance.
Divers témoignages recueillis dans les archives du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale et du Musée de la Résistance en Morvan relatent l’intensité de la vie quotidienne des maquisards. Par exemple, un ancien combattant se souvient d’« nuits passées dans le froid glacial, dans l’obscurité totale, à tendre l’oreille pour capter le moindre bruit suspect, tout en organisant des embuscades qui déstabilisaient les convois ennemis ». Ces témoignages, souvent retranscrits dans des ouvrages tels que ceux édités par l’ARORM, révèlent le coût humain et la détermination qui caractérisaient les actions de sabotage et de renseignement.
Ces témoignages montrent la bravoure et la détermination des hommes et des femmes qui ont risqué leur vie pour libérer la France. Ils offrent une perspective précieuse sur les stratégies employées et les conditions de vie sous l’Occupation.
Figures emblématiques du Morvan
Paul Sarrette (« Capitaine Louis ») : À seulement 23 ans, il fut parachuté dans le Morvan pour monter un groupe sous commandement anglais, rassemblant plusieurs milliers de résistants. Son leadership et son audace ont permis à son maquis de mener des actions qui ont fortement contribué à la libération de la région.
Jean Longhi : Une figure souvent citée dans les récits locaux, Jean Longhi contribua à encadrer des groupes de résistants évitant le STO (Service du Travail Obligatoire). Son rôle consistait à organiser des réseaux de soutien pour les personnes poursuivies et à orchestrer des opérations de fuite et de sabotage.
Les anonymes du quotidien : Au-delà des noms célèbres, de nombreux combattants anonymes ont laissé des témoignages poignants dans lesquels ils décrivent le quotidien de la clandestinité : la gestion du stress constant, l’entraide au sein des fermes isolées et le partage des maigres ressources dans un contexte de vie sous terre. Ces récits contribuent à humaniser la lutte et montrent que le courage se mesurait aussi dans les petits gestes de solidarité.
La résistance dans le Morvan a su s’adapter à un territoire marqué par ses forêts denses, ses collines escarpées et ses habitations isolées, qui offraient à la fois refuge et camouflage. L’organisation des réseaux locaux reposait sur une structure souple et décentralisée, indispensable pour contourner une administration de l’Occupation souvent concentrée sur les axes principaux.
Les Réseaux et leurs Missions
Les maquis du Morvan, regroupant des groupes comme le « maquis Louis » – dirigé par des figures comme Paul Sarrette alias « Capitaine Louis » – étaient chargés de mener des embuscades, de saboter les convois allemands et de perturber les réquisitions de matériels et de main-d’œuvre imposées par l’occupant. Leur connaissance intime du terrain leur permettait d’organiser rapidement des opérations surprises dans des lieux isolés, contournant ainsi les contrôles de l’ennemi.
Afin de maintenir le flux d’informations vers les grandes unités de la Résistance nationale (telles que les FFI – Forces Françaises de l’Intérieur – ou les services du BCRA – Bureau Central de Renseignements et d’Action), certaines cellules locales se spécialisaient dans le parachutage d’armes et de messages, ainsi que dans la retransmission de renseignements précieux sur les mouvements ennemis. Ces réseaux, grâce à des postes radio clandestins installés dans des lieux secrets, jouaient un rôle déterminant pour coordonner les actions des forces libres en liaison avec Londres et l’état-major de Paris.
Même si le Morvan offrait un repli naturel, les résistants locaux étaient en lien constant avec les structures nationales. Ils transféraient leurs informations aux réseaux organisés au niveau régional et national, permettant ainsi une meilleure coordination et une allocation plus efficace des ressources (armes, vivres, matériel médical, etc.). Cette coopération inter-niveaux était essentielle pour que les opérations locales aient une portée stratégique plus large.
XXᵉ siècle et la vocation de Mitterrand
Château-Chinon a eu un grand rendez-vous avec l'Histoire, en 1981, quand François Mitterrand, son maire, accéda à la Présidence de la République. François Mitterrand et Château-Chinon, ont écrit ensemble une page de l'Histoire de la France car "tout a commencé ici". Une ville appuyée sur le passé, résolument tournée vers l'avenir. Un vieux pays toujours jeune.
Musée du Septennat : installé dans un ancien couvent, il expose les cadeaux reçus par le président pendant ses deux mandats.
Très attaché à la ville qui l'avait adopté, le président Mitterrand lui offrit une grande partie des cadeaux reçus au cours de ses deux septennats. Ils sont exposés au musée du Septennat, installé dans un ancien couvent. De nombreux présents de toutes natures sont exposés. Ce sont des tapis, meubles, vases, objets en or et pierres précieuses, comme ceux offerts par les chefs des États du Golfe. Plusieurs salles sont consacrées aux cadeaux africains. On peut également y voir les décorations, médailles et « clés de villes » reçues par le président à l'occasion de ses voyages.
Aujourd’hui, Château‐Chinon se dresse comme un musée à ciel ouvert, où chaque ruelle et chaque pierre invitent à redécouvrir le passé. La ville, souvent qualifiée de « capitale du Morvan », offre un dialogue saisissant entre architecture médiévale et vie contemporaine. Les vestiges de ses fortifications, la configuration en amphithéâtre de ses quartiers anciens et la richesse de ses traditions locales nourrissent une réflexion sur la persistance de la mémoire collective. S’y promener, c’est s’immerger dans un récit vivant, où le temps semble suspendu et où l’histoire se fait sentir à chaque pas.
Château‐Chinon n’est pas qu’un point sur la carte du Morvan, c’est un écrin historique. Cet héritage, riche de ses multiples visages, offre à chacun l’opportunité d’entrevoir l’évolution de la société française à travers le prisme de son histoire régionale. Plongez dans ses légendes, explorez ses ruelles, et laissez-vous envoûter par la magie d’un passé qui ne demande qu’à être redécouvert. Château-Chinon offre à ses visiteurs un concentré de richesses historiques, culturelles et même de beautés naturelles, qui en font une destination incontournable pour qui souhaite plonger dans l’âme du Morvan.
En somme, Château-Chinon se présente comme une destination riche et contrastée, où le passé se conjugue avec le présent. Que vous soyez passionné d’histoire, amateur d’art ou amoureux de la nature, chaque recoin de cette ville vous racontera une histoire unique. Pour ceux qui souhaitent aller au-delà du centre historique, la région regorge d’autres trésors cachés qui méritent également le détour, comme les vestiges de l’antique Bibracte ou les charmantes routes de campagne qui invitent à la flânerie.
Nos coups de coeur à Château-Chinon
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Par respect pour les habitants et l'environnement, merci de respecter les panneaux signalétiques et consignes. Merci de respecter le droit de propriété et de ne pas pénétrer sur les terrains privés :
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- Camping et Feux interdits (pas de barbecue)
- La nature est fragile et des chutes de pierres sont parfois fréquentes.
- Veuillez ramasser vos déchets avant de partir.
- Plus que les sacs plastiques ou les pailles, ce sont les mégots de cigarettes qui pollueraient le plus les océans. les filtres à cigarettes se dégradent très lentement. Deux ans en moyenne.
- L'un des "petits gestes élémentaires" à accomplir : ne plus jeter ses mégots par terre. Pensez boite à mégots !
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