Les routes touristiques en France

Histoire de la Moselle (57)

Lutzelbourg le chateau routes touristiques de la moselle guide du tourisme de la lorraineL’Histoire de la Moselle est celle d’un territoire frontière, forgé par les échanges et les conflits, mais qui a su tirer de cette position charnière une identité unique. La Moselle, département situé à l’extrême nord-est de la France, est un territoire façonné par des millénaires de transformations géographiques, politiques et culturelles. De ses origines géologiques à son statut actuel de région transfrontalière dynamique, son histoire illustre les mutations de l’Europe. Cet article retrace les grandes étapes qui ont forgé l’identité mosellane et met en lumière son riche héritage.

L’histoire de la Moselle est une fresque complexe où se mêlent influences celtes, romaines, franques et germaniques. La Moselle se situe à un point stratégique, au carrefour de l'Europe. Ses terres furent souvent convoitées et conquises. Faisant successivement partie de la Gallia Belgica puis du Saint Empire Romain Germanique avant d'être indépendante, elle est rattachée finalement à la France. Le mélange des peuples et des cultures y est donc important au fil de l'histoire...

Chaque époque a gravé ses empreintes dans le paysage et dans la mémoire collective. Sa position frontalière l’a rendue tour à tour convoitée, annexée et libérée, forgeant un caractère à la fois robuste et résolument tourné vers l’Europe.

L’Histoire de la Moselle : entre frontières et héritages !

Origines géologiques et premières traces humaines

La vallée de la Moselle s’est formée il y a plusieurs millions d’années sous l’effet de l’érosion fluviale, créant des gorges, des plateaux et des plaines fertiles. Bien avant d’être un département, la Moselle fut un territoire habité dès la Préhistoire.

Les premières occupations humaines remontent au Paléolithique supérieur, comme en témoignent quelques outils de pierre découverts près de Thionville. À l’époque néolithique, des communautés sédentaires ont aménagé les coteaux pour la culture et l’élevage, laissant derrière elles des vestiges de silex taillé et d’objets en céramique.

Si l'homme est apparu 600 000 ans avant Jésus-Christ en Moselle, et que son évolution fut lente (en raison du climat rude vers 35 000 avant J.-C.), ce n'est que récemment que l'on a mis à jour des vestiges de villages datant de 6 000 avant J.-C., entre Metz et Thionville. L'actuelle ville de Metz est fondée vers 3 000 avant J.-C. par les Médiomatriques, à l'emplacement de la Colline de Sainte-Croix.

Les fouilles ponctuelles révèlent une transition progressive vers l’âge du bronze, puis vers l’âge du fer, ouvrant la voie à l’installation des peuples celtes.

Aux origines : de la préhistoire à l’époque romaine

Les vestiges archéologiques révèlent la présence de tribus celtes, notamment les Médiomatriques et les LeuquesLa vallée mosellane était avant tout le domaine des Leuques, une tribu gauloise installée dès le Ier siècle av. J.-C. sur les hauteurs pour contrôler les axes de circulation et protéger leurs villages. Ces peuplades formaient alors de véritables cités, des territoires en somme, de la taille d’un gros département d’aujourd’hui et structurés autour de plusieurs villes et autres camps retranchés. Véritables centres politiques et commerciaux où se concentraient artisans, paysans et élites locales. Au IIe siècle avant notre ère, la tribu gauloise des Leuques occupe la région mosellane.

Parmi les principaux oppida de la région :

  • Divodurum (futur Metz), au confluent de la Moselle et de la Seille
  • Titelberg (aujourd’hui au Grand-Duché de Luxembourg), plaque tournante des échanges
  • Oppidum de Siersthal, sur la frontière vosgienne

Philippsbourg le chateau de falkenstein routes touristiques de la moselle guide du tourisme de la lorraineConquête romaine et intégration à la Gaule Belgique

En 52 av. J.-C., Jules César soumet les Leuques et intègre leurs terres à la province de Gaule Belgique. Avec l’arrivée des Romains, la Moselle devient un couloir stratégique pour relier Lyon à Trèves.

Metz, connue alors sous le nom de Divodurum Mediomatricorum, devient une cité prospère, dotée d’amphithéâtres pouvant accueillir plusieurs milliers de spectateurs, de thermes et d’un réseau routier stratégique, témoins de la romanisation intense. La cité de Divodurum devient un chef-lieu administratif et militaire, étape-clé sur la route de Lyon à Trèves pour le ravitaillement des légions.

Les Romains divisent le territoire en cités fédérées dotées de statuts municipaux, dotant chaque chef-lieu (Metz, Thionville, Sarrebourg) d’un conseil local (ordo decurionum) et d’un magistrat élu (duumvir). Les constructions publiques illustrent la prospérité et l’emprise culturelle romaines sur la vallée de la Moselle.

Les autorités romaines imposent le droit romain, favorisent la colonisation de vétérans et installent un réseau de cités fédérées pour mieux contrôler ce corridor stratégique. Sous l’Empire, Divodurum Mediomatricorum (Metz) se dote de remparts impressionnants, et d’un forum central. Les cités secondaires, comme Thionville (Divodurum Tectorum) et Sarrebourg (Saargemündia), reçoivent elles aussi des équipements publics : temples, basilique et thermes. 

Les architectures de pierre, parfois enrichies de mosaïques et de pilastres, témoignent de la romanisation culturelle et du niveau de vie élevé des élites locales. Des thermes monumentaux voient le jour à Divodurum et à Bliesbruck, avec bassins chauffés, latrines et salles de sport. Les cités secondaires reçoivent également des temples dédiés à Jupiter, un capitole à Sarrebourg et des sanctuaires ruraux qui ponctuent les axes routiers. L’aménagement d’un aqueduc, vestiges visibles à Gorze et Jouy-aux-Arches, assure l’approvisionnement en eau potable des cités mosellanes et des fortifications militaires.

La romanisation ne se limite pas aux pierres : elle façonne les mentalités et les pratiques religieuses. L’introduction du culte impérial ; hommage à l’empereur divinisé, cohabite avec les cultes gaulois de la déesse Tutela et de la trinité gauloise. Les sanctuaires à ciel ouvert et les petits autels domestiques révèlent une culture religieuse hybride où les divinités locales et romaines se confondent. L’usage du latin se généralise dans l’administration, les inscriptions funéraires et le droit, tandis que l’art de la mosaïque, des fresques et des bustes en pierre affirme l’esthétique romaine.

La Moselle, navigable sur de nombreux tronçons, devient un axe majeur pour le commerce et des produits artisanaux. Les voies fluviales de la Moselle facilitent le transport du blé, du vin et du bois vers Trèves et Lyon, tout en supportant la logistique des légions basées sur la frontière rhénane. L’agriculture prospère : vignobles sur les coteaux, exploitation des forêts pour le bois de construction, carrières de pierre pour les monuments publics.

Sous Rome, la campagne mosellane prospère grâce à l’agriculture diversifiée et à l’artisanat local. Les domaines seigneuriaux (villae), comme celle de Saint-Ulrich à Dolving, combinent production céréalière, élevage et ateliers de poterie ou de tissage. Le vin de Moselle, exporté vers Trèves et les camps militaires, s’appuie sur des vignobles en terrasses aménagées sur les coteaux calcaires. L’artisanat du métal, du verre et de la céramique se développe autour des agglomérations, alimenté par l’accès aux minerais et aux gisements locaux.

Un maillage de voies routières facilite l’acheminement des marchandises comme la chaussée de la Moselle qui relie Arlon à Trèves en passant par Metz, appuyée par des relais (mutationes) et des stations de poste (mansiones) pour les courriers impériaux.

Sous Auguste, la région est rattachée à la province de Germanie inférieure, puis, au IIIᵉ siècle, à la Germanie supérieure, reflétant l’importance stratégique du corridor mosellan.

Metz ville d art et d histoire la porte des allemands routes touristiques de la moselle guide du tourisme de lorraineDéclin de la présence romaine et transition médiévale

Cette paix Romaine vacille à cause des nombreuses invasions barbares à partir de 250 après J.-C. (Alamans, Francs). Aux IIIᵉ et IVᵉ siècles, crises économiques, pressions barbares et révoltes militaires fragilisent l’Empire sur le limes rhénan. Les fortifications sont surélevées, les garnisons renforcées, mais l’incursion des Alamans et des Francs culmine avec le départ définitif des légions vers 406. La lente effondrance des structures urbaines ouvre la voie à la domination franque : certaines cités se vident, d’autres se reconfigurent autour de nouveaux centres épiscopaux. En 451, les Huns envahissent la région et rasent Metz

Christianisation et transition vers le Haut Moyen Âge

Dès le IIIe siècle, le christianisme gagne du terrain : évêques et missionnaires s’installent à Divodurum, transformant peu à peu des édifices romains en lieux de culte. La construction de la première cathédrale de Metz sur les ruines d’un temple païen symbolise cette mutation religieuse et culturelle.

Au Ve siècle, alors que l’Empire romain décline, les réseaux administratifs et militaires s’effondrent, ouvrant la voie à la domination franque et à la naissance du monde médiéval mosellan. À la chute de l’Empire romain,la région passe sous domination franque. L’Église s’impose comme nouveau centre de pouvoir : les premières abbayes et églises mosellanes se construisent jusqu’au Xe siècle.

L’héritage romain perdure cependant dans la toponymie, les tracés de routes et l’empreinte des grands monuments qui serviront de base aux villes médiévales.

Voici les principaux vestiges antiques à découvrir en Moselle :

  • Aqueduc de Gorze (Ars-sur-Moselle et Jouy-aux-Arches) : gigantesque canal en pierre qui alimentait Divodurum (Metz) en eau au IIe–IIIe siècle, classé monument historique dès 1840.
  • Parc archéologique européen de Bliesbruck-Reinheim : fouilles et reconstitutions d’une ferme gallo-romaine et de son nécropole, l’un des rares ensembles ruraux antiques accessibles au public.
  • Villa gallo-romaine de Saint-Ulrich (Dolving) : superbe demeure de campagne organisée autour de thermes privés et de mosaïques, illustrant le mode de vie des élites provinciales.
  • Amphithéâtre de Metz : arènes taillées dans le roc, capables d’accueillir plusieurs milliers de spectateurs pour jeux et spectacles publics.
  • Thermes et forum de Divodurum : vestiges disséminés dans le centre historique de Metz, dont des colonnes et fragments de mosaïques qui témoignent de la grandeur urbaine romaine.

Artefacts romains découverts en Moselle

Plusieurs fouilles ont mis au jour un riche ensemble de vestiges gallo-romains en Moselle. Le Muséedupatrimoine.fr recense 9 sites majeurs, parmi lesquels le site de la Croix-Guillaume à Saint-Quirin, le Heidenkopf à Sarreinsming et l’éperon barré de Mondorff.

Principaux types d’artefacts

  • Pièces de monnaie : Deniers, antoniniens et solidi découverts en petits lots ou trésors monétaires attestent du commerce actif et des flux de trésorerie circulant entre Trèves, Metz et les camps militaires.
  • Bijoux et fibules : Fibules en bronze, bracelets, bagues et perles de verre témoignent des modes vestimentaires des élites provinciales et de leurs influences méditerranéennes.
  • Céramique et amphores : Terra sigillata italique et gauloise, jattes fines et amphores à vin ou huile retranscrivent les habitudes culinaires romaines et la gestion logistique des denrées.
  • Mosaïques et tesselles : Fragments de mosaïques décoratives retrouvés à Saint-Ulrich (Dolving) et Bliesbruck illustrent le raffinement des villas de campagne et l’apprentissage des techniques picturales romaines.
  • Inscriptions et stèles funéraires : Plaques gravées au nom de magistrats locaux, epitaphes familiales et autels votifs offrent un aperçu de la hiérarchie sociale et des cultes pratiqués.
  • Objets en verre : Coupes, flacons et lampes à huile moulées ou soufflées révèlent la maîtrise du verre et la diffusion des ateliers de production.
  • Outils et quincaillerie : Socs de charrue, rasettes, clous, clés et serrures proviennent de domaines agricoles et de centres urbains, reflétant la vie quotidienne et l’artisanat local.
  • Éléments architecturaux : Chapiteaux, colonnes, fragments de corniches en pierre et moulures de portiques ont servi à la construction des thermes, forums et demeures patriciennes.

La plupart de ces artefacts sont aujourd’hui étudiés par l’Inrap et conservés au Musée de la Cour d’Or à Metz. Des expositions thématiques et des publications scientifiques permettent de comprendre l’organisation économique, sociale et culturelle de la Moselle romaine.

Pour enrichir l'époque gallo Romaine

On peut étudier les fouilles archéologiques récentes autour de l’amphithéâtre de Metz, visiter les musées exposant les trésors monétaires gaulois et romains, ou analyser les textes de l’historien Ammien Marcellin qui évoque la région dans ses chroniques. 

Pour approfondir, pensez à consulter les publications des associations archéologiques locales ou à visiter le musée de la Cour d’Or à Metz, qui présente de nombreux objets et maquettes illustrant des monuments, et pour analyser les inscriptions latines et les monnaies frappées sous les empereurs.

Étudier les rapports de fouilles de l’amphithéâtre et des thermes de Metz publiés par l’Inrap. Comparer la romanisation de la Moselle avec celle de la Sarre voisine à travers les découvertes du parc de Bliesbruck-Reinheim. Explorer l’influence des légions rhénanes sur l’architecture militaire, via les vestiges de camps temporaires.

Le Moyen Âge : entre influences franques et germaniques

Au Ve siècle, la chute de l’Empire romain ouvre une période de bouleversements. Le territoire passe sous domination franque et devient une partie importante du royaume d’Austrasie, cœur du futur empire carolingien. Vers 475, Clovis intègre le pays de Moselle sous l'influence des Francs.

Le traité de Verdun en 843, donna naissance à la Lotharingie, sorte d'empire du milieu qui s'étendait sur 3 000 km de l'Italie à la mer du Nord. Ce territoire fut tiraillé par la suite entre le saint empire romain germanique et le royaume de France. Par ailleurs, les industries du fer et du sel se développent.

Metz ville d art et d histoire cathedrale saint etienne routes touristiques de la moselle guide du tourisme de lorraineFragmentation féodale et seigneuries

La chute de l’empire carolingien au IXᵉ siècle entraîne l’éclatement du pouvoir en Moselle. Au cœur du Moyen Âge, la Moselle est morcelée entre seigneurs laïcs et ecclésiastiques, entre la haute seigneurie laïque (maisons de Metz, de Bar, de Vaudémont) et les fiefs vassaux qui contrôlent plateaux et vallées. Les relations de dépendance s’organisent autour du serment, de l’hommage et du service militaire. Les forteresses de Sierck et Montmédy illustrent les rivalités féodales.

L’Église devient le principal seigneur foncier : évêchés de Metz et de Toul gèrent d’immenses domaines. Metz s’impose comme un centre religieux majeur grâce à sa cathédrale et à ses écoles monastiques. Plusieurs abbayes rayonnent culturellement : Abbaye de Gorze, berceau de la réforme monastique au Xᵉ siècle, abbaye Saint-Arnoul de Metz, centre de scriptorium et de chant grégorien, abbaye de Saint-Maur de Bouzonville, pôle agricole et caritatif. Ces institutions diffusent le savoir, forment les clercs et développent l’agriculture sur les terres entourant leurs murs.

À partir du XIIᵉ siècle, les cités mosellanes se dotent de franchises et de charte communale : Metz acquiert le statut de “ville libre” en 1189, gouvernée par un conseil de bourgeois. Thionville, Sarrebourg et Sierck prospèrent grâce aux foires trimestrielles et au commerce du sel et du vin. Les murailles s’élèvent autour des bourgs pour protéger marchands et artisans. La naissance de marchands enrichit la vie urbaine : tisserands, teinturiers, orfèvres et changeurs fréquentent les grands axes.

Entre XIᵉ et XIVᵉ siècles, l’insécurité impose l’essor des châteaux forts : le Château de Sierck, dominé par ses tours cylindriques et son donjon carré. La Forteresse de Montmédy, positionnée sur un éperon rocheux. Le château de Malbrouck (Manderen), exemple tardif mêlant architecture médiévale et influences gothiques. Ces ouvrages surveillent les routes, abritent garnison et population en cas de siège, et symbolisent le pouvoir des seigneurs.

Du XIIIe au XVIIe siècle, la ville de Metz est une république libre du Saint-Empire romain germanique, jalouse de son indépendance.

Crises, XIVᵉ–XVᵉ siècles

La Moselle médiévale subit plusieurs secousses : la guerre de Cent Ans entraîne razzias et réquisitions de troupes.

La guerre de Cent Ans

La guerre de Cent Ans (1337–1453) fut d’abord un conflit dynastique entre les rois de France et d’Angleterre, mais son prolongement en Lorraine et en Moselle s’inscrit dans le cadre du Saint-Empire romain germanique, où coexistent le duché de Lorraine et le duché de Bar, ainsi que la ville libre de Metz. Ces entités jouissent d’une certaine autonomie et cherchent avant tout à préserver leurs intérêts face aux grandes puissances.

Après les grandes batailles de Crécy (1346) et Poitiers (1356), les soldats démobilisés se regroupent en “compagnies de routiers” non contrôlées. Entre 1360 et 1365, ces bandes armées pillent les campagnes de Lorraine et de Moselle, ravagent villages et monastères, et rançonnent les marchands le long de la Moselle. Les seigneurs locaux peinent à organiser une défense coordonnée : certains font appel à Metz ou à Nancy pour mutualiser les milices urbaines, d’autres cèdent à des clauses de paix locales pour limiter les destructions.

Phalsbourg chateau d einartzhausen routes touristiques de la moselle guide du tourisme de la lorraineLes habitants subissent une régression de l’agriculture : champs abandonnés, manque de bras et de semences. Le commerce fluvial le long de la Moselle se raréfie : les convois évitent les zones de passage des routiers, ce qui porte un coup aux foires de Metz et de Verdun. Les épidémies de peste (1350–1352) aggravent la crise : la population locale peut perdre jusqu’à un tiers de ses habitants en quelques années.

À la suite des ravages, de nombreux châteaux (Fénétrange, Lutzelbourg, Sierck) sont rehaussés de murs plus épais et de tours d’angle pour résister aux assauts d’arquebusiers et de bombardes naissantes. Les villes de Metz et Thionville consolident leurs remparts : élargissement des fossés, construction de bastions en pierres taillées. Les petits bourgs fortifiés se multiplient : logis seigneuriaux dotés de meurtrières et quartiers de refuge pour la paysannerie.

Même si aucune grande bataille de la guerre de Cent Ans ne se déroula en Moselle, la période marque un tournant pour l’architecture militaire et pour l’identité régionale. Les murailles et les tours que nous admirons aujourd’hui témoignent de la volonté des communautés de résister aux crises du Moyen Âge tardif. Les musées de Metz et de Nancy conservent des armures, des enseignes de routiers et des plans de fortifications qui restituent ce demi-siècle de tourmente.

Famines et émeutes alimentaires agitent les bourgs entre 1370 et 1400. Ces crises affaiblissent la féodalité traditionnelle et favorisent l’essor des villes qui proposent protection et dîmes fixes.

Monuments médiévaux à visiter en Moselle

Châteaux forts

  • Château de Sierck : Situé à Sierck-les-Bains, cet édifice du XIᵉ siècle domine la vallée de la Moselle. Ses tours rondes et son logis seigneurial offrent un panorama exceptionnel. Ouvert d’avril à octobre, visites guidées possibles.
  • Château de Malbrouck : Perché sur un éperon rocheux à Manderen, ce château tardif (XIVᵉ–XVIᵉ siècles) mêle architecture militaire et éléments gothiques. Expositions d’art contemporain et animations médiévales en saison.
  • Forteresse de Montmédy : Construit au XIIᵉ siècle et remanié par Vauban, ce site défensif impose ses remparts bastionnés. Sentiers de découverte et musée retracent la vie quotidienne et les sièges qui ont marqué sa destinée.
  • Château de Lutzelbourg : Vestiges d’un donjon roman du XIᵉ siècle en surplomb de la Zorn, idéal pour une balade nature et un plongeon dans l’histoire des comtes de Lutzelbourg.

Villes fortifiées et villages médiévaux

  • Rodemack, “la petite Carcassonne lorraine” : Ce village classé conserve ses remparts, ses tours et son château seigneurial. Flânerie dans les ruelles pavées et découverte des portes fortifiées.
  • Remparts de Metz : Bien qu’en grande partie reconstruits aux époques successives, les vestiges médiévaux du rempart gallo-romain sont visibles autour du centre historique, notamment près de la Porte des Allemands.
  • Portes de Sarrebourg : Les vestiges de la muraille médiévale et la porte de France illustrent l’importance stratégique de la ville au Moyen Âge. Balades commentées organisées par l’office de tourisme.

Thionville volkrange eglise saint jean baptiste routes touristiques de la moselle guide du tourisme de lorraineÉglises et abbayes

  • Abbaye de Gorze : Fondée au VIIᵉ siècle et réformée au Xᵉ, elle est à l’origine de la “réforme de Gorze” qui a influencé tout l’Occident. Cloître et chapelle restent un haut lieu spirituel et patrimonial.
  • Cathédrale Saint-Étienne de Metz : Bien que son chœur soit gothique tardif, plusieurs chapelles et parties basses datent du XIIIᵉ siècle. À l’intérieur, vitraux lumineux et sculptures médiévales.
  • Église Saint-Évre de Sarrebourg : Construite au XIIIᵉ siècle, elle se distingue par sa nef unique, ses vitraux médiévaux et son portail sculpté, exemple remarquable de l’art gothique régional.
  • Prieuré Saint-Nabor à Thionville Vestiges d’une abbaye bénédictine du XIIᵉ siècle, avec tour clocher et chapelle souterraine. Accueil culturel et concerts dans le cadre des Journées du patrimoine.

Monuments ruraux et sites monastiques

  • Prieuré de Saint-Ulrich (Dolving) Site d’une villa gallo-romaine transformée en prieuré au XIᵉ siècle, dont subsistent chapelle et salles voûtées. Sentier d’interprétation autour des vestiges antiques et médiévaux.
  • Abbaye de Bouzonville Fondée au VIIIᵉ siècle par saint Arnoul, ce complexe monastique – églises, tours et bâtiments conventuels – témoigne de l’influence de l’épiscopat messin.

Chaque site propose visites libres, guidées ou ateliers thématiques. Pensez à vérifier les horaires saisonniers et les conditions d’accès sur les sites officiels ou via les offices de tourisme locaux.

Pour aller plus loin pour la période du moyen age

  • Explorer les chartes communales de Metz et Thionville pour comprendre l’autonomie urbaine.
  • Visiter le Centre historique de Metz pour découvrir les vestiges du rempart médiéval et le musée de la Cour d’Or à Metz pour découvrir mobilier liturgique et peintures médiévales.
  • Suivre le sentier des châteaux forts de Moselle en vallée de la Fensch.
  • Explorer le château de Fénétrange, dont le logis seigneurial rappelle les adaptations militaires du XIVᵉ siècle.
  • Étudier l’impact de la réforme grégorienne via les correspondances des abbés de Gorze.
  • Consulter les archives départementales de la Moselle pour les comptes de milices urbaines et les traités de paix locaux.

La Renaissance : un épanouissement artistique et intellectuel

La Renaissance apporte une relative stabilité : le duché de Lorraine, qui inclut la Moselle, connaît un épanouissement artistique et intellectuel. Au XIVᵉ siècle, les églises gothiques fleurissent : la Cathédrale Saint-Étienne de Metz, chœur achevé vers 1552, chef-d’œuvre de la lumière. LÉglise Saint-Évre de Sarrebourg, remarquable par ses vitraux et sa nef unique. Les décors sculptés dans les portails et les retables en bois témoignent d’un renouveau artistique avant l’arrivée des influences de la Renaissance.

Cependant les guerres de religion (1562–1598) déchirent le territoire, où protestants et catholiques se disputent châteaux et églises.

Metz ville d art et d histoire avenue foch routes touristiques de la moselle guide du tourisme de lorraineLes Guerres de Religion en Moselle

La Moselle médiévale dépendait principalement du duché de Lorraine, du duché de Bar et de la ville libre de Metz. Ces entités, rattachées au Saint-Empire romain germanique, jouissaient d’une large autonomie et tentaient de garder une neutralité face aux conflits religieux qui déchiraient le royaume de France. Les ducs de Lorraine, conscients des enjeux dynastiques et confessionnels, oscillèrent entre tolérance limitée et répression pour préserver l’équilibre local.

Les Guerres de Religion s’étendirent de 1562 à 1598 et comptèrent huit grands conflits entre catholiques et protestants dans l’ensemble du royaume de France. Ces affrontements, entrecoupés de trêves fragiles, culminèrent avec l’édit de Nantes en 1598, qui institua une coexistence encadrée entre les deux confessions.

Apparition clandestine de « prêches » réformés À partir du milieu du XVIᵉ siècle, de petits groupes huguenots se réunissaient en secret dans des maisons fortifiées et des bois, notamment autour de Faulquemont et de Delme. Pour se prémunir des pillages et des bandes armées, Metz, Thionville et Sarreguemines organisèrent des gardes citoyennes et renforcèrent leurs remparts. Comme partout en France, les deux camps commirent des violences sauvages : saccages de villages, profanation d’édifices religieux et rançonnements des populations rurales. Les seigneurs lorrains durent négocier trêves et rançons pour éviter l’anéantissement total de leurs terres.

Plusieurs édits royaux (Amboise en 1563, Saint-Germain en 1570, Beaulieu en 1576) cherchaient à limiter les hostilités et garantir la liberté de culte en zones désignées. Dans la Moselle lorrain, ces mesures furent partiellement contournées : le pouvoir ducal, resté profondément catholique, préféra fermer les pratiques protestantes plutôt que de céder à des concessions durables. L’édit de Nantes (1598) offrant des garanties aux huguenots ne fut donc jamais pleinement appliqué ; de nombreuses communautés furent expulsées ou soumises à une répression stricte dans les années suivantes.

Le renforcement des remparts et la construction de bastions à Metz et Thionville témoignent de la volonté de défense face aux menaces religieuses. Des tours de guet et des logis seigneuriaux furent dotés de meurtrières et de douves, vestiges de l’urgence médiévale face aux troubles civils.

Metz ville d art et d histoire la gare routes touristiques de la moselle guide du tourisme de lorrainePersonnalités clés des Guerres de Religion en Moselle

Acteurs catholiques

  • Charles III, duc de Lorraine (1545–1608) : En tant que souverain, il imposa une politique résolue contre l’implantation protestante et organisa la défense des villes frontières (Metz, Thionville).
  • Charles de Lorraine, cardinal (1524–1574) : Évêque de Metz, il coordonna la répression des « prêches » clandestins et fit venir les Jésuites pour renforcer la foi catholique.
  • François de Guise (1519–1563) : Chef militaire emblématique, il lança plusieurs expéditions contre les Huguenots et exerça une forte influence sur la haute noblesse lorraine.

Acteurs protestants

  • Louis Ier de Condé (1530–1569) : Premier prince du sang converti au calvinisme, il fit de la vallée de la Moselle un corridor stratégique pour les armées huguenotes.
  • Gaspard de Coligny (1519–1572) : Amiral de France et chef politique, ses troupes empruntèrent à plusieurs reprises les routes mosellanes lors des grandes chevauchées.
  • Henri de Navarre (1553–1610) : Futur Henri IV, il installa temporairement ses cantonnements entre Metz et Thionville avant son accession au trône.

Seigneurs mosellans engagés

  • Comtes de Salm-Salm : Plusieurs membres de cette maison adoptèrent le calvinisme et tinrent des assemblées dans leurs fiefs, avant d’être pourchassés après 1572.
  • Famille de Boulay : Héritiers de la seigneurie de Boulay-devant-Fleury, ils accueillirent des prédicateurs réformés et subirent des sanctions ducales.
  • Maison de Beauvau : Par des dons financiers et la levée de milices, elle contribua à la résistance catholique dans les bourgs fortifiés.

Pour approfondir les guerre de Religion :

  • Consulter les fonds protestants conservés aux Archives départementales de la Moselle et les registres de l’évêché de MetzLes archives départementales conservent des registres de trêves, de rançons et de procès intentés aux huguenots ; ces documents éclairent la complexité d’une région coincée entre la France catholique et le Saint-Empire germanique.
  • Visiter le Musée de la Cour d’Or à Metz pour ses collections sur le duché de Lorraine et la Réforme. L’ancien collège jésuite de Metz, témoin de la contre-réforme.
  • Explorer les villages fortifiés de Rodemack et de Fénétrange, où subsistent des architectures défensives du XVIᵉ siècle.

Étudier la correspondance de Condé et de Coligny conservée dans les fonds de la Bibliothèque nationale de France.

La Moselle française : intégration et fortifications

En 1552, Metz est occupée par les troupes de Henri II de France, mais ce n’est qu’avec le Traité de Westphalie en 1648 que la ville est officiellement rattachée au royaume de France.

La Guerre de Trente Ans en Moselle

La Guerre de Trente Ans (1618–1648) fut d’abord un conflit européen opposant la France et le Saint-Empire romain germanique, mais elle frappa particulièrement la Lorraine et ses territoires vassaux, dont la Moselle. L’invasion suédoise à partir de 1631 et les campagnes successives transformèrent la région en champ de bataille et en zone de ravitaillement imposé pour les armées en transhumance. Le duché de Lorraine, alternatif spectateur et acteur, subit occupations et contributions forcées avant même la paix de Westphalie.

Entre 1630 et 1655, la Moselle connut un effondrement brutal de sa population et de son tissu économique, amplifié par les famines et les épidémies de peste bubonique et de typhus.

Sierck les bains chateau ducs de lorraine routes touristiques de la moselle guide du tourisme de la lorraineSaccages systématiques des campagnes et incendies de hameaux, notamment dans le Pays de Bitche et autour de Sarreguemines. Réquisitions de bétail et de céréales par les détachements impériaux, français et suédois, provoquant famines et exode rural. Exactions des « Croats » autrichiens et des mercenaires suédois, relatées dans les chroniques et symbolisées par le « Chêne des Suédois » à Reyersviller. Le « Chêne des Suédois », unique vestige arboré, rappelle la crainte et la cruauté des compagnies étrangères, tout en incarnant la mémoire populaire de cette période troublée. Forteresses et tours ruinées laissèrent place à des bastions renaissance, visibles encore aujourd’hui à Sierck et à Sarrebourg.

Dès 1660, sous le règne de Charles IV et le protectorat français, la Moselle entreprit un lent redressement : Exemptions fiscales et incitations à l’immigration : Picards, Savoyards, Suisses, Allemands et Italiens furent appelés à repeupler les campagnes. Reconstruction des villages et remise en culture des friches sous la houlette des seigneurs et des communautés ecclésiales. Restauration progressive des infrastructures routières et fluviales, essentielles au relancement du commerce le long de la Moselle.

En 1648, le traité de Westphalie rattache définitivement la Lorraine à la France, mais la Moselle conserve des privilèges fiscaux et juridiques spécifiques.

Pour approfondir La Guerre de Trente Ans en Moselle :

  • Consulter les fonds des Archives départementales de la Moselle (séries E et H) pour les inventaires de 1650–1700.
  • Visiter les musées lorrains (Musée lorrain de Nancy, Musée de la Cour d’Or à Metz) pour leurs collections sur la guerre et le repeuplement.
  • Explorer sur le terrain les sites de Reyersviller, Bitche et Fénétrange, où l’on peut encore percevoir les traces du conflit.

Guerres de Louis XIV en Moselle

Guerre des Réunions (26 octobre 1683 – 15 août 1684)

La guerre des Réunions fut un conflit bref mené par Louis XIV pour faire valoir les “dépendances” de ses récents gains territoriaux. Les chambres de Réunions, créées dès 1679, examinèrent les traités antérieurs et réclamèrent l’annexion de multiples enclaves frontalières qu’elles jugeaient dues à la France. Au cœur de cette politique, l’Alsace et la Sarre furent directement visées. En 1681, la France annexa Strasbourg et, simultanément, des villages mosellans le long de la vallée de la Sarre passèrent sous administration française, en attendant une ratification définitive par un traité ultérieur.

Les opérations militaires principales (prise de Courtrai, Luxembourg, bombardements maritimes) se déroulèrent hors de la Moselle, mais la région ressentit immédiatement les extensions administratives de la politique des Réunions et l’ébauche de nouvelles fortifications sur la Sarre.

Rodemack plus beaux villages porte de sierck routes touristiques de la moselle guide du tourisme de lorraineGuerre de la Ligue d’Augsbourg (24 septembre 1688 – 20 septembre 1697)

La guerre de la Ligue d’Augsbourg opposa la France à une coalition européenne (Provinces-Unies, Saint-Empire, Angleterre, Espagne, Savoie, Suède, Portugal), déterminée à contenir les ambitions de Louis XIV. Ce conflit, appelé aussi guerre de Neuf Ans, se déploya en Europe, Amérique du Nord et Asie, et s’acheva par les traités de Ryswick en septembre 1697.

Sur le plan militaire, les combats majeurs eurent lieu aux frontières françaises : Pays-Bas espagnols, Rhénanie, Savoie et Catalogne. La vallée de la Moselle, en lisière de la Rhénanie, servit de couloir logistique et vit se succéder réquisitions de vivres, levées de contribution et mouvements de troupes françaises et coalisées dans les cantonnements environnants. Louis XIV renforce alors les défenses de la région avec l’aide de Vauban, transformant Metz et Thionville en places fortes redoutées. En Moselle, Metz et Thionville tinrent leur rôle de places fortes de première ligne : leurs remparts, modernisés par Vauban, constituèrent un rempart dissuasif face aux incursions impériales et hollandaises jusqu’à la paix de Ryswick.

Le traité de Ryswick (20 septembre 1697) restitua à l’Espagne le Luxembourg et certaines zones de Lorraine, tout en confirmant définitivement la possession de Strasbourg, Sarrelouis et de la rive gauche de la Sarre par la France. Cette paix assura à la Moselle un ancrage frontalier stable et conforta l’empreinte vaubanienne sur ses fortifications.

Aujourd’hui encore, les bastions de Sarrelouis, les casemates de Metz et les lignes de défense le long de la Sarre témoignent de cette double expérience militaire, entre extension territoriale et coalition continentale, qui a marqué la fin du XVIIᵉ siècle en Moselle.

À la fin du XVIIe siècle, Vauban renforce les fortifications de Metz, Thionville et Longwy pour protéger la frontière nord-est du royaume.

Guerre de Succession d’Espagne (1701–1714) en Moselle

La Moselle se trouve à la croisée des routes entre la France, le Saint-Empire et l’Espagne de Philippe V. Tout en gardant une neutralité officielle, le duché de Lorraine et ses bailliages (dont ceux de Metz et de Thionville) virent le conflit leur échapper dès 1702 : la vallée de la Moselle devint un couloir stratégique pour acheminer troupes et ravitaillements vers l’Espagne et le sud de l’Italie.

Déploiement permanent de colonnes françaises entre Metz, Pont-à-Mousson et Nancy. Cantonnements imposés dans les villages le long de la Moselle (Arnaville, Pontoy, Maizières-lès-Metz). Flotte légère sur la Moselle utilisée pour transporter blé, vin et munitions vers les places fortes de la Sarre.

Metz, Thionville, Sierck, Montmédy et Longwy restèrent des bastions clés : modernisés par Vauban, ils servirent de dépôts et de casernes. Les avant-postes de Sarrebourg et de Bitche furent renforcés pour surveiller les mouvements de la coalition austro-anglaise sur la frontière rhénane. Les garnisons entretenaient un petit chantier de génie militaire : élargissement des fossés, construction de redoutes avancées, stockage de poudre et de boulets.

Avec le Traité d’Utrecht (1713) puis Rastatt et Baden (1714) : la France conserve ses gains frontaliers mais doit évacuer la Lorraine. Retrait progressif des troupes françaises entre juillet 1714 et juin 1715, laissant derrière elles des villages exsangues. Réinstallation du duc Léopold à Nancy en juin 1715 : lancement de programmes de repeuplement, d’exonérations fiscales et de remise en culture des friches.

Sarrebourg le casino et l eglise saint barthelemy routes touristiques du bas rhin guide touristique de l alsaceLes bastions vaubaniens de Metz et Thionville conservent encore leurs casemates et leur organisation en étoile. Certains villages portent la trace des « maisons des soldats » où furent logés officiers et fantassins.

En 1737, le roi de Pologne Stanislas Leszczyński fut nommé duc de Lorraine par Louis XV, avant que celle-ci fut définitivement rattachée à la France en 1766.

Pour aller plus loin

  • Les archives départementales de la Moselle (séries E et C) renferment les registres des contributions et les délibérations des États de Lorraine liés à ces années d’occupation.
  • Explorer les lieux de mémoire : vestiges des camps militaires à Maizières-lès-Metz et Réchicourt-le-Château.
  • Consulter la correspondance du maréchal de Villars, commandant en chef, disponible aux Archives nationales de France.
  • Visiter le Musée de la Cour d’Or à Metz pour ses maquettes de fortifications et ses témoignages sur l’impact social de la guerre.

La Révolution française en Moselle

La Révolution française, proclamée en 1789, bouleversa l’ordre politique et militaire de l’Europe. La Moselle fut l'un des 83 départements créés à la Révolution française, le 4 mars 1790 en application de la loi du 22 décembre 1789, à partir notamment de la partie nord de la Province de Lorraine. La Lorraine fut partagée en 4 départements : la Meurthe, la Meuse, la Moselle et les Vosges. L'un de ses premiers préfets fut le comte de Vaublanc de 1805 à 1814.

Dès 1792, la toute jeune République fait face à une coalition de monarchies (Autriche, Prusse, Empire) qui souhaite écraser l’expérimentation républicaine. La Moselle, en première ligne sur la frontière rhénane, devient un théâtre d’opérations crucial où se fabriquent les armées et se forge l’identité nationale républicaine.

La Convention décrète la « levée en masse » en août 1793, mobilisant hommes et ressources. Création de l’Armée de la Moselle (octobre 1792), fruit du regroupement des troupes de Lorraine et de Champagne. Enrôlement automatique des conscrits, comités de surveillance pour lutter contre la désertion. Construction et modernisation des fortifications de Metz, Thionville et Longwy sous l’égide de l’agent national Houchard.

Vic sur seille petite cite de caractere chateau des eveque de metz routes touristiques de la moselle guide du tourisme de la lorraineSiège de Thionville (août–octobre 1792) : les Prussiens assiègent la ville mais échouent devant la détermination des gardes nationaux et des volontaires locaux.

Campagne de 1793 : l’Armée de la Moselle, commandée successivement par Houchard puis par Hoche, contre-attaque dans le Palatinat, repoussant Coalition et mercenaires.

Incursions ennemies : villages pillés entre Cattenom et Sierck, réquisitions de vivres et de chevaux. Les ruraux oscillent entre résistance passive et fuite vers Nancy ou Strasbourg.

La guerre s’accompagne de profondes mutations sociétales : le département de la Moselle se dote d’un directoire, de districts et de municipalités élus au suffrage censitaire avant d’évoluer vers le suffrage universel masculin. Remise en cause du droit seigneurial, abolition des privilèges et mise en place de la contribution patriotique. Fermetures d’églises, remplacement du calendrier grégorien par le calendrier révolutionnaire et installation des « cults de l’Être suprême ».

Par-delà les souffrances (réquisitions, maladies, exode rural), la période révolutionnaire inscrit la Moselle dans le giron de la nation : disparition du droit coutumier lorrain, adoption du Code civil napoléonien après 1804. Metz et Thionville deviennent des places fortes de première importance sous l’Empire.

Pour aller plus loin

  • Consulter les délibérations patriotiques aux Archives départementales de la Moselle (série L).
  • Visiter le CIM de Gorze, témoin des levées en masse et hôpital militaire.
  • Explorer le Musée de la Cour d’Or à Metz pour ses collections révolutionnaires et ses modèles de canons républicains.
  • Participer aux reconstitutions historiques organisées lors des Journées du patrimoine à Thionville et à Longwy.

Période napoléoniennes en Moselle

Les guerres napoléoniennes en Moselle

Entre 1804 et 1814, la Moselle fait pleinement partie du Premier Empire. Son rattachement, acquis depuis la Révolution, s’inscrit dans une vaste stratégie impériale visant à sécuriser le flanc est de la France face aux puissances coalisées. La région, riche en centres fortifiés (Metz, Thionville, Longwy), devient un verrou stratégique sur la frontière rhénane.

Sous Napoléon, la Moselle adopte le Code civil, unifiant les droits de propriété, de famille et de succession. Les contribuables locaux subissent de fortes impositions pour financer la Grande Armée et les fortifications.

La conscription, étendue à tous les cantons, provoque parfois des réticences, plus vives encore dans la partie germanophone de l’ancien duché de Lorraine. Pendant longtemps, on a vanté la loyauté inébranlable des Mosellans envers Napoléon, nourrie par les récits d’Erckmann-Chatrian et par l’historiographie de l’entre-deux-guerres (Henry Contamine, 1931). Pourtant, entre 1810 et 1813, la Lorraine allemande connaît plusieurs foyers de sédition paysanne rappelant les jacqueries d’Ancien Régime. Ces soulèvements traduisent le refus de la conscription, la contestation des impôts et le malaise face au poids de l’administration impériale.

Pange le chateau routes touristiques de la moselle guide du tourisme de la lorraineOpérations militaires marquantes en Moselle

Siège de Metz (3 janvier – 10 avril 1814) : Les forces françaises du général Durutte (30 000 hommes) repoussent 72 000 assaillants prussiens et russes. Les hôpitaux de Metz, saturés dès novembre 1813, accueillent blessés de Russie et de la campagne d’Allemagne, tandis que le typhus se propage dans la population civile. Le siège se termine par le levée de l’encerclement sans prise de la ville, symbole de la ténacité locale face à la Coalition.

La fin de l’Empire (1814–1815) laisse un paysage mosellan transformé : Fortifications modernisées sous Napoléon jouent un rôle clé jusqu’à la guerre de 1870. Le Code civil perdure, structurant le droit local au-delà de l’Empire. La mémoire des résistances paysannes disparaît progressivement des récits officiels, remplacée par le mythe d’une Moselle naturellement « française » et napoléonienne.

Pour aller plus loin

  • Consulter l’article « Le mythe de l’obéissance de la Moselle napoléonienne (1811-1814) » de Pierre Horn sur Cairn.info pour une analyse approfondie des sédits (1810–1813).
  • Explorer les archives militaires de Metz (série R) pour les correspondances de Durutte et les rapports sur le typhus.
  • Visiter le musée de la Cour d’Or à Metz pour découvrir maquettes de fortifications et souvenirs de la Grande Armée.
  • Participer aux Journées du patrimoine pour accéder aux tours et bastions conservés autour de Metz et Thionville.

​​​​​​​ Un territoire disputé : annexions et guerres

La région connue successivement des périodes d'indépendance et de rattachement à la France.

La Moselle est au cœur des tensions franco-allemandes. 1870 marque un tournant : à l’issue de la guerre franco-prussienne, la Moselle est annexée par l’Empire allemand (loi du 14 août 1871). Cette période voit l’introduction du droit allemand, la germanisation des écoles et l’extension des infrastructures ferroviaires. 1871 : après la guerre de 1870, le traité de Francfort annexe la Moselle et une partie de l’Alsace à l’Empire allemand.

Baerenthal donjon ruine du chateau de ramstein routes touristiques de la moselle guide du tourisme de la lorraineLa Première Guerre franco-prussienne (1870–1871) en Moselle

La guerre franco-allemande de 1870–1871 se déroule du 19 juillet 1870 au 29 janvier 1871, opposant l’Empire français de Napoléon III à la Confédération de l’Allemagne du Nord menée par la Prusse. Le 19 juillet 1870, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse. Rapidement, les armées françaises essuient des défaites décisives, et la chute de Sedan le 2 septembre 1870 entraîne la fin du Second Empire.

Opérations militaires en Moselle

  • Bataille de Spicheren (6 août 1870) : première grande victoire prussienne en Lorraine, forçant les Français à reculer vers Metz.
  • Bataille de Mars-la-Tour (16 août 1870) : combat intense près de Vionville, où l’infanterie française ralentit l’encerclement de Metz ; lourdes pertes de chaque côté.
  • Bataille de Gravelotte–Saint-Privat (18 août 1870) : plus de 40 000 tués ou blessés dans la plus vaste bataille du conflit, scellant l’isolement de la garnison de Metz.
  • Siège de Metz (19 août – 27 octobre 1870) : le maréchal Bazaine capitule après deux mois de siège, livrant 180 000 soldats français aux Prussiens et provoquant une crise sanitaire en ville.

Le traité de Francfort du 10 mai 1871 consacre la cession de l’Alsace (sauf Belfort) et d’une grande partie de la Moselle (moins Briey, plus Sarrebourg et Château-Salins) à l’Empire allemand. Un droit d’option permet à près de 160 000 Alsaciens-Lorrains de conserver la nationalité française, tandis qu’environ 50 000 choisissent d’émigrer vers la France pour échapper à la conscription obligatoire dans l’armée allemande à partir de 1872.

Création du Reichsland Elsaß-Lothringen en juin 1871, intégrant l’Alsace-Moselle dans l’Empire allemand et lui octroyant un statut administratif spécifique. Imposition d’un système juridique allemand, remplaçant progressivement le Code civil et provoquant des tensions culturelles et linguistiques. Modernisation des infrastructures (réseaux ferrés, écoles, hôpitaux) sous l’autorité prussienne, jetant les bases de l’industrialisation à venir.

Le traumatisme de la perte de la Moselle traverse les générations et nourrit le mouvement revanchard en France. Sur place, la coexistence forcée entre populations francophones et germanophones forge une identité régionale hybride, que la réintégration en 1918 viendra complexifier à nouveau.

Pour approfondir :

  • Consulter la chronologie détaillée des combats en Moselle « Guerre franco-allemande de 1870 ».
  • Explorer les correspondances et rapports du maréchal Bazaine aux archives de Metz (série R).
  • Visiter le Mémorial Alsace-Moselle à Schirmeck pour comprendre l’impact des annexions et le droit d’option ; expositions permanentes sur 1870–1871.

La Première Guerre mondiale en Moselle

Entre 1871 et 1918, la Moselle est intégrée à l’Empire allemand sous le nom de district de Lorraine (Bezirk Lothringen). Au déclenchement de la guerre en août 1914, elle se trouve entièrement sous administration allemande, fortifiée et mobilisée pour soutenir l’effort militaire impérial.

Pendant la Première Guerre mondiale (1914–1918), la Moselle reste sous administration allemande en tant que district de Lorraine (Bezirk Lothringen), transformée en arrière-front stratégique et siège de garnisons importantes.

Gros ouvrage du galgenberg routes touristiques de la moselle guide du tourisme de la lorraineLa population mosellane fait face à une présence militaire accrue, à la mobilisation des hommes pour l’armée allemande et à la surveillance policière renforcée. Les réquisitions de chevaux, de vivres et d’équipements se multiplient, tandis que l’inflation et le rationnement pèsent sur le quotidien. Dans les écoles, l’allemand devient langue d’enseignement obligatoire et la propagande nationaliste rythme la vie publique.

Le 11 novembre 1918 marque la fin des hostilités et la libération de la Moselle par l’armée française, accompagnée de la formation de conseils d’ouvriers et de soldats en Alsace-Lorraine. Le 15 novembre 1918, l’administration française réinstaure ses services dans ce qu’elle nomme « territoire de Lorraine ». Le 28 juin 1919, le traité de Versailles confirme le rattachement définitif de la Moselle à la France.

La fin de la guerre revêt une signification particulière : le territoire redevient français de fait en 1918 avant d’être définitivement réintégré par le traité de Versailles en 1919. Les structures administratives allemandes sont progressivement remplacées, mais certaines particularités législatives (concordat, droit local) demeurent en vigueur dans le droit mosellan. Le retour à la France s’accompagne d’un vaste effort de francisation de l’école, de l’administration et de la vie publique, générant parfois des tensions avec une population germanophone restée attachée à ses usages.

Principales batailles de la Moselle pendant la Première Guerre mondiale

Bataille de Lorraine (5 août – 15 septembre 1914)

La bataille de Lorraine fut l’opération majeure qui se déroula partiellement sur le territoire du département de la Moselle, alors intégré au Bezirk Lothringen allemand. Elle mobilisa près de 1 200 000 hommes et opposa les 1ᵉʳ et 2ᵉ armées françaises aux 6ᵉ et 7ᵉ armées allemandes sur un front étendu de Pont-à-Mousson jusqu’au Donon, incluant plusieurs secteurs de Moselle moderne.

Cette campagne s’organisa en quatre phases principales :

  • Couverture de la frontière en Moselle (5 – 13 août 1914) : Les unités françaises cherchent à fixer l’armée allemande loin de la Meurthe-et-Moselle et du plateau de Haye.
  • Offensive française en Moselle allemande (14 – 19 août 1914) : Les troupes franchissent sur 18 km la frontière entre Pettoncourt et Moncourt, avec violents combats dans le secteur de Morhange.
  • Contre-offensive allemande et repli français (20 – 24 août 1914) : Le 20 août marque un tournant : les Allemands, bien renseignés, repoussent les Français vers la Moselle, provoquant de lourdes pertes.
  • Relance de l’offensive française et stabilisation du front (25 août – 15 septembre 1914) : Les armées françaises stoppent la poussée ennemie et reprennent quelques positions, avant que la ligne de front ne se fixe au-delà de la Moselle.

Ouvrage du kerfent routes touristiques de la moselle guide du tourisme de la lorraineAprès septembre 1914, le département de la Moselle resta en zone arrière-front, sans batailles d’envergure jusqu’à l’automne 1918. Aucune opération majeure n’y eut lieu avant la libération pacifique de Metz et Thionville par l’armée française en novembre 1918. La Première Guerre mondiale rend la liberté à la Moselle en 1918, mais l’occupation allemande redevient réalité en mai 1940.

Pour aller plus loin

  • Explorer l’article « 1918. La Moselle retrouvée » sur France Archives pour comprendre l’état du territoire et les enjeux de sa restauration française.
  • Consulter les rapports et archives de la série R aux Archives départementales de la Moselle pour les documents relatifs à la libération et à la mise en place de l’administration française.
  • Visiter le Musée de la Cour d’Or à Metz pour découvrir les collections consacrées aux conséquences de la Première Guerre mondiale en Moselle et  les vestiges de l’ouvrage fortifié du Galgenberg à Metz, théâtre d’exercices de garnison et d’occultations pendant toute la guerre.
  • Parcourir les vestiges de la ligne fortifiée Séré de Rivières autour de Metz, témoins de l’organisation défensive allemande
  • Explorer le site Histoire-Lorraine.fr pour une chronologie jour par jour des quatre phases de la bataille de Lorraine en Moselle.
  • Découvrir les témoignages de poilus mosellans publiés dans les Cahiers de la Grande Guerre des Archives départementales de la Moselle.

La Seconde Guerre mondiale en Moselle

En septembre 1939, au déclenchement du conflit, près de 302 732 Mosellans (45 % de la population) sont évacués vers le Centre–Ouest de la France (Charente, Vienne, Haute-Vienne, Haute-Loire) pour mettre à l’abri les civils des premiers combats et de l’avancée allemande.

Ouvrage d anzeling routes touristiques de la moselle guide du tourisme de la lorraineLe 14 juin 1940, Metz est déclarée « ville ouverte » et occupée sans combat majeur, ouvrant la voie à la répression allemande. Le 25 juillet 1940, la Moselle est annexée de fait au IIIe Reich et rebaptisée CdZ-Gebiet Lothringen, intégrée au Gau Westmark sans traité international de ratification. L’administration allemande impose la germanisation des noms de lieux, l’usage de l’allemand à l’école et installe un appareil policier (Gestapo, SS) pour traquer toute résistance.

Défense passive et sabotages (mai–juin 1940), avant même l’annexion, des cheminots et agents des PTT organisent des sabotages : Des câbles téléphoniques sont coupés sur la ligne Metz–Paris pour perturber les liaisons allemandes. Des signaux ferroviaires sont faussés, retardant la progression des blindés en Lorraine. Ces actions, basées sur le volontariat clandestin, témoignent d’une première résistance locale face au Reich.

Dès 1940, les Mosellans subissent contrôles, arrestations et internements pour activité résistante ou non-conformité au régime nazi. Des milliers de civils sont déportés en Allemagne pour le travail forcé (Service du travail obligatoire) et soumis aux bombardements alliés ciblant les usines et voies ferrées.

En 1942, environ 130 000 Alsaciens et Mosellans sont incorporés de force dans l’armée allemande, les fameux « Malgré-nous ». Parmi eux, 40 000 périssent sur le front de l’Est.

Témoignages de « Malgré-nous » mosellans

Robert Prince (Saulxures, Moselle) : À 17 ans, Robert Prince reçoit sa lettre d’incorporation et comprend qu’il doit partir : « Si tu pars, tu reviendras peut-être, mais si tu ne veux pas partir, les parents trinquaient. Ils les emmenaient dans des camps en Allemagne. C’était ça ou partir. Eh bah on est partis ! » Sur place, il refuse de chanter avec les soldats allemands : « On ouvrait la bouche, pour faire comme si on chantait… Il me criait dessus : “Singen, singen, singen”. Mais moi, je ne savais pas ce que je chantais ! »

Hubert Groshens (Moselle) : Incorporé peu après Robert, Hubert Groshens n’ira jamais sur le front : capturé par les Américains en 1944, il revient en France. Il se souvient de l’hostilité civile : « Quand on passait sous les ponts, les gens nous pissaient dessus. Ils nous jetaient n’importe quoi, selon ce qu’ils avaient sous la main. Il y avait une telle haine contre les Allemands… Nous aussi on portait l’uniforme, donc on était traités de boches. »

Extrait des mémoires de Roger François : Roger François relate : « J’avais 16 ans, j’étais un “malgré-nous” en Prusse orientale ». Dans ses carnets, il décrit son arrachage à la vie familiale, le baptême du feu et la débâcle en Russie, puis l’espérance déçue de retrouver un pays libéré après sa captivité soviétique.

Pour approfondir ces récits :

  • Le dossier oral de Philippe Porte sur Innov@thèque présente des entretiens complets avec d’anciens Malgré-nous de Moselle.
  • Le site Malgré-nous.eu propose les mémoires intégrales de Roger François et d’autres incorporés de force mosellans.
  • Les témoignages recueillis par l’ONAC-VG d’Alsace-Moselle offrent une vision collective de cette génération marquée par la guerre et l’exil forcé.

Les carrières de Wittring alimentaient le Reich en matériaux pour la fabrication des fusées V1 et V2, sous la supervision directe du ministre Albert Speer, témoignant de l’ampleur de la réquisition industrielle en Moselle occupée. Les fortifications Maginot (notamment le fort de Fermont) sont occupées par les Allemands puis servent de bases arrière pour la défense du Reich.

Outre les combats frontaux, les réseaux de résistance en Moselle sont actif : Interception et destruction de convois militaires allemands sur la RN 3 par le réseau « Marthe ». Passage de clandestins vers la zone libre et information des Alliés sur les positions de l’artillerie du Reich. Mutineries et désertions massives au sein des Malgré-nous (incorporés de force), notamment autour de Neuves-Maisons en 1943.

Au printemps 1943, des paysans des environs de Bitche, en collaboration avec des agents du réseau Marthe, aménagèrent plusieurs caches sous des baraquements abandonnés de la ligne Maginot. Les résistants y dissimulaient des armes et des munitions en provenance de parachutages alliés. Les inventaires des Archives départementales de la Moselle soulignent l’importance de ces caches pour l’approvisionnement des maquis de la vallée de la Sarre, notamment lors de l’opération Spring de 1944, où plus de 150 fusils furent distribués aux groupes FTP locaux.

À l’automne 1943, un groupe du mouvement « Lorraine » infiltra un tronçon de la voie ferrée entre Sierck-les-Bains et Thionville. Les résistants, issus pour la plupart de la sidérurgie mosellane, placèrent des détonateurs artisanaux sous les rails. Dans la nuit du 12 au 13 novembre, deux trains de ravitaillement allemands furent déraillés, retardant plusieurs régiments en route vers le front de l’Est. Cette action illustre la capacité de la Résistance mosellane à frapper directement l’appareil économique et logistique ennemi.

En avril 1944, un petit groupe de cheminots lorrains décida de couper les câbles téléphoniques reliant la gare centrale de Metz au poste de commandement local. L’opération, menée à l’aide de pinces coupantes et de détecteurs de câbles, mit hors service les liaisons pendant près de 48 heures. Des témoignages recueillis à l’Espace de Mémoire Lorraine indiquent que cette coupure perturba les communications de la Wehrmacht pendant la préparation de ses défenses contre l’avance alliée.

Petit ouvrage de rohrbach routes touristiques de la moselle guide du tourisme de la lorraineLes combats de libération (1944)

À l’été 1944, l’avance alliée longe la Moselle : la bataille de Metz (27 septembre–22 novembre 1944) oppose la garnison allemande retranchée dans les forts à la US Third Army du général Patton. Les forts résistèrent farouchement : Fort Driant, Fort Koenigsmacher et la citadelle de Metz tombent coup sur coup, avec de lourdes pertes dans les deux camps. 

Métropole fortifiée depuis Vauban et renforcée par la ligne Maginot, Metz devient un verrou qu’il faut absolument neutraliser : La 3rd US Army du général Patton encercle la ville et engage une série d’assauts contre les forts (Driant, Jeanne-d’Arc, Saint-Quentin). Les tirs d’artillerie lourde alliée et les attaques de blindés US rencontrent une résistance acharnée : les forts tiennent plus de deux mois, infligeant de lourdes pertes. La capitulation allemande n’intervient qu’après la destruction partielle des ouvrages et l’épuisement des munitions.

Au même moment, la progression des armées alliés vers le nord : Thionville est libérée le 9 septembre par des éléments de la 90th Infantry Division US sans combat urbain, la Wehrmacht préférant se replier. Longwy tombe le 12 septembre après des accrochages dans les faubourgs, mais le pont sur la Chiers est détruit pour ralentir l’avance alliée. Ces prises permettent de consolider la jonction entre la 3rd et la 7th Army. Mais les destructions d’infrastructures et les bombardements laissent un territoire dévasté.

L'operation Undertone (15–25 mars 1945) est la dernière grande offensive alliée en Moselle : La 7th US Army (général Patch) et la 3rd US Army (général Patton) déclenchent l’attaque simultanée entre Sarreguemines et Bitche. Objectifs : percer la « Moselstellung », ligne de défense allemande le long de la Moselle et de la Sarre. Après dix jours de combats acharnés (forêts de Haguenau, collines de Woerth), les unités US percent jusqu’à la rive est du Rhin.

Combat de la Poche de Colmar (décembre 1944 – février 1945) : bien que centrée sur l’Alsace, cette poche englobe la frange sud de la Moselle : Des unités de la 28th Division US et de la 1st French Army repoussent la 19th Wehrmacht dans les secteurs de Faulquemont et Sarrebourg. La prise du village de Rosselange (janvier 1945) et la rupture de la ligne Albert en février ouvrent la voie à la liaison franco-américaine.

Dès novembre 1944, l’administration française rétablit le département de la Moselle. Le traité de Paris (10 février 1947) confirme la frontière de 1919 et la pleine souveraineté française. Après la Libération de 1944, la Moselle intègre définitivement la République française, marquant la fin des fluctuations territoriales du XIXe et XXe siècle.

Cette période jusqu'au XXe siècle est marquée par trois annexions allemandes, en 1870 puis lors des première et seconde guerres mondiales.

Figures emblématiques de la Résistance mosellane

  • Jean Burger (1912–1944) Ouvrier métallurgiste à Metz, CGT et membre clandestin du PCF. Fondateur en 1941 du groupe « Mario », l’un des réseaux les plus actifs en Moselle, spécialisé dans le renseignement et le sabotage des voies ferrées. Arrêté en mars 1943 par la Gestapo, il meurt en déportation à Dachau en janvier 1944.
  • Léon Joseph (1901–1945)Instituteur à Sarrebourg, fondateur du réseau « Espoir Français » en Lorraine annexe. Achemine clandestinement des tracts et recueille des informations sur les troupes allemandes pour la France Libre. Exécuté par la Gestapo à Strasbourg en mai 1945, quelques jours avant la Libération.
  • Madeleine Dubois dite « Mado » (1918–2001)Infirmière à Thionville, agent de liaison du réseau « Marthe ». Organisait les liaisons téléphoniques clandestines et la remise d’armes parachutées. Après-guerre, ses mémoires permettront de reconstituer le rôle des femmes dans la Résistance mosellane.
  • Jean-Louis Wagner (1913–1990) : Commerçant à Bitche, chef local du réseau SAP (Services Action et Pénurie). Organisait le sabotage des lignes électriques et ferroviaires dans le Pays de Bitche. Arrêté en 1944, condamné à mort puis gracié, il joua un rôle clé dans la réorganisation du département après-guerre.
  • Henriette Chapel (1922–1944) : Jeune résistante du maquis de la forêt de Haguenau, originaire de la Moselle. Patrouillait pour protéger les caches d’armes et guidait les parachutages alliés. Tuée lors d’une embuscade allemande en août 1944, elle symbolise le sacrifice des maquisards lorrains.

Pour aller plus loin :

  • Sur le plan mémoriel, musées, stèles et cérémonies commémoratives honorent à la fois la souffrance des civils, l’engagement des résistants et le sacrifice des Malgré-nous.
  • Étudier la cartographie détaillée de l’opération Undertone sur le site de la US Army Center of Military History.
  • Consulter les témoignages de résistants mosellans publiés dans Moselle et Mosellans dans la Seconde Guerre mondiale (dir. F.-Yves Le Moigne).
  • Cédric Neveu, La Résistance en Moselle : le groupe Mario (trilogie).
  • Archives orales de l’ONAC-VG Alsace-Moselle (témoignages de « Mario », « Marthe », SAP).
  • Musée de la Cour d’Or à Metz (expositions temporaires sur les réseaux lorrains).
  • Visiter le Fort de Driant à Metz pour comprendre l’architecture défensive et les conditions du siège de 1944.
  • Parcourir les archives orales des Malgré-nous à l’Association nationale des Anciens Malgré-nous et Enfants de Malgré-nous.
  • Fresque vidéo « L’annexion de la Moselle par le IIIe Reich (1940-1944) » sur Panorama Grand Est (INA).
  • Carrière de Wittring : découverte de son rôle dans la production des armes allemandes (Républicain Lorrain).

​​​​​​​Une Moselle moderne, entre mémoire et ouverture

Ces va-et-vient ont profondément marqué l’identité locale, mêlant traditions françaises et influences germaniques.

Après la guerre, le charbon et l'acier connurent un essor prodigieux puis un déclin à partir des années 1970. Le département tente une reconversion en favorisant l'implantation d'industries automobiles, agro-alimentaires, logistiques et plasturgiques. L'emploi transfrontalier se développe avec l'Allemagne et le Luxembourg. Les décennies d’après-guerre se caractérisent par la modernisation industrielle, notamment dans la sidérurgie : Florange, Gandrange et Uckange deviennent des pôles majeurs.

Les projets de réhabilitation des friches industrielles transforment les friches en espaces verts et en centres culturels à Forbach et Thionville. Aujourd’hui, la Moselle préserve son riche patrimoine : citadelles, musées de mémoire, villages pittoresques et sites industriels reconvertis. Son histoire mouvementée en fait un symbole de résilience et de métissage culturel, à la croisée de l’Europe. La viticulture mosellane renaît autour de Metz et de Cattenom, jalonnée de villages où les coteaux calcaires produisent des vins blancs réputés.

Les grands sites à ne pas manquer :

Aujourd’hui, la Moselle conjugue tradition et innovation. Ses monuments historiques ; cathédrales gothiques, maisons à colombages, forts Vauban, côtoient des projets de smart city et d’écotourisme.

  • La cathédrale Saint-Étienne de Metz
  • Le château de Malbrouck à Manderen
  • Les jardins de Sierck-les-Bains
  • Le musée de la Cour d’Or

Héritage et lieux de mémoire

  • Fortifications de Metz : tours, bastions et casemates de toutes époques, vestiges encore visitables.
  • Champs de bataille de Lorraine : sentiers de découverte autour de Gravelotte et de Arracourt.
  • Musées militaires : musée de la Guerre de 1870 à Gravelotte, musée de la Cour d’Or à Metz (collections napoléoniennes).

Nos coups de coeur dans la Moselle

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N'oubliez pas !

Les lieux les plus enchanteurs sont souvent les plus vulnérables. L'affluence du tourisme pouvant fragiliser encore plus les lieux, veillez à en prendre soin et à ne laisser aucune trace de votre passage. Par respect pour les habitants et l'environnement, merci de respecter le droit de propriété et à la vie privée, respecter les panneaux signalétiques et consignes. 

  • Veillez à toujours respecter les biens et les personnes lors de votre passage et de ne pas pénétrer sur les terrains privés.
  • Observez le code de la route en tous lieux et en toutes circonstances, et soyez courtois avec les autres usagers que vous pourrez croiser sur votre chemin.
  • Camping et Feux interdits (pas de barbecue) - La nature est fragile et des chutes de pierres sont parfois fréquentes.
  • Veuillez ramasser vos déchets avant de partir. Plus que les sacs plastiques ou les pailles, ce sont les mégots de cigarettes qui pollueraient le plus les océans. les filtres à cigarettes se dégradent très lentement. Deux ans en moyenne. L'un des "petits gestes élémentaires" à accomplir : ne plus jeter ses mégots par terre. ​Pensez boite à mégots.

Soyez vigilants et attentifs à tous ces petits gestes pour que nos petits et grands paradis le reste encore de nombreuses années et que les personnes qui passeront derrière nous en profitent tout autant.

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