Histoire de Bayeux (14)
Nichée au cœur du Calvados, Bayeux est l’une des villes les mieux préservées de Normandie. Découvrir Bayeux, c’est plonger dans 2000 ans d’histoire marquée par plusieurs évènements importants. L’histoire de la ville commence par sa fondation à l’époque Gallo-Romaine sous le nom d’Augustodurum. L’histoire de Bayeux est un formidable condensé de l’histoire de la Normandie et de la France : cité gallo-romaine, foyer viking, bastion du duché, témoin majeur du Débarquement… Chaque rue, chaque pierre conserve une part de ce passé exceptionnel.
Épargnée par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, elle offre aujourd’hui un remarquable panorama de près de 2 000 ans d’histoire. Entre héritage médiéval, mémoire viking et rôle majeur en 1944, Bayeux raconte une histoire unique en France. Bayeux est une ville normande au riche passé qui s’est développée le long de la rivière Aure et dont le centre historique conserve des traces de l’Antiquité au XXe siècle. Bayeux fut la première ville française libérée suite au Débarquement, le 7 juin 1944.
Aujourd’hui, Bayeux offre au visiteur un voyage unique à travers les siècles, à découvrir sur la route de vos vacances.
Histoire de Bayeux : un voyage millénaire au cœur de la Normandie !
Aux origines : des Gallo-Romains aux premiers évêques
Bayeux, est alors appelée Augustodurum, fondée pendant l’époque gallo-romaine. Pourquoi ce nom ? A l’époque, c’est l’Empereur Auguste qui règne à Rome et la nouvelle cité rend ainsi hommage au dirigeant romain. Elle est déjà un carrefour et va amasser de nombreuses richesses. Qui va attiser forcément les convoitises...
Les informations que nous possédons sur le Bayeux antique restent succinctes. La ville est citée par Ptolémée, qui vivait sous Antonin le Pieux, sous le nom de Noemagus Biducassium (pour Noviomagos Badiocasso : le nouveau marché des Badiocassi) et a gardé ce nom jusqu'à la domination romaine. Elle a été ensuite désignée sous le nom de Bajocassum. La grande rue actuelle en constituait déjà l'axe principal. Deux bâtiments thermaux, l'un sous l'actuelle église Saint-Laurent, l'autre sous l'ancienne poste, rue Laitière, sont attestés témoignant de l'adoption des coutumes et croyances romaines car on y a trouvé une tête sculptée de Minerve, conservée au musée Baron-Gérard. La mise au jour au XIXe siècle d'énormes blocs sculptés sous la cathédrale faisait pressentir l'existence d'un important édifice romain, ce qu'une campagne de fouilles menée en 1990 sur le bas-côté nord a confirmé.
Fondée à l'époque gallo-romaine, au Ier siècle av. J.-C. sous le nom d'Augustodurum, Bayeux est donc la capitale du Bessin autrefois territoire des Bajocasses, peuple de l'ancienne Gaule dont le nom apparaît dans Pline l'Ancien. Mais les preuves d'occupation humaine du territoire sont antérieures comme en témoigne le camp fortifié du cavalier d'Escures à Commes avec ses fortifications dominant la mer d'un côté et la vallée de l'Aure de l'autre. Un autre camp fortifié existait à Castillon d'une surface de trente-cinq hectares. Les historiens n'ont pas de preuves de l'existence d'une ville celte antérieure à l'intégration du Bessin dans l'Empire romain. Bayeux se limitait sans doute à des cabanes disséminées sur les bords de l'Aure et de la Drôme à l'emplacement de Saint-Loup-Hors et aux habitations des druides sur le mont Phaunus, à l'est de la ville, où ils célébraient leur culte. Puis, César envahit les Gaules et un de ses lieutenants, Titus Sabinus, entra dans le Bessin et le soumit à la domination romaine.
Augustodurum a été bâtie à un carrefour important entre Noviomagus Lexoviorum (Lisieux) et Alauna (Valognes), axe que suit la decumanus maximus, l'actuelle Grand-rue. La cité s'est d'abord développée sur la rive ouest du fleuve, est devenue un centre commercial et artisanal important en Normandie. Sur le mont Phaunus, partagé entre Bayeux et Saint-Vigor-le-Grand, des fouilles archéologiques ont mis au jour des restes de nécropoles. Le mont Phaunus, ancien centre druidique, a fortement contribué à la construction de l'identité religieuse de la ville.
Située sur un axe stratégique entre la Manche et le territoire de Caen, Augustodurum se développe rapidement : rues orthogonales, thermes, forum… une petite cité typique de l’Empire. Bayeux s'inscrit rapidement comme un noyau administratif et économique dans la plaine bas Normande. La ville antique s’organise autour d’un réseau viaire et de quartiers structurés qui influencent encore le tracé du centre ville médiéval, montrant une occupation continue du Haut Empire au Bas Empire. La découverte et la protection des thermes rue Laitière constituent un témoignage matériel majeur de la romanité locale : petit édifice thermal daté du IIe siècle, fouillé depuis la fin du XIXe siècle et inscrit au titre des vestiges archéologiques, ils indiquent la diffusion des usages et techniques romaines (bains, chauffage) dans la cité. Ces thermes illustrent la présence d’équipements publics domestiquant les usages romains (bain, chauffage, techniques de plomberie). L’ensemble semble avoir été abandonné après un incendie au IVe siècle et les couches archéologiques des thermes ont fait l’objet de remblaiements et de réemplois ultérieurs.
Au IIIe siècle la cité dispose d’une enceinte urbaine défensive qui marque une évolution de l’organisation spatiale face aux crises du Bas Empire. Cette enceinte quadrangulaire ; castra de 450 × 350 mètres sera détruite au XVIIIe siècle. Les remblaiements postérieurs et les réaffectations de niveaux archéologiques montrent une ville qui se transforme progressivement jusqu’au haut Moyen Âge, avant d’être recouverte ou réutilisée par les occupations médiévales et postérieures. On peut en apercevoir un vestige découvert lors de fouilles au pied de la cathédrale. Vous pouvez vous faire une idée de son tracé rectangulaire sur le blog Remparts de Normandie. Bayeux était alors une des cités les plus importantes de la Seconde Lyonnaise qui deviendra la Normandie. A cette époque, la cité devient un évêché, signe de son importance croissante dans la région.
Augustodurum était un des points forts, contre les invasions barbares, du litus saxonicum, le système de défense côtier de l'Empire romain contre les pirates saxons et frisons, et une garnison romaine de lètes bataves y est attestée dans la notitia dignitatum. Les historiens situent le martyre de saint Floxel sous Maximin le Thrace vers 235-238 sur le mont Phaunus. saint Exupère y aurait impulsé le premier élan de l'évangélisation. Saint Vigor, évêque de Bayeux, y terrassa un dragon et créa un monastère.
Au IVe siècle, après la déliquescence de Rome, des groupes de saxons originaires de Basse-Saxe parviennent à s'implanter dans la région de Bayeux qu'ils détruisirent ; la région est alors appelée Otlinga saxonia. Au Ve siècle, avec la chute de l'Empire romain d'Occident, Bayeux est rattachée à la Neustrie, les évêques, parfois issus de la famille royale comme Hugues, le neveu de Charles Martel, augmentent leur pouvoir. À la fin du VIe siècle, la population est christianisée, la ville prospère et devient un centre religieux, siège d'un épiscopat. Bayeux tombe sous l’autorité religieuse avec son premier évêque, Saint-Exupère qui fonde aussi la première cathédrale.
Apports des fouilles récentes
Les opérations archéologiques menées en centre ville ont permis de préciser le plan parcellaire antique, la chronologie des comblements et l’emplacement d’installations publiques et privées. Ces études interdisciplinaires replacent Bayeux parmi les agglomérations gallo romaines de la région dont l’emprise perdure dans le tissu urbain médiéval.
Où voir ces vestiges aujourd’hui
- Les vestiges des thermes de la rue Laitière sont protégés et signalés dans le secteur sauvegardé ; ils sont accessibles visuellement et documentés dans les notices patrimoniales locales et muséales pour le grand public et les chercheurs.
- Incendie et abandon partiel au IVe siècle : les couches archéologiques des thermes montrent un épisode d’incendie suivi d’un abandon et de remblaiements à la fin de l’Antiquité, révélant des transformations urbaines et une fragilisation des équipements publics au Bas Empire.
L’héritage viking : naissance de la Normandie !
Au IXᵉ siècle, les incursions vikings frappent la région. La cité est prise, ravagée, puis intégrée au futur duché de Normandie. Bayeux devient alors un haut lieu de la culture scandinave. Le chroniqueur Dudon de Saint-Quentin relate même que Bayeux fut pendant un temps la capitale des “Danos”, ces Normands d’origine viking. Ce passé nordique survivra dans les noms de lieux, l’architecture militaire et une partie de la culture locale.
Contexte général et chronologie (VIIIe–Xe siècle)
À partir du milieu du IXe siècle, les raids scandinaves se multiplient en Normandie : drakkars remontant les estuaires et fleuves attaquent villes et monastères, et des groupes de Vikings commencent à s’installer durablement dans la région plutôt que de repartir chaque hiver. Bayeux est touchée par ces incursions et fait partie des agglomérations normandes frappées par les pillages et les occupations temporaires.
Les raids sur Bayeux et leurs conséquences immédiates
Plusieurs campagnes vikings concernent directement le Bessin et les villes voisines : pillages d’églises, incendies et prise de butin modifient l’équilibre économique et démographique local. Ces attaques entraînent la nécessité de renforcer les défenses urbaines et contribuent à des transformations du tissu urbain (remparts, fossés, déplacements de populations) observables dans les couches archéologiques et les sources médiévales.
Installation et acculturation : de la violence aux pactes politiques
La présence viking évolue du simple raid vers des implantations stables. La mutation politique la plus déterminante est la formation d’un pouvoir scandinave en Basse-Seine autour de chefs comme Rollon, qui négocie avec le roi franc des concessions territoriales et un statut légal (traité et reconnaissance) permettant l’exercice du pouvoir local par ces nouveaux seigneurs, processus qui prélude à la création de la Normandie. La rétroaction locale se traduit par des mariages, des alliances et l’intégration progressive de cadres scandinaves dans les élites régionales.
Figures locales et mémoire (Poppa et lignées)
La tradition locale associe Bayeux à des figures liées à la période d’implantation scandinave, comme Poppa, présentée par certaines sources médiévales comme une femme liée à Rollon et mère d’une lignée ducale qui entre dans la mémoire normande et bayeusienne; ces traditions ont servi à construire des généalogies et une légitimation des nouveaux pouvoirs après la conversion et l’intégration des Scandinaves.
Vestiges, archéologie et traces dans la ville
Les traces matérielles de la période viking autour de Bayeux doivent être lues dans la continuité des transformations urbaines : réaménagements de l’espace défensif, réemplois de structures antiques ou mérovingiennes, et indices de contacts (objets scandinaves, changements dans la circulation monétaire et artisanale). Ces marqueurs sont plus difficiles à isoler que pour les grands sites portuaires, mais la documentation archéologique et les recherches régionales confirment une forte empreinte scandinave dans la structure politique et sociale de la région.
Héritage culturel et commémorations contemporaines
La présence viking reste vive dans la culture locale : reconstitutions, festivals et expositions autour de la période (notamment lors des Médiévales et d’événements patrimoniaux) rappellent l’importance de ce chapitre historique pour Bayeux et la Normandie, et favorisent la médiation entre recherche et public. Ces manifestations contribuent à réinterpréter et populariser la période viking dans la mémoire collective bayeusienne. Si la période Viking vous intéresse, je vous recommande vivement d’aller faire un tour au parc historique d’Ornavik à côté de Caen.
Le Moyen Âge : Guillaume le Conquérant et la célèbre Tapisserie !
Les Vikings commandés par Rollon détruisent Bayeux en 890, après une forte résistance de Bérenger II de Neustrie. Elle est reconstruite au début du xe siècle, sous le règne de Bothon, compagnon de route de Rollon et comte du Bessin. Au xie siècle, cinq bourgs se créent à l'extérieur de l'enceinte, essentiellement au nord et à l'est, traduisant le développement de la ville pendant la période ducale. Sous l'impulsion de l'évêque Hugues II et de son successeur, Odon de Conteville, demi-frère de Guillaume le Conquérant, Bayeux s'enrichit d'une nouvelle cathédrale, dédicacée en 1077. C'est pourtant à cette période que la ville perd de l'influence. Guillaume le Conquérant décidant en 1050 d'installer la capitale de son duché à Caen. On peut voir sur la scène 22 de la tapisserie de Bayeux une représentation de la ville forte de Bayeux.
Un château-fort est élevé au Xe siècle par Richard Ier de Normandie à l’emplacement de l’actuelle Place du Général de Gaulle. Il n’en reste plus rien aujourd’hui car n’ayant plus d’utilité, les habitants ont demandé à Louis XV de pouvoir le démanteler. Vous pouvez toutefois vous imaginer franchir les douves quand vous sortez de l’actuelle rue de la Maîtrise. La place a été renommée en l’honneur du Général de Gaulle qui prononça à cet endroit son discours de Bayeux après le débarquement.
Le XIᵉ siècle marque l’âge d’or de Bayeux
Contexte et chronologie générale
Du XIe au XVe siècle Bayeux fonctionne comme un centre religieux, administratif et commercial du Bessin, dont le profil urbain et monumental se construit autour de la cathédrale, de l’évêché et d’un tissu de rues et de maisons médiévales qui subsistent encore aujourd’hui dans le centre ville. La cité est dominée par l’évêque et l’institution diocésaine : la cathédrale Notre Dame devient le centre spirituel, liturgique et culturel de Bayeux, attirant chanoines, pèlerins et artisans au service du culte et des grands chantiers de construction qui rythment le haut Moyen Âge et le XIe siècle.
Le centre médiéval rayonne grâce aux marchés, aux métiers (tissage, tanneur, forgeron, commerce fluvial sur l’Aure) et à un parcellaire médiéval encore lisible dans les rues actuelles. Les échanges régionaux, la production locale et la présence ecclésiastique créent une économie urbaine relativement stable jusqu’aux crises des XIVe–XVe siècles.
La Tapisserie de Bayeux
La Tapisserie de Bayeux, chef d’œuvre du XIe siècle, raconte la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant et aurait été commandée par l’évêque Odon de Conteville, demi-frère de Guillaume le Conquérant pour orner la cathédrale. Elle reste l’un des documents visuels les plus précieux pour comprendre la période de 1064–1066 et la victoire d’Hastings en 1066. Témoignage visuel exceptionnel du Moyen Âge, cette broderie de 70 mètres est aujourd’hui classée au registre “Mémoire du monde” de l’UNESCO.
La Tapisserie de Bayeux, brodée au XIe siècle, illustre la place centrale de Bayeux dans l’histoire normande et anglo normande en offrant une narration visuelle de la conquête de l’Angleterre et des rapports entre évêques, ducs et rois ; elle est aussi un instrument de mémoire et de légitimation politique pour les élites locales et ducales.
Extrait de la tapisserie de Bayeux
En 1105, alors que le duché de Robert Courteheuse est envahi par son frère le roi d'Angleterre Henri Beauclerc, la ville est défendue par Gounier d'Aunay mais prise et incendiée pour montrer l'exemple aux autres villes de Normandie. L'annexion de la Normandie au domaine royal capétien en 1204 renforce l'importance politique et économique de cette dernière. Bayeux compte alors une vingtaine d'églises paroissiales ou chapelles ; elle est assez riche pour acheter une charte communale à Richard Cœur de Lion.
La cathédrale Notre-Dame
Bayeux s’est imposée dès l’Antiquité puis au Moyen Âge comme un centre religieux et politique de première importance en Normandie. Sa cathédrale Notre Dame, joyau de l’architecture romane puis gothique, a été consacrée en 1077 en présence de Guillaume le Conquérant, ce qui marque l’importance ecclésiastique et symbolique de la cité au XIe siècle. La cathédrale romane, puis gothique domine toujours la ville, elle symbolise le pouvoir de l’Église et ducale dans la Normandie médiévale.
Bayeux pendant la Guerre de Cent Ans
Entre le début du XIIee siècle et la fin de la guerre de Cent Ans, Bayeux souffre à plusieurs reprises de pillages, notamment en 1356, où la ville est incendiée par Philippe III de Navarre, père de Charles le Mauvais. Restée à peu près intacte jusqu'en 1417 contrairement à des villes normandes comme Avranches ou Caen, après le siège et la prise de Caen par le roi d'Angleterre Henri V, la ville ouvre ses portes aux Anglais qui s'en emparent et la saccagent pendant de longues années en la forçant à se soumettre à « leur » roi. Le 14 avril 1450, le roi de France Charles VII engage la reconquête de la Normandie avec la bataille de Formigny et le siège de Bayeux où se sont réfugiés les Anglais du 4 au 16 mai. Le comte de Dunois reprend la ville et Charles VII amnistie ses habitants. L'année 1450 marque le début d'une période de prospérité, de nouvelles familles accèdent au pouvoir, les anciennes ayant été décimées par la guerre et les épidémies. On construit des maisons et manoirs à tours dont il reste une soixantaine disséminée dans la ville. Désormais, la pierre supplante progressivement le bois.
Bayeux se trouve au cœur d’un théâtre normand essentiel pendant la Guerre de Cent Ans (1337–1453) : sa position administrative, religieuse et stratégique dans le Bessin en fait un objectif pour les campagnes militaires anglo françaises et pour les chevauchées qui ravagent la Normandie durant la fin du Moyen Âge.
La ville, centre ecclésial et nœud de communication sur la vallée de l’Aure, sert de tête de pont logistique et de place forte locale lorsque les armées cherchent à contrôler la Basse Normandie. Contrôler Bayeux signifie maîtriser des routes, des ressources et un pôle d’influence ecclésiastique qui peut basculer les fidélités locales entre le roi de France et les prétentions anglaises sur le duché de Normandie.
Les épisodes militaires marquants (dont le siège de 1417)
Au XVe siècle, la campagne d’Henry V et la reconquête anglaise de 1417 1419 marquent une étape décisive : après le débarquement anglais et une série de prises de places normandes, Bayeux est assiégée en septembre 1417 et capitule après quelques semaines de combats, entraînant son occupation par les troupes anglaises. Durant cette période, de nombreuses forteresses et villes voisines tombent rapidement, tandis que la Normandie passe sous administration anglaise jusqu’à la reconquête française du milieu du XVe siècle.
L’occupation et les opérations militaires provoquent des perturbations économiques (réduction des échanges, charges levées par l’occupant), des déplacements de population et des transformations de l’élite locale ; certains se rallient aux Anglais pour conserver leurs biens, d’autres subissent confiscations ou exils, et la gestion des biens ecclésiastiques est parfois réorganisée sous l’autorité anglaise. Les campagnes, famines et épidémies qui accompagnent le conflit aggravent le recul démographique et la fragilisation du tissu urbain en Normandie dans la seconde moitié du XIVe et au XVe siècle.
Si les destructions répétées et le temps ont effacé une partie des fortifications médiévales, le parcellaire, certains vestiges de remparts et les archives locales conservent la mémoire des sièges et des occupations. Des parcours historiques proposés par des guides locaux permettent de suivre les lieux marqués par la guerre et de replacer le siège de 1417 dans le récit plus large des conflits normands de l’époque.
La fin du Moyen Âge expose Bayeux aux effets des crises européennes : guerre de Cent Ans, fluctuations démographiques (dont la peste) et tensions politiques modifient la démographie et la fortification de la ville. Ces périodes entraînent remaniements défensifs, ralentissement économique et évolutions sociales perceptibles dans les sources et l’archéologie locale.
Mémoire, fêtes et médiation contemporaine
L’héritage médiéval de Bayeux est aujourd’hui vivant : la ville organise chaque année des manifestations et reconstitutions (Les Médiévales) qui valorisent la vie urbaine et les savoir faire du Moyen Âge, proposant défilés, campements, démonstrations artisanales et animations qui font revivre la période auprès du public contemporain
Monuments médiévaux encore visibles à Bayeux
Bayeux conserve un noyau médiéval remarquablement lisible et plusieurs monuments qui datent du Moyen Âge ou dont la structure médiévale reste bien perceptible. Aujourd’hui Bayeux propose des visites guidées et des ressources patrimoniales qui contextualisent la Guerre de Cent Ans au sein de l’histoire urbaine (circuits, panneaux, musées locaux). Ces dispositifs aident à comprendre comment les épisodes militaires du XIVe–XVe siècle ont façonné le paysage urbain et les trajectoires sociales de la ville jusqu’à la Renaissance
- Cathédrale Notre Dame : Monument majeur de la ville, la cathédrale de Bayeux est un joyau de l’architecture romane puis gothique, consacrée en 1077 et visible au cœur de la cité médiévale.
- La Tapisserie de Bayeux et son musée : La Tapisserie, chef d’œuvre du XIe siècle racontant la conquête de l’Angleterre, est exposée dans un parcours muséographique au centre ville et constitue un des grands attraits patrimoniaux médiévaux de Bayeux.
- Le Vieux Bayeux et le tissu urbain : Les rues pavées, maisons à pans de bois et parcellaire médiéval du centre historique offrent une promenade où l’on lit encore les strates du Moyen Âge; la vieille ville est classée et très mise en valeur pour la visite touristique.
- Vestiges du château et anciennes fortifications : Des vestiges et emplacements liés à l’enceinte urbaine et au château médiéval subsistent dans le bâti et les toponymes ; ils s’intègrent au parcours patrimonial proposé aux visiteurs autour du centre ancien.
- Musées et autres lieux médiévaux : Le Musée d’Art et d’Histoire Baron Gérard (MAHB) et d’autres structures locales présentent des collections et objets médiévaux permettant de compléter la visite des éléments in situ.
Conseils pratiques pour la visite
Commencez par la cathédrale puis la Tapisserie, puis perdez vous dans les ruelles du vieux Bayeux pour repérer maisons médiévales et fragments d’enceintes; les offices du tourisme proposent des circuits thématiques et des fiches de visite pour repérer précisément ces traces.
Guerres de Religion à Bayeux
Contexte général et chronologie
La diffusion de la Réforme en Normandie au XVIe siècle touche rapidement le Bessin et Bayeux : l’implantation protestante, favorisée par des réseaux intellectuels et commerciaux régionaux, conduit à des prédications et à la formation de communautés locales entre les années 1540 et 1560, avant l’explosion des conflits armés à partir de 1562.
Premières tensions et prises d’armes locales
Les affrontements locaux débutent avec des opérations militaires et des prises de ville menées par des seigneurs ou des bandes armées au nom de la cause religieuse. À Bayeux, en mai 1562, François de Bricqueville, seigneur de Colombières, prend le château et la cité avec une centaine d’hommes : pillages et désordres marquent ainsi l’entrée violente du conflit dans la vie urbaine bayeusaine.
Impact de la Saint Barthélemy et réactions locales
Après la Saint Barthélemy (1572) la peur et la pression sur les protestants du Bessin entraînent des vagues d’abjurations, de fuite ou de clandestinité ; de nombreuses familles protestantes se replient ou se convertissent par besoin de sûreté, modifiant durablement la composition religieuse et sociale de la région.
Pacification, édit de Nantes et reflux progressif
L’Édit de Nantes (1598) institue une paix juridique fragile qui reconnaît certains droits aux protestants et met un terme aux persécutions d’État ouvertes, mais la pratique du culte protestant reste encadrée et localement fragile. Au début du XVIIe siècle, la pression catholique renaissante — missions, implantations de congrégations et actions de ré conversion — accélère le reflux protestant dans l’agglomération et ses faubourgs.
Vestiges, lieux et mémoire dans la ville
Des traces matérielles et mémorielles subsistent : implantations de temples (par exemple le temple de Vaucelles au faubourg), archives notariales et ecclésiastiques relatent les conversions, procès et transferts de biens ; les institutions locales et les associations patrimoniales conservent et étudient ces sources pour reconstituer l’histoire protestante bayeusaine et son évolution jusqu’au XVIIe siècle.
Du temps de la renaissance à la Révolution : une ville de chanoines et d'artisans
Entre les XVIᵉ et XVIIIᵉ siècles, Bayeux devient un centre religieux, administratif et artisanal prospère. Malgré les guerres de Religion et la Fronde, la ville conserve ses institutions ecclésiastiques, ses hôtels particuliers et un artisanat réputé (textiles, dentelle…). La Renaissance a laissé peu de traces. Parmi les plus belles créations de l'époque, on trouve l'église Saint-Patrice construite entre 1544 et 1548 et l'architecture intérieure de la chapelle de l'ancien palais épiscopal.
Le XVIIe siècle est celui du développement des institutions religieuses sous l'impulsion de François de Nesmond. Bayeux est alors un grand chantier avec la construction du séminaire, de l'hôtel-Dieu, du couvent des bénédictines, du couvent des ursulines, de la charité Notre-Dame et de plus d'une dizaine d'hôtels particuliers. Il faut dire que Bayeux cristallise les affrontements entre calvinistes et catholiques, les insurgés protestants deviennent maîtres de la ville en 1562 et détruisent une grande partie du patrimoine religieux (statues, vitraux, etc.. À la suite du concile de Trente, Bayeux est un centre de la Contre-Réforme et, entre 1615 et 1650, on compte l'installation de cinq institutions religieuses dans le cadre de la Contre-Réforme sous l'épiscopat de François de Nesmond. La ville compte un religieux pour dix habitants. Cette période laisse de nombreuses constructions caractéristiques du xviie siècle comme l'hôtel de Nesmond qui abrite aujourd'hui la tapisserie ou l'hôpital. C'est également l'époque de l'installation des premières manufactures de dentelle. Le développement du travail du textile renforce alors le caractère industrieux de la cité.
Il faut attendre le début du XVIIIe siècle pour que la ville connaisse de profondes modifications avec la destruction massive des remparts, le comblement des fossés et la construction d'hôtels particuliers témoignant du luxe de l'époque. Les années 1770 sont marquées par deux événements politiques important : l’installation à Bayeux du Grand conseil de Normandie et la mise en place dans le cadre de la guerre d'indépendance des États-Unis du champ de manœuvre militaire, dit camp de Vaussieux, à ses portes. Pour quelque temps, la cité accueille les plus hautes autorités judiciaires et militaires du royaume.
La Deuxième Guerre mondiale à Bayeux
Pendant la Seconde Guerre mondiale Bayeux connaît d’abord l’occupation allemande puis devient, à partir du Débarquement de juin 1944, un centre clé de la mémoire et de l’interprétation de la Bataille de Normandie.
Occupation allemande (1940–1944)
Les troupes allemandes entrent dans la région en 1940 ; Bayeux est occupée par les troupes allemandes, ce qui permet à ces dernières de contrôler les côtes. Bayeux, comme de nombreuses villes normandes, subit la présence de l’occupant, des réquisitions et des contraintes quotidiennes pour la population civile. Ces années voient une vie urbaine marquée par la pénurie, la surveillance et les transformations du tissu social et économique locales.
Protection de la Tapisserie et destin des patrimoines
La Tapisserie de Bayeux et d’autres trésors du patrimoine local font l’objet d’actions de protection, de déplacement ou de mise à l’abri afin d’éviter leur disparition ou leur pillage pendant l’occupation et les affrontements de 1944.
Actions de la Résistance à Bayeux et dans le Bessin
Bayeux et sa région ont participé à une palette d’actions résistantes allant du renseignement et du sabotage aux actions armées et au sauvetage de personnes menacées, en lien avec les réseaux régionaux et les mouvements locaux organisés entre 1940 et 1944.
Les structures de la Résistance étaient souvent segmentées (petits groupes locaux rattachés à des réseaux nationaux) et les chefs officiels pouvaient être dissimulés pour des raisons de sécurité. Pour une liste nominative complète et des profils détaillés, les notices municipales, les inventaires d’archives départementales et les bases mémorielles donnent des dossiers individuels et des rapports de réseaux
Renseignement et transmission d’informations
Des réseaux locaux recueillent et transmettent des renseignements sur les mouvements allemands, les emplacements de garnisons et les installations logistiques, informations qui seront précieuses pour les services alliés à l’approche du Débarquement et pour l’orientation des actions locales de sabotage.
Sabotages des communications et des infrastructures
Les résistants mènent des opérations ciblées sur les lignes téléphoniques, les voies ferrées et d’autres infrastructures (coupures de câbles, destruction de matériels, dérèglements d’installations) pour gêner les transmissions et retarder les déplacements allemands pendant les phases critiques de 1943–1944.
Aide aux aviateurs et aux réfractaires
Des filières locales organisent la mise à l’abri et l’exfiltration d’aviateurs alliés abattus et de personnes poursuivies (résistants, réfractaires au STO, Juifs) en leur fournissant faux papiers, hébergements et guides vers des points d’évasion ou de transit vers l’Angleterre ou d’autres zones sûres.
Actions armées, embuscades et préparation aux opérations alliées
À la veille et durant l’été 1944, des groupes armés et maquisards conduisent des embuscades, protègent des axes, neutralisent des petits postes allemands et mènent des opérations de contrôle local qui facilitent la progression alliée et limitent la capacité de riposte des forces d’occupation dans le Bessin.
Leaders et figures locales de la Résistance à Bayeux
Les réseaux de résistance sont démantelés mais des noms restent, comme celui de Guillaume Mercader, coureur cycliste qui se servait de ses entraînements sur les routes du Bessin pour transporter des messages.
- Germaine Limeul et Julia Picot : enseignantes connues sous le nom des « Colombes de la Tour », elles ont d’abord appartenu au réseau Alliance puis rejoint l’OCM pour des missions de renseignement et d’aide aux opérations en 1943–1944.
- Réseaux et chefs de réseaux locaux : Bayeux a accueilli des cellules locales rattachées à des réseaux nationaux (Alliance, OCM, autres mouvements de la Résistance intérieure) dont les responsables coordonnaient le renseignement, le sabotage et l’exfiltration d’aviateurs et de réfractaires.
- Responsables de la Résistance dans le Bessin : des chefs régionaux et départementaux ont piloté la mise en relation entre les maquis, les groupes urbains et les services alliés ; ces responsables ont joué un rôle central lors de la préparation et des actions autour du Débarquement en juin 1944.
- Résistants identifiés et dossiers individuels : plusieurs résistants bayeusains sont aujourd’hui reconnus et documentés dans les fonds d’archives militaires et mémoriaux (fiches, décorations, dossiers de la Résistance) consultables dans les bases spécialisées et archives d’État.
Bayeux : la première ville libérée de France
Le 7 juin 1944, au lendemain de l'opération Neptune, les troupes britanniques débarquées sur la plage Gold entrent dans Bayeux. Bayeux devient la première ville française libérée par les troupes britanniques. Les actions de renseignement, de sabotage et la pression locale ont contribué à la rapide prise en main de la ville par les Alliés: Bayeux est l’une des premières sous préfectures libérées, ce qui en fait un centre logistique et symbolique pour la suite des opérations en Normandie.
Les opérations alliées permettent de sécuriser la ville dès la nuit du 6 au 7 juin 1944, ce qui en fait un point d’appui important pour la progression des troupes vers l’intérieur des terres. Les unités britanniques engagées dans la zone (parmi lesquelles des éléments du 2nd Battalion Gloucestershire Regiment et autres unités de la 56th Independent Brigade) affrontent des forces allemandes cantonnées dans le secteur ; l’action combine combats locaux, sécurisation des voies de communication et élimination de poches de résistance pour ouvrir la route vers Caen et l’arrière pays.
Du fait de sa libération précoce et de sa position stratégique sur la vallée de l’Aure, Bayeux devient rapidement un centre logistique et administratif pour les Alliés et un lieu d’accueil pour les services de la Libération, facilitant les opérations dans le Bessin et autour des plages du Débarquement. Bayeux, épargnée lors des bombardements alliés et des combats de juin 1944, a accueilli et soigné des milliers de blessés victimes des bombardements ou des combats de la bataille de Normandie. Les écoles et les collèges ont été transformés en hôpitaux de fortune. C'est une des rares villes du Calvados à être restée complètement intacte.
La période qui suit voit l’arrivée de militaires alliés, la mise en place d’unités logistiques et médicales dans et autour de la cité, ainsi que l’installation de structures temporaires pour héberger les services de la Libération et soutenir les opérations vers les plages et l’arrière pays. Même si Bayeux a été touchée par la présence militaire et les mouvements de troupes, la rapide sécurisation de la cité a limité certaines destructions massives subies par d’autres villes côtières, permettant la préservation de plusieurs éléments patrimoniaux et facilitant la mise en place rapide d’installations alliées et d’actions de protection des collections (notamment la Tapisserie).
Un rôle politique majeur
Une semaine après la libération, le général de Gaulle se rend à Bayeux pour une visite symbolique et politique très médiatisée, marquant l’importance de la ville dans le premier mois de la Libération et soulignant son rôle dans la restauration de l’autorité française. En effet, le Général de Gaulle y prononce, le 14 juin 1944, un discours fondateur pour la restauration de la République. Bayeux accueille également, durant l’été 1944, les premières instances administratives françaises libres.
Le 14 juin, dès son arrivée sur le sol français à Courseulles, le général de Gaulle se rend à Bayeux qu'il traverse à pied, entouré d'une foule enthousiaste, avant de prononcer un discours dans lequel il affirme l'appartenance de la France aux pays alliés. Il installe François Coulet, commissaire de la République institué par le Gouvernement provisoire de la République française dans l'actuelle sous-préfecture et désigne Raymond Triboulet sous-préfet après la révocation de Pierre Rochat, nommé par Vichy en 1942.
Charles de Gaulle revient à Bayeux le 16 juin 1946 pour inaugurer une stèle sur la place qui porte aujourd'hui son nom. Il prononce alors le discours de Bayeux dans lequel il présente les bases de ce qui deviendra la Constitution de 1958.
De nombreux monuments commémorent cette période, dont le plus grand cimetière britannique de la Seconde Guerre mondiale en France. Il accueille 4 648 tombes de soldats des deux camps, dont 3 935 Britanniques, 17 Australiens, 8 Néo-Zélandais, 1 Sud-Africain, 25 Polonais, 3 Français, 2 Tchèques, 2 Italiens, 7 Russes, 466 Allemands et 1 non-identifié. Sur un mémorial sont inscrits les noms de 2 808 soldats disparus : 1 537 Britanniques, 270 Canadiens et 1 Sud-Africain.
Bayeux accueille aujourd’hui plusieurs lieux dédiés à l’histoire de 1944, dont un important musée mémorial consacré à la Bataille de Normandie et des sites commémoratifs (cimetières, stèles, mémoriaux aux reporters) qui documentent la période et assurent le devoir de mémoire pour les visiteurs et les familles des combattants. Le Musée Mémorial de la Bataille de Normandie présente une riche collection d'uniformes du jour J.
Mémoire vivante et visites guidées
La ville propose des parcours thématiques et visites guidées qui replacent les habitants et événements locaux dans le récit de la guerre (parcours « dans les pas d’un habitant de l’époque », circuits autour de la Tapisserie et des lieux de mémoire) et organise régulièrement des conférences, expositions et commémorations pour maintenir la transmission historique.
Bayeux aujourd’hui : entre mémoire et patrimoine !
Au fil des siècles Bayeux a conservé un tissu urbain médiéval fait de rues pavées, de maisons à colombages et d’édifices civils et religieux. Pendant la Seconde Guerre mondiale Bayeux a joué un rôle symbolique et historique lié au Débarquement et à la bataille de Normandie ; la ville est aujourd’hui porteuse d’un important patrimoine mémoriel dédié à ces événements.
Épargnée par les bombardements, elle conserve un patrimoine médiéval et moderne quasi intact, ce qui en fait aujourd’hui un musée à ciel ouvert. La ville conjugue harmonieusement héritage viking, grandeur médiévale et mémoire contemporaine.
- Le Musée de la Tapisserie
- Le Musée d’Art et d’Histoire Baron Gérard
- Le cimetière militaire britannique, le plus grand de France
- Les plages du Débarquement, à quelques kilomètres
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N'oubliez pas !
Par respect pour les habitants et l'environnement, merci de respecter les panneaux signalétiques et consignes. Merci de respecter le droit de propriété et de ne pas pénétrer sur les terrains privés :
- Observez le code de la route en tous lieux et en toutes circonstances, et soyez courtois avec les autres usagers que vous pourrez croiser sur votre chemin.
- Camping et Feux interdits (pas de barbecue)
- La nature est fragile et des chutes de pierres sont parfois fréquentes.
- Veuillez ramasser vos déchets avant de partir.
- Plus que les sacs plastiques ou les pailles, ce sont les mégots de cigarettes qui pollueraient le plus les océans. les filtres à cigarettes se dégradent très lentement. Deux ans en moyenne.
- L'un des "petits gestes élémentaires" à accomplir : ne plus jeter ses mégots par terre. Pensez boite à mégots !
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