Histoire de Cotignac (83)
Nichée au cœur du Var, dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la petite commune de Cotignac, labellisé "Village de Caractère du Var"», séduit par son relief spectaculaire et son riche passé historique. Entre rochers modelés par le temps et traditions religieuses, son histoire témoigne d’une forte identité provençale. Partons ensemble à la découverte des grandes étapes qui ont façonné Cotignac, « la perle des Baronnies ».
Cotignac est une petite commune perchée dans le Var, au cœur de la Provence. Son histoire tissée entre roches, légendes et foi chrétienne en fait un lieu unique. Portée par son histoire touffue, entre défense médiévale, mystère religieux et vie provençale animée, Cotignac séduit les amateurs de patrimoine et les pèlerins. En flânant dans ses ruelles, en suivant le sentier d’accès à la grotte miraculeuse ou en contemplant la vue depuis les belvédères, on perçoit la continuité d’un récit vieux de plusieurs millénaires. Un village à la fois authentique et accueillant, idéal pour une escapade pleine de charme au cœur de la Provence.
Aujourd'hui, le village de Cotignac attire un grand nombre de visiteurs par son patrimoine historique et architectural d'intérêt, mais également par sa situation idéale pour découvrir les plus beaux sites touristiques de la région à l'instar des gorges du Verdon, d'Aix-en-Provence ou de la montagne Sainte-Victoire. De ses origines antiques aux pèlerinages contemporains, Cotignac est une fascinante combinaison de roche, d’histoire et de foi. Que vous soyez passionné d’archéologie, d’architecture religieuse ou de traditions provençales, cette enclave varoise saura vous charmer.
Cet article retrace ses grandes étapes, de l’Antiquité à nos jours.
Les origines et l’Antiquité
Cotignac tient son nom du latin cotignacum, dérivé de cotignum (« coing »), désignant le cognassier sauvage, abondant dans les forêts locales et rappelant la culture millénaire du fruit sur ces coteaux calcaires.
Préhistoire et antiquité
Des fouilles archéologiques attestent d’occupations humaines dès le Néolithique, grâce à la présence de grottes et abris sous roche. Le plateau de Saint-Martin, qui domine Cotignac au-dessus du rocher, a révélé depuis le début du XXᵉ siècle des indices d’une occupation rurale dès l’Antiquité. Des prospections de surface et quelques sondages ponctuels ont mis au jour des fragments de vaisselle (Terra sigillata : céramique fine, datée du Ier – IVᵉ siècle), des tuiles romaines (Tegulae et imbrices (tuiles de toit) attestant la présence d’auvents ou de petits bâtiments), des amphores à vin et à huile dont certaines portent encore des marques de fabrique et les fondations effacées de constructions agricoles (Traces de canaux en terre cuite destinés à l’irrigation d’une parcelle potagère).
Ces vestiges dessinent le plan approximatif d’une exploitation agricole implantée en bordure de voie antique, reliant Fréjus à Riez. Ils témoignent d’une gestion sophistiquée de l’eau et d’une intégration aux circuits commerciaux gallo-romains de Provence. Sous les Romains, la région est intégrée à la province de Narbonnaise ; des voies romaines traversent alors les collines environnantes, favorisant échanges et agriculture (oliviers, vigne). La voie antique reliant Fréjus à Riez, passe à proximité. Découvrez les techniques de fabrication de la terre cuite antique dans les musées régionaux.
Du haut Moyen Âge à l’âge féodal
Fondation du castrum
Au haut Moyen Âge, Cotignac s’installe d’abord sur la plaine de Saint-Martin, au sommet de la falaise, là où jaillit la Cassole. Avant l'installation des habitants, la rivière Cassole passait par le sommet du Rocher, "La Rocco", et venait se jeter en une large cascade pour se déverser sur le site du village actuel. Dès la construction du château des premières maisons, des travaux sont entrepris pour détourner et canaliser les eaux. (Le lit de la Cassole sera définitivement modifié en 1740 après un grand nombre d'inondations du village).
Cet habitat primitif, abrité dans des cavités naturelles formées par le tuf, offre un premier refuge face aux invasions barbares qui secouent la Provence. La falaise de tuf de Cotignac, haute d’environ 80 m et longue de 400 m, s’est formée au Pléistocène sous l’action de la rivière Cassole. Avant son détournement au XIᵉ siècle, l’eau se jetait en cascade depuis le sommet, déposant le tuf qui a ensuite été sculpté par l’érosion et l’activité humaine. Cette roche tendre a permis l’aménagement de nombreuses cavités. À divers points de la falaise, l’alternance de surplombs et de zones spectaculaires a favorisé l’émergence d’habitats semi-troglodytes, directement encastrés dans la paroi naturelle.
On distingue trois grands secteurs d’occupation troglodytique : Pied de falaise (0–5 m) : maisons semi-troglodytes et greniers, accès direct depuis le village. Milieu de falaise (20–25 m) : cavités défensives et postures de guet, emplacements réduits protégés par les surplombs rocheux. Sommet (80 m) : tours sarrasines et table d’orientation, point de surveillance surplombant le plateau et la plaine
Au VIᵉ siècle, face aux incursions lombardes et sarrasines, un castrum (fortification) est édifié sur un éperon rocheux, utilisant la hauteur naturelle comme première ligne de défense. Ce site surplombant la vallée devient un refuge et un point de contrôle stratégique. Le donjon, construit en petit appareil calcaire, domine aujourd’hui encore le village : ses fondations sont directement creusées dans le tuf, garantissant stabilité et résistance.
La chapelle Saint-Martin, fondée dès le VIe siècle, témoigne d’une vie chrétienne déjà ancrée sur le rocher de Cotignac.
Seigneurs et baronnies
Le nom de Cotignac apparaît pour la première fois vers 1030 sous la forme latine Cotinacco, dérivée sans doute du nom de domaine gallo-romain Cottinius + -acum. Au XIᵉ siècle, Cotignac se développe autour de son château-fort, bâti à flanc de rocher. Dès 1033, Boniface de Castellane fait bâtir le premier château fort au sommet du rocher, amorçant la mise en défense organisée du site.
Edification de deux tours "sarrasines" au XIIe siècle, postées sur la falaise pour surveiller la plaine du Var et prévenir les incursions ; ces vestiges dominent toujours le village. On y accédait autrefois par une échelle relevée, dissuadant toute atteinte extérieure. L’intérieur révèle : une salle voûtée servant de dépôt pour vivres et armes. Un oculus central dans la voûte, véritable poterne d’accès. Des meurtrières et un ancien coussiège de veille offrant un panorama à 360 ° sur la contrée. Endommagées lors des guerres de Religion et par l’érosion, les tours ont perdu leur socle originel. En 1994, sous la direction de l’architecte des Bâtiments de France Farhner, elles sont entièrement restaurées, retrouvant leur silhouette austère au sommet du rocher. Aujourd’hui, elles font partie du parcours de découverte.
Les défenseurs de Cotignac ont complété les tours "sarrasines" par des courtines légères, intégrant les surplombs et anfractuosités de la falaise comme remparts naturels. Des aménagements troglodytiques contemporains : escaliers taillés, terrasses pour guetteurs et créneaux creusés dans le tuf. Ces fortifications hybrides témoignent d’une maîtrise du bâti et du milieu naturel, caractéristique des ouvrages médiévaux provençaux. Une table d’orientation se situe au sommet pour un panorama sur le village et la garrigue.
À cette époque, les barons de Cotignac veillent sur la seigneurie. Leurs alliances matrimoniales les lient aux grandes familles provençales, tout en maintenant une certaine autonomie jusqu’à l’annexion du Comté de Provence au royaume de France en 1481. Sous le règne des comtes de Provence, la seigneurie de Cotignac évolue à travers les alliances nobiliaires : en 1232, Raymond Bérenger V inféode le domaine à Guillaume de Rezza, lieutenant général des armées provençales.
En parcourant ces vestiges, on saisit toute la maîtrise de l’environnement dont faisaient preuve les anciens habitants de Cotignac, transformant une falaise naturelle en un véritable ouvrage défensif et domestique. On comprend comment Cotignac a su tirer parti de son relief pour bâtir un dispositif défensif robuste, structurer sa vie seigneuriale et prospérer grâce à l’agriculture et au commerce au fil du Moyen Âge. Aujourd’hui, plusieurs cavités sont accessibles aux visiteurs d’avril à novembre. Un sentier balisé mene au « balcon troglodytique » en milieu de falaise. Des visites guidées de la partie défensive du rocher sont possible.
A la fin du XIIIe – XIVe siècle : par mariage et succession, la seigneurie passe aux Pontevès, l’une des plus anciennes familles de la noblesse locale. Les vicissitudes de la guerre de Cent Ans et des troubles de succession entraînent des périodes de pillage et de rénovation fortifiée. Création, dans l’église Saint-Martin, d’une chapelle funéraire pour les Pontevès (XIVe–XVe siècle), agrémentée de peintures murales et d’un enfeu récemment mis au jour.
L’essor religieux et le miracle de 1519
Le sanctuaire de Notre-Dame de Grâces
En 1519, selon la tradition, la Vierge Marie serait apparue à une humble paysanne, Antoinette de Brémond d’Ars, dans une grotte surplombant le village. Suit la découverte d’une source aux vertus supposées miraculeuses. Rapidement, Cotignac devient un lieu de pèlerinage. Aménagement de chapelles et grottes oratoires dans la roche. Reconnaissance officielle du sanctuaire au XVIᵉ siècle. On bâtit une basilique à flanc de rocher (diocèse de Fréjus-Toulon) et, un peu plus bas, une vaste place d’honneur. Le Couvent des Augustins, puis celui des Capucins, contribuent à l’animation spirituelle jusqu’à la Révolution.
Un récit populaire raconte qu’une statue de la Vierge, miraculeusement épargnée malgré l’incendie de la chaire en bois, fut retrouvée intacte au petit matin du 15 septembre 1572, date coïncidant avec la Saint‑Michel.
Cotignac pendant les Guerres de Religion (1562–1598)
Au XVIᵉ siècle, la Provence se trouve à la croisée des tensions entre catholiques et protestants : le comté de Provence, fidèle au roi de France, sert souvent de zone tampon. Les idées de la Réforme gagnent rapidement les villes voisines (Aix, Sisteron) et atteignent Cotignac, grâce aux échanges le long des routes caravanières des Baronnies.
Fragilisation du sanctuaire
Dès 1562, des troupes protestantes de la région lancent des incursions dans les villages provençaux : Cotignac, en tant que lieu de pèlerinage catholique, est jugé “haut lieu de superstition” par certains capitaines huguenots. Les archives font état d’une profanation partielle de la grotte de Notre‑Dame de Grâces et de dégâts sur les décors intérieurs de la chapelle inférieure.
Réplique des ligueurs catholiques
En 1574, sous l’impulsion du baron François d’Oraison, fidèle à la Ligue catholique, on entreprend la restauration rapide des statues brisées et la remise en eau de la source miraculeuse, afin de rassurer les pèlerins et d’affirmer l’emprise du culte marial.
Terrains d’affrontement
Cotignac n’est pas théâtre de batailles rangées, mais les hauteurs rocheuses alentours servent de postes d’observation et de petits retranchements : Le plateau du « Rocher Percé » voit parfois des bivouacs de soldatesques, coupant provisoirement l’accès à la route de Brignoles. Les grottes voisines abritent des caches d’armes et des cantonnements clandestins, jusqu’à la signature de l’Édit de Nantes en 1598.
Après 1598, Cotignac connaît un renouveau des pèlerinages : on sculpte de nouveaux ex‑voto, on édifie la salle des pèlerins (toujours visible aujourd’hui) et la confrérie de Notre‑Dame de Grâces reprend un rôle central dans la vie du village. Cette période de troubles a marqué Cotignac tant dans son bâti que dans ses traditions orales : la ferveur renouvelée des XVIᵉ–XVIIᵉ siècles reste palpable lors des cérémonies actuelles et dans l’architecture défensive de la vieille ville. Cotignac est le seul village au monde où la Sainte Famille est apparue. La Vierge Marie en 1519 et Joseph en 1660, délivrèrent un message aux cotignacéens. Le Sanctuaire Notre-Dame de Grâces et le Monastère La Font Saint-Joseph du Bessillon font partie des grands sites cultuels du Var.
Les XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles voient l’expansion du village et la construction d’édifices remarquables. Édification de l’église paroissiale Saint-André au XVIIᵉ siècle. Développement de l’agriculture : coings, amandiers, vignes. L’église Saint-Pierre, entamée en 1266, se distingue par sa façade atypique et son orgue d’origine, aujourd’hui restauré.
Au début du XVIIe siècle, les terres de Cotignac relevaient de la confrérie des Pénitents Blancs, dont le monastère possédait trois hectares de vignes, d’oliviers et d’un vaste potager en retrait du village. Cette mainmise ecclésiastique structurait l’économie locale et garantissait un entretien régulier des chemins, des puits et des fontaines, créant un paysage rural ordonné et propice aux pèlerinages. Vers le milieu du siècle, la confrérie fait ériger, sur le Cours Gambetta, une chapelle sobre dédiée à la pénitence et à la prière, mêlant la pierre locale au tuf extrait du rocher. Cette construction évoque à la fois la ferveur spirituelle et le rôle social joué par les pénitents dans la vie du village. La chapelle devient rapidement un lieu de rassemblement pour les fidèles, accueillant processions, offices et quêtes pour la charité.
Le 7 juin 1660, Gaspard Ricard d’Estienne, jeune berger de Cotignac, voit apparaître saint Joseph près d’un rocher et découvre une source en suivant ses paroles. Cet événement fonde la dévotion locale et attire des pèlerins venus de toute la Provence. Peu après, Anne d’Autriche fait le vœu de remercier la Vierge si la France remportait ses guerres, et le jeune roi Louis XIV, honorant ce vœu, effectue un pèlerinage à Notre-Dame-de-Grâces à Cotignac. Cette visite royale accorde au sanctuaire une renommée durable et confirme son rôle dans le rayonnement spirituel de la région.
Pendant ce siècle, le plan du village se densifie autour du rocher et du sanctuaire : les ruelles s’orientent vers les nouvelles constructions religieuses. Les maisons en pierres de tuf et calcaire reçoivent des toitures à deux pans, témoignant d’un style vernaculaire. Les anciens remparts médiévaux, bien que délaissés, servent encore de soutien aux cultures en terrasses.
De la Révolution à l’époque contemporaine
Perturbations révolutionnaires
Comme partout en France, la Révolution s’accompagne de la confiscation de biens ecclésiastiques. Mais la ferveur populaire permet la sauvegarde du sanctuaire. Au XIXᵉ siècle, le renouveau religieux s’accentue : routes d’accès, chapelles annexes et façades restaurées attirent toujours plus de visiteurs.
XIXᵉ et XXᵉ siècles : modernisation et tourisme
L’arrivée de routes carrossables et du chemin de fer tout proche transforme Cotignac. Percement de routes départementales à partir de 1830. Essor du thermalisme et premiers visiteurs au XIXᵉ siècle. Construction d’hôtels et de pensions de famille au XXᵉ siècle. Pendant l'essor démographique des XVIIIe et XIXe siècles, la commune compte jusqu'à onze moulins, à farine, à huile ou à tan. A cette période, de nombreuses activités liées à l'eau se développent également comme les tanneries ou les fabriques de soie et de feutre.
Les travaux de canalisation de la Cassole facilitent l'approvisionnement en eau du bourg à des fins d'alimentation de la population, d'irrigation et d'utilisation de la force motrice pour les moulins et manufactures. Grâce à la puissance de l'eau qui alimentera une usine électrique, l'éclairage public est installé dans le village en 1897. La Cassole se distingue aujourd’hui par sa jolie cascade d’une dizaine de mètres.
Patrimoine et traditions aujourd’hui
Cotignac conserve un patrimoine riche et anime chaque année plusieurs événements. Cotignac offre un éventail de sites à visiter, couvrant l’Antiquité, le Moyen Âge, et la période moderne. Aujourd’hui, la commune valorise son site troglodytique et ses vieux quartiers : les façades colorées de la place de l’Agachon, les rues médiévales en colimaçon. Les nombreuses fontaines, lavoirs et portails sculptés.
Consciente de la fragilité de son écosystème (rochers émergents, garrigue), la municipalité mène des actions de reboisement, de préservation de la biodiversité et de promotion des mobilités douces.
Fêtes traditionnelles : Chaque été, la « Fête de la Saint-Barthélemy » (24 août) et le « Marché artisanal nocturne » font revivre les traditions provençales : bals, défilés en costume, produits du terroir. Randonnées dans les gorges avoisinantes. Pour aller plus loin, vous pourriez explorer d’autres villages perchés de Provence : Tourtour, Saignon, Les Baux.
Nos coups de cœur dans Cotignac
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