Histoire de Quesnoy (59)
Le Quesnoy est une commune située dans le département du Nord en région Hauts-de-France. Aux portes de l’Avesnois, la ville de Le Quesnoy possède une histoire riche, marquée par son rôle stratégique et ses imposantes fortifications. Elle est réputée pour ses remparts remarquablement préservés, qui témoignent des évolutions de l’art de la défense du XVIIᵉ siècle à nos jours, passant par l’aménagement signé Vauban. Implantée sur un plateau entouré de vallées, à quelques kilomètres de la frontière belge, la cité millénaire conserve un charme unique, forgé par une histoire riche et mouvementée.
De ses origines gallo-romaines à ses fortifications héritées de Vauban, Le Quesnoy offre une plongée unique dans l’histoire militaire et urbaine. Ses remparts, ses monuments et son riche passé font de la cité un incontournable pour les passionnés de patrimoine historique. En flânant le long des bastions ou en découvrant la cité médiévale, chaque visiteur y perçoit les strates du temps et les récits de courage qui ont forgé son identité.
De l’époque médiévale aux commémorations de la Première Guerre mondiale, cette cité témoigne d’un passé à la fois militaire, politique et mémoriel. Un rendez-vous à ne pas manquer lors d’un séjour en Avesnois.
L’Histoire de Le Quesnoy : entre fortifications et mémoire vivante !
Origines et fondation gallo-romaine
Sans être encore une bourgade à l'époque de Jules César, la région était occupée par les Nerviens. Près de la porte Fauroeulx de la ville, en 1933, fut découvert des poteries romaines. La présence humaine à l’emplacement du futur Quesnoy remonte donc à l’Antiquité, comme en témoignent les tuiles gallo-romaines découvertes sur son territoire. Le plateau où s’élève aujourd’hui Le Quesnoy était alors un vaste espace forestier, percé de clairières destinées à la culture vivrière. Au fil du temps, des tuiles gallo-romaines ont été retrouvées, signe d’une occupation dispersée : quelques fermes isolées ou modestes villae parsemaient la forêt, exploitant les sols sableux pour le blé et l’élevage ovins et bovins.
Loin d’être coupée du monde, la région se trouvait à portée de voies romaines reliant Bagacum (Bavay) à des comptoirs secondaires. Des voies empierrées, aujourd’hui disparues, desservaient ces fermes ; elles permettaient d’acheminer surplus céréaliers et produits forestiers vers les marchés de la civitas de Bagacum. Cette intégration au réseau provincial favorisait échanges monétaires et diffusion du mode de vie romain.
Le nom même de la cité tire sa source de cette phase de défrichement : Quercitum évoque « l’endroit couvert de chênes », rappelant la stratégie d’ouverture du territoire par les colons romains et autochtones. Ces aménagements initiaux serviront de socle aux futures fortifications et au développement du bourg médiéval.
Sites archéologiques à découvrir à Le Quesnoy et dans ses environs
Vestiges « in situ » dans la cité quercitane
- Les caves romanes du château : Au cœur de la vieille ville, sous l’ancien logis seigneurial, on accède à des galeries voûtées du XIIᵉ siècle. Ces voûtes témoignent de l’implantation médiévale, elles conservent des traces de colonnades et de sculptures de facture romane.
- Traces de la chaussée gallo-romaine : Lors de la rénovation des remparts, des sections d’une voie antique ont été dégagées au sud-ouest de la ville. Des panneaux d’interprétation, disposés le long du chemin de ronde, expliquent comment cette « via » reliait Bagacum (Bavay) aux autres cités de la province.
- Vestiges de tuileries gallo-romaines : Des fragments de tuiles estampillées ont été retrouvés dans plusieurs secteurs du plateau. Quelques exemplaires sont exposés à l’hôtel de ville, accompagnés de cartes indiquant les lieux de découvertes archéologiques.
- Forum antique et Musée archéologique de Bavay (16 km) : Le plus important site gallo-romain du Nord de la France : restez bouche bée devant les vestiges monumentaux du forum, des thermes et profitez de vitrines didactiques sur la vie quotidienne des Nerviens.
- Site archéologique de la villa gallo-romaine de Thun-l’Évêque (20 km) : Fouilles ouvertes au public certains week-ends : découvrez les plans subsistants d’une grande exploitation agricole romaine, avec ses mosaïques, ses pièces de vie chauffées et son bassin de décantation.
- Musée archéologique du Quesnoy (centre-ville) : Installé dans une aile restaurée de l’ancien couvent des Visitandines, ce petit musée présente une collection de céramiques, monnaies et objets métalliques mis au jour dans les fouilles urbaines récentes.
Conseils pratiques
- Vérifiez les dates et heures d’ouverture : certains sites (villa de Thun-l’Évêque, Forum de Bavay) ne reçoivent du public que sur réservation ou lors des journées du patrimoine.
- Optez pour un billet groupé « Bavay / Le Quesnoy » si vous souhaitez combiner le Forum antique et la visite des remparts quercitains.
- Prévoyez des chaussures de marche : les parcours autour des vestiges de voie et les terres battues du site de villa peuvent être glissants après la pluie.
- Entre Cambrai, Maubeuge et Valenciennes, se cachent d’autres vestiges mérovingiens et carolingiens qui prolongent la découverte de l’Antiquité tardive dans l’Avesnois.
La période mérovingienne au Quesnoy
Sous les Mérovingiens et les Carolingiens, on ne trouve aucune trace d'agglomération importante dans la région quercitaine. La période mérovingienne au Quesnoy (Ve–VIIIe siècle) reste très peu documentée, faute de vestiges et de chartes contemporaines. Le plateau quercitain faisait alors partie du pagus de Cambrai, vaste circonscription ecclésiastique et administrative couvrant forêts denses et clairières éparses où quelques hameaux agricoles exploitaient le limon pour cultiver orge et seigle.
L’habitat se répartissait en petits alleux, terres familiales libres, relevant de l’évêché de Cambrai. Ces parcelles, taillées dans la Forêt Charbonnière, résultaient de défrichements progressifs qui ont donné plus tard le nom latin Quercitum (« bois de chênes »). Aucun nécropole mérovingienne ni structure funéraire n’a été identifiée à ce jour sur le territoire communal, suggérant un peuplement rural très lâche et dispersé. Au VIIIe siècle, des portions de territoires situés autour de la ville actuelle appartenaient à les Leudes, c'est-à-dire à des compagnons des rois francs, à qui ils auraient été accordés.
Les traditions locales rapportent l’existence d’un seigneur légendaire nommé Aymond, considéré par Jacques de Guyse (XIVe siècle) comme fondateur du Quesnoy vers l’an 800 sous Charlemagne. Ce récit tardif reflète surtout la transition entre l’organisation franque et l’évangélisation, sans pour autant constituer une source historique fiable pour le Haut Moyen Âge quercitain.
Au IXe siècle, la région fut occupée par les Vikings qui s'y établirent : remontant les fleuves, vers l'an 842 à l'époque du roi Charles le Chauve, ceux-ci furent bloqués à Valenciennes, car les cours d'eau devenaient trop étroits pour leurs bateaux. Plus tard, le territoire du Quesnoy devint un alleu appartenant à la masse épiscopale de Cambrai et répondant au nom de Noflus, latinisé au Moyen Âge en Novem fluctibus.
Sur le site du Quesnoy même, aucune fouille n’a encore mis en évidence un site clairement attribué à la période mérovingienne. Les investigations menées à ce jour ont surtout révélé des vestiges gallo-romains et médiévaux, tandis que les traces du Haut Moyen Âge restent ponctuelles et dispersées. Des prospections géophysiques le long de l’ancienne chaussée romaine ont révélé des anomalies de sol, qui pourraient correspondre à de petites structures d’habitat mérovingien ; ces secteurs n’ont pas encore fait l’objet de sondages extensifs. Quelques fragments de céramique et de métal datés du VIIᵉ siècle ont été découverts lors de travaux publics dans le faubourg de Fauroeulx, mais sans niveau archéologique continu.
À la croisée des forêts mérovingiennes et des bourgs carolingiens, Le Quesnoy offre un terrain de recherche encore ouvert aux prospections et aux fouilles.
Sites mérovingien à explorer
- À Bavay (16 km) : des fouilles autour de l’ancien forum ont dégagé des sépultures mérovingiennes accompagnées de mobilier funéraire (fibules, perles, monnaies).
- À Thun-l’Évêque (20 km) : diagnostic et sondages ont mis au jour des fondations de bâtiments ruraux datés du VIIᵉ–VIIIᵉ siècle.
- Dans le secteur de Cambrai (25 km) : plusieurs nécropoles mérovingiennes ont été fouillées, offrant un panorama plus complet du peuplement franc en Hainaut.
Conseils pour vos visites
- Prenez contact avec le service archéologique départemental pour connaître le calendrier des opérations de fouille ouvertes au public.
- Consultez les publications de l’Inrap et les Bulletins de la Société archéologique du Cambrésis, qui font régulièrement le point sur les découvertes mérovingiennes de l’Avesnois.
- Combinez ces visites avec les sites gallo-romains voisins (Bavay, Forum antique) pour saisir l’évolution du territoire du Ier au VIIIᵉ siècle.
Le Quesnoy au Moyen Âge
La première mention écrite de la localité date de 1143, et son nom dérive du latin Quercitum, « endroit couvert de chênes ». La population n’était pas très dense à cette époque dans la région. La forêt était remplie de fauves et presque inhabitable. Par endroits, il y avait de vastes clairières permettant la culture et la vie. Il semble bien que ce soit le cas de la région du Quesnoy, où des défrichements avaient permis l’existence de quelque peuplade dont l’importance s’accrut lentement avec les siècles. La forme « Quenoy » est l'équivalent picard du français central chênaie et signifie exactement la même chose.
Le nom de la ville a été écrit au cours des siècles sous les formes différentes ci-après : Caismoi, Caisnoit, Caisnoy, Caisnoyt, Caynoit, Chaynoct, Kaisnoi, Kaisnoit, Kanoyt, Kaynoit, Kesnoit, Keesnoit, Kesnoy, Quesnoet, Quesnoi, Quesnoit, Quesnoy, Quesnoyt, Quesnoy-le-Comte, Quercetum, Haymonis-Quercetum, Haimonchasnoit.
Origine comtale et fondation
En 1148, l’évêque Nicolas Ier de Chièvres céda ces terres incultes à Bauduin IV dit le bâtisseur, comte de Hainaut, qui y fit ériger un château-fort sur la Motte de Noflus et fonda la ville en 1150 en entourant le bourg de murailles et de fossés, enceinte en terre et bois (aujourd'hui, le Centre Cernay et la caserne des pompiers). Ce premier état fortifié marque l’implantation d’une seigneurie comtale, autour de laquelle se développe un habitat groupé au pied du château. Ce premier état fortifié marque l’implantation d’une seigneurie comtale, autour de laquelle se développe un habitat groupé au pied du château.
Ce château possédait une tour : l'ensemble constituant une forteresse. Alix de Namur, épouse de Baudouin IV dota le château d'une chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste. Le château possédait un parc appelé « Bois du Gard ». Ce parc s'étendait vers le sud-est (vers Beaudignies et au bord de celui-ci se rencontrait un moulin situé près de marécages surnommés « l'Étang du Gard ».
L’essor médiéval sous les comtes de Hainaut
Investi d’un rôle stratégique, Le Quesnoy devint rapidement un centre dynamique sous la protection des comtes de Hainaut. Afin d’encourager l’installation des habitants, Bauduin IV octroya une charte de franchises offrant des privilèges importants. Elle garantit la tenue de foires annuelles, l’organisation de marchés hebdomadaires et la liberté d’établissement des artisans (boulangers, bouchers, tanneurs, brasseurs), favorisant la croissance démographique et économique du bourg médiéval. En 1161, un accord avec l’abbaye du Saint-Sépulcre de Cambrai permit aux Quercitains de moudre leurs grains à Villereau, illustrant les liens étroits entre la cité et les grands monastères régionaux.
Le fils du comte (le futur Baudouin V de Hainaut) épousa en 1169 au Quesnoy Marguerite d'Alsace, sœur de Thierry d'Alsace comte de Flandre : les noces furent somptueuses et l'empereur germanique Frédéric Barberousse y assista en personne. Baudouin V de Hainaut hérita en 1171 du titre de comte de Hainaut à la suite du décès de son père : il fut surnommé le Courageux, dont le règne, bien que court, fut marqué par d’intenses mouvements politiques et militaires dans la région du Hainaut.
En 1184, le comte eut à lutter contre une coalition formée par le sire d'Avesnes, le comte de Brabant et son beau-frère le comte de Flandre : le Hainaut fut ravagé de tous côtés. Dans l'impossibilité de défendre Le Quesnoy, le comte de Hainaut, avec l'assentiment des habitants, fit brûler la ville pour que les assaillants ne puissent l'occuper : les Quercitains se réfugièrent dans leur château qui résista victorieusement aux assauts du comte de Flandre.
Les premières campagnes de fortification (seconde moitié du XIIᵉ siècle)
Sous Bauduin IV puis son fils Bauduin V, la ville se dote de murailles en pierre complétant l’enceinte initiale et de bastions de terre pour contrôler les vallées voisines. Ces travaux s’inscrivent dans la volonté des comtes de Hainaut de verrouiller le plat-pays et d’en faire un point d’appui face aux voisins et aux ambitions françaises. Baudouin VI de Hainaut dit « de Constantinople » (il fut aussi Baudouin IX comte de Flandre) succéda en 1195, au titre de comte de Hainaut à la suite du décès de son père. Né à Valenciennes en 1171, il épousera plus tard Marie de Champagne, nièce du roi de France : à cette époque les liens étaient très étroits avec la France (Philippe-Auguste, roi de France, avait épousé Isabelle de Hainaut, sœur de Baudouin VI.)
Sous les comtes Bauduin IV et Bauduin V, Le Quesnoy s’inscrit dans un vaste programme hainuyer de verrouillage du plat-pays. On dote la cité de murailles en pierre, de tours et de bastions de terre, afin de résister aux incursions venues des principautés voisines. C’est la première des deux campagnes majeures de fortification recensées en Hainaut pour cette période.
En 1200, Bauduin V prit la croix (départ en Croisade) et laissa la régence de ses États à son frère Philippe, à son oncle Guillaume et à Bouchard d'Avesnes, précepteur de sa fille cadette Marguerite de Hainaut. Sans nouvelles depuis l'année 1205 de son père Baudouin VI, sa fille aînée, Jeanne de Flandre (dite aussi, Jeanne de Constantinople), héritière de la Flandre et du Hainaut, prit les rênes de ses États : elle épousa en 1211, son cousin Ferdinand de Portugal (choix proposé par le roi de France, son oncle) qui devint par elle comte de Flandre. Mais la Flandre était alliée aux anglais et aux allemands : il s'ensuivit une guerre avec le roi de France et l'époux de Jeanne fut fait prisonnier jusqu'en 1227. Jeanne qui habitait le château du Quesnoy depuis son mariage tint diverses assemblées avec d'importants personnages dans la ville.
En 1244, au décès de sa sœur aînée, Jeanne de Flandre, qui n'eut point descendance, Marguerite de Hainaut (dite aussi, Marguerite de Constantinople, fille cadette de Baudouin VI de Hainaut dit de Constantinople) hérita de la Flandre et du Hainaut. En 1304, Guillaume Ier de Hainaut, deuxième fils de Jean d'Avesnes, succéda à son père et prit le titre de comte de Hainaut : il fut surnommé le Bon et épousa le 19 mai 1305 Jeanne de Valois (1294-1352), sœur du roi de France, Philippe VI de Valois : le couple habita fréquemment au Quesnoy.
En 1337, Guillaume II de Hainaut dit « le Hardi », succéda à son père au titre de comte de Hainaut. La guerre de Cent Ans débutait et, étant vassal de l'Empire germanique, le comte fut amené à prendre parti avec les flamands et le roi d'Angleterre contre la France, malgré les liens familiaux qui l'unissaient à ce dernier pays. Dès lors, le 22 mai 1340, la ville du Quesnoy en comté de Hainaut fut assiégée par le duc Jean de Normandie (fils du roi de France Philippe VI de Valois) avec les troupes royales : le duc et son père n'acceptant pas que le comte de Hainaut se soit rallié aux Anglais.
En 1345, Marguerite II de Hainaut succéda à la tête du comté à la suite du décès en Frise, de son frère Guillaume II. En 1345, elle accorda aux étrangers, de quelques pays qu'ils fussent, la faculté de jouir des mêmes droits que les habitants du Quesnoy à condition de fixer leur résidence dans cette ville. Marguerite comtesse de Hainaut étant mariée à Louis de Bavière, empereur d'Allemagne, devint veuve de son époux en 1347 : elle s'installa dès lors et ce jusqu'à la fin de sa vie, au Quesnoy et fit du Château sa demeure préférée. L'industrie drapière du Quesnoy était florissante à cette époque.
Les guerres de Flandre et la bataille de 1347
Au XIVᵉ siècle, Les Quesnoysiens étaient sujets du comte de Flandre : la ville se retrouva donc prise dans les « guerres de Flandre », bras armé de la guerre de Cent Ans dans la région. En 1347, une bataille opposa troupes françaises et flamandes aux abords de la cité, entraînant pillages et dommages à l’agglomération malgré l’absence de siège prolongé : c’est le premier coup d’éclat militaire attesté dans les sources locales pour cette période.
En 1356, au décès de sa mère Marguerite, Guillaume III devint comte de Hainaut. Mais au retour d'un voyage en Angleterre en 1358, il fut atteint d'une folie furieuse et fut dans un premier temps, pour l'empêcher de nuire, enfermé à La Haye, puis dans la tour du château du Quesnoy, dans laquelle il demeura plus de vingt années.
La bonne entente entre le jeune comte Guillaume IV d'Ostrevant et les bourgeois du Quesnoy se traduisait par la construction rapide de jolies tours rondes entourant la ville du Quesnoy (qui seront partiellement détruites, au XVIe siècle lors de la construction de la nouvelle enceinte.) Durant son règne, Guillaume IV accorda de nombreux privilèges dont entre autres plusieurs aux arbalétriers du Quesnoy. Le Quesnoy atteignit son apogée de puissance et de renommée. La ville bien protégée et approvisionnée, pouvait se permettre de vendre aux villes de la Somme et à d'autres du trait, des arbalètes et des canons.
En 1417, Jacqueline de Bavière, née au château du Quesnoy en 1401, succéda au titre de comtesse de Hainaut, à la suite du décès de son père Guillaume IV. Elle fut surnommée « la femme aux quatre maris ». En 1423, les bourgs de la prévôté du Quesnoy ne furent point épargnés par les luttes que se livrèrent les Armagnacs et les Bourguignons : la région cette année-là fut désolée par des bandes tels « les larrons de Guise », et des voleurs et brigands de tous poils. En 1424, la ville du Quesnoy, qui avait perdu depuis 1420 une partie de ses droits, comme le bailliage de la Vénerie héréditaire se dressa contre le duc de Brabant permettant au duc Humphrey de Gloucester d'occuper le pays.
La période bourguignonne (1384–1477)
En 1384, à la mort de Marguerite III de Flandre, le comté de Hainaut, dont dépend Le Quesnoy, passe sous la coupe des ducs de Bourgogne. Cette intégration inscrit la cité dans le puissant État bourguignon, qui s’étend alors du duché de Bourgogne jusqu’aux Pays-Bas méridionaux, et place Le Quesnoy sur la ligne de front entre la France et les domaines bourguignons.
Sous Philippe II le Hardi puis Jean sans Peur, les chartes de franchises de la ville sont confirmées et enrichies pour cimenter la fidélité des échevins quercitains envers lecale duc. En 1405, Guillaume IV de Hainaut épouse Marguerite de Bourgogne, fille de Philippe le Hardi, renforçant les liens entre la seigneurie locale et la maison ducale ; leur résidence commune donne naissance à la légende de Marguerite de Bourgogne au Quesnoy.
De jeunes ducs de Bourgogne, dont Charles le Téméraire, fréquentent le Quesnoy : on raconte que son séjour auprès de sa tante Béatrix de Portugal nourrit sa connaissance des fortifications hennuyères. Les États bourguignons investissent dans l’entretien des remparts médiévaux, anticipant l’évolution de l’artillerie sans pour autant transformer immédiatement l’enceinte. En 1477, profitant de la mort de Charles le Téméraire, Louis XI lance un siège sur la cité ; les assauts sont repoussés, mais la tentative illustre l’importance stratégique de Le Quesnoy et l’attachement des habitants à la bannière bourguignonne.
En 1436 au décès de Jacqueline, sans descendance, la ville du Quesnoy et le Hainaut devinrent de droit, des possessions bourguignonnes. Cette même année 1436, des « routiers » qui avaient combattu les Anglais, se trouvant licenciés, se répandirent sur toute la France : une de leurs bandes, commandées par Chabannes et d'autres chefs, s'abattit alors sur le Hainaut, où elle justifia le surnom « d'Écorcheurs ».
Au XVe siècle, la ville du Quesnoy était le lieu de villégiature privilégié des ducs de Bourgogne : ceux-ci y organisaient des fêtes somptueuses, et lors de leurs moments de détente dans la contrée, ils pratiquaient la chasse, leur sport favori, dans la proche forêt de Mormal qui se trouvait être le domaine particulier des comtes de Hainaut. Par le fait du traité de Delft en 1428 avec Jacqueline de Bavière comtesse de Hainaut, Philippe le Bon duc de Bourgogne était devenu l'héritier du Hainaut : il en prit possession officiellement en 1436 et devint ainsi le nouveau Comte de Hainaut.
En 1477, Charles le Téméraire périt à la bataille de Nancy. Aussitôt, le roi de France Louis XI pénétra en Hainaut bourguignon avec 7 000 hommes d'armes et une puissante artillerie. Il se présenta devant Le Quesnoy en date du 23 mai 1477, mais il en fut repoussé. Il revint quelque temps plus tard et réussit après d'intenses bombardements (près de 900 boulets lancés) à prendre la ville, laissant ses franc-archers s'élancer à travers la brèche entr'ouverte, mais une pluie torrentielle arrêta les combats. Cependant, la place se rendit le lendemain, et préféra payer 900 écus d'or afin d'éviter le pillage.
Le siège de Le Quesnoy par Louis XI (1477)
Louis XI profite du vide laissé par la mort de Charles le Téméraire (5 janvier 1477) pour reprendre aux Bourguignons plusieurs places fortes du Hainaut. Le Quesnoy, resté fidèle aux ducs de Bourgogne, est rapidement investi par une armée royale. Les troupes du roi, mieux organisées et disposant de pièces d’artillerie plus modernes que la garnison hennuyère, prennent position autour des remparts dès le printemps 1477. Les assauts se concentrent sur les portes de Valenciennes et de Fauroeulx, tandis que des mines creusées sous les courtines affaiblissent les défenses médiévales. Après quelques jours de bombardement et de crises d’approvisionnement pour les assiégés, la ville ouvre ses portes au roi de France. Cette victoire marque l’incorporation définitive du comté de Hainaut dans le domaine royal et symbolise l’affirmation du pouvoir central face aux anciennes seigneuries bourguignonnes.
Durant la Guerre de Cent Ans, des patrouilles et petites escarmouches traversent le territoire, obligeant la communauté quercitaine à entretenir ses défenses. À la fin du XVe siècle, les premières pièces d’artillerie apparaissent en Hauts-de-France : même si Le Quesnoy n’est pas assiégé, des crénelages et des positions à canon sont aménagés sur les courtines en prévision de conflits futurs. Située sur la frontière du comté de Hainaut, la cité subit régulièrement des patrouilles armées et des incursions de bandes félonnes (Grandes Compagnies) lors de la Guerre de Cent Ans. Ces petites escarmouches, bien que non organisées en siège formel, ont conduit les habitants à renforcer leurs murailles et leurs tours pour se prémunir contre pillages et harcèlements.
Le cœur historique de Le Quesnoy conserve plusieurs vestiges directement liés à son essor médiéval. Si les fortifications actuelles sont largement marquées par les réaménagements du XVIᵉ et XVIIᵉ siècle, on y décèle encore les traces de l’enceinte et du château comtal du XIIᵉ siècle.
Charles Quint au Quesnoy
Philippe le Beau (Maison Habsbourg) devenu le maître du Quesnoy à sa majorité, épousa la fille de Ferdinand le Catholique, d'Espagne. En 1500, Philippe offrit le château du Quesnoy à sa sœur Marguerite d'Autriche (qui deviendra régente des Pays-Bas sous Charles Quint), devenue marraine de son premier fils. Philippe le Beau, ce prince local né, élevé et aimé des populations dans les Pays-Bas autrichiens décédera en 1506, laissant deux fils en bas âge : Charles (ou, Charles de Luxembourg, et plus tard, Charles V ou, Charles Quint) et Ferdinand, à la succession de ses États.
Au XVIᵉ siècle, Charles Quint, souverain des Pays Bas bourguignons et empereur du Saint-Empire, fait de la frontière hennuyère un secteur prioritaire pour contrer les menaces françaises et ottomanes. Le Quesnoy, positionné à la charnière des Flandres et du Hainaut, bénéficie alors de ses directives pour moderniser ses défenses face à l’artillerie naissante.
Les remparts : de l’époque espagnole à Vauban
Les fortifications de Le Quesnoy illustrent l’évolution de l’art militaire du XVIIᵉ siècle à l’ère moderne. À l’époque dite espagnole, la cité s’était dotée de bastions et de murs épais, destinés à résister aux sièges répétés.
En 1523, Charles Quint vint au Quesnoy pour combattre les incursions françaises et fit renforcer les fortifications de la cité qui n'avaient plus été modifiées depuis 1314. C'est à cette époque que les murs des remparts, encore actuellement existants, ont été élevés sur les soubassements de l'enceinte primitive. Charles Quint, modernise les fortifications : Adjonction de bastions de trace italienne le long des anciennes courtines médiévales, afin de créer des angles morts réduits et de renforcer la résistance aux boulets d’artillerie. Consolider et épaissir les murs en pierre, tout en élargissant les fossés pour améliorer le champ de tir des pièces d’artillerie. Implantation de demi-lunes et de places d’armes externes pour accueillir la garnison impériale chargée de la surveillance de la frontière. Ces aménagements constituent les premières fortifications bastionnées de la ville, reflet de l’évolution de l’architecture militaire sous Charles Quint.
En 1534, que Charles Quint charge l'un de ses ingénieurs, Frate da Modena (Jacopo Seghizzi), de dessiner de nouveaux plans de fortification pour Le Quesnoy et de remplacer l'enceinte médiévale. La nouvelle enceinte fut ainsi bastionnée (bastion Impérial, bastion César, bastion Soyez, bastion Saint-Martin et bastion Vert) pour sa défense et comprenait quatre portes nommées porte de la Flamengerie, porte de Valenciennes, porte Saint-Martin, porte Fauroeulx (les travaux durèrent près de 20 années).
En 1540, Charles Quint revint au Quesnoy accompagné du Dauphin de France et du duc d'Orléans, tous deux fils de François Ier. Suite à une trêve de 10 ans signée en 1538 entre le belligérants. Il revint également en 1543 afin de vérifier l'état d'avancement des travaux à la ville quercitaine et à ses fortifications : c'est à cette date qu'il ordonna la fermeture de la Porte de la Flamengerie pour permettre le passage des eaux d'inondation autour des remparts..
Les ouvrages défensifs édifiés sous Charles Quint offrent pendant un siècle un niveau de sécurité inédit à Le Quesnoy. Ils sont toutefois largement remaniés, voire supprimés, lors de la refonte du site par Vauban entre 1668 et 1673. Vauban reconfigura ces défenses en les intégrant au « Pré Carré », le vaste système protecteur des frontières françaises, en renforçant bastions et contre-escarpes pour rendre la place imprenable.
Ces travaux ont laissé un dessin de remparts encore visibles aujourd’hui, offrant un parcours patrimonial particulièrement apprécié des visiteurs. Aujourd’hui, Le Quesnoy est l’une des rares cités françaises à avoir conservé l’intégralité de son enceinte fortifiée. Il subsiste aujourd’hui encore, dans le parcours des remparts, des éléments qui remontent directement à la phase impériale, visibles lors du circuit pédestre « Remparts de Le Quesnoy ».
Pour prolonger votre découverte, le circuit des remparts détaille les traces de ces bastions et demi-lunes qu’édifia Charles Quint avant l’intervention de Vauban.
Guerres de Religion au Quesnoy
Les guerres de Religion opposent catholiques et protestants en France de 1562 à 1598, alternant trêves et affrontements sanglants, jusqu’à l’édit de Nantes qui instaure une paix relative.Le Quesnoy fait alors partie des Pays-Bas espagnols et n’est pas directement concernée par les huit guerres civiles françaises.
Le fils de Charles Quint, Philippe II d'Espagne (Maison Habsbourg), succéda à une partie de ses États : l'Espagne et ses riches colonies américaines, l'Italie et les Pays-Bas espagnols (dont le Hainaut). Le règne du nouveau souverain se caractérisa par la lutte contre la Religion réformée durement réprimée par l'Inquisition. Les révoltés, des Huguenots appelés « gueux » ou « briseurs d'images » commencèrent leur campagne en 1566, s'attaquant aux églises et profanant tout objet de culte : le 24 août de la dite année, toutes les églises de la ville de Valenciennes furent envahies et saccagées par un millier de ces révoltés.
Devant cette menace, la garnison du Quesnoy attaqua le 24 novembre avec 80 canons, les huguenots retranchés dans Valenciennes : le 23 mars 1567, les huguenots rendirent les armes et la répression espagnole fut par trop sévère, ce qui mécontenta la population. En réaction, l'année suivante, le 12 novembre, le prince d'Orange, le chef de file de l'Église réformée, attaqua un corps de soldats espagnols sous les murs du Quesnoy et s'empare ensuite de la ville… Mais le duc d'Albe, gouverneur des Pays-Bas, agissant au nom de l'Espagne vainquit la même année le prince d'Orange auprès du Quesnoy.
Dès 1572, les protestants aidés par les Français saccagèrent la région durant plusieurs années : en raison de ces faits Guillaume de Hornes sieur de Heze, rallié à la noblesse et à la population du Hainaut mécontentes de la présence militaire espagnole, fut exécuté en 1580 au Quesnoy, pour avoir assisté l'évêque de Cambrai : il s'ensuivit une haine grandissante de la population vis-à-vis de l'Espagne et de son roi.
À cette époque, le père abbé de l'abbaye bénédictine de Maroilles, Frédéric d'Yve (originaire de Bavai) devenu conseiller d'État, joua un rôle primordial en tant qu'intermédiaire dans les négociations entre les belligérants dans les Pays-Bas : entre d'une part les représentants des protestants menés par le prince d'Orange, vis-à-vis d'autre part des représentants catholiques du roi Philippe II d'Espagne. En 1583, le Magistrat de la ville du Quesnoy ; un mayeur, quatre échevins, un procureur et un trésorier dit massard, décida d'édifier un Hôtel de ville, ainsi qu'un Beffroi dans la cité quercitaine. Pendant ce temps et jusqu'en 1593, seront combattus les révoltés : le calme se rétablira après cette date dans la région du Quesnoy.
Une garnison espagnole stationne au Quesnoy pour protéger la frontière du Hainaut contre d’éventuelles incursions françaises. Des patrouilles régulières longent la Rhonelle, témoignant de la vigilance face aux bandes armées en transit.
Le Quesnoy d'Espagne à la France
Philippe III d'Espagne (Maison Habsbourg), succéda à la tête des États de son père en 1598. Il fit la paix avec tous les anciens ennemis de Philippe II : les Pays-Bas espagnols furent administrés par l'archiduc Albert et son épouse l'infante Isabelle sous la tutelle de l'Espagne. Une certaine période de paix baigna la région pendant le premier tiers du XVIIe siècle. Philippe IV d'Espagne (Maison Habsbourg) succédera à Philippe III en 1621. Le château du Quesnoy sur l'ordre du nouveau souverain espagnol sera restauré en 1625.
En 1635, la France sous l'influence de Richelieu s'allia aux Provinces-Unies (Hollande protestante) et manda ses hérauts à la Place du Grand-Sablon à Bruxelles pour une déclaration de guerre à l'Espagne entraînant les Pays-Bas espagnols méridionaux (dont le Hainaut) dans la tourmente de la quatrième phase dite « Phase française » de la guerre de Trente Ans, opposant les franco-hollandais aux hispano-austro-allemands
Le 31 août 1651, la garnison hispano-hennuyère du Quesnoy remporta un dernier succès sous les murs de la cité quercitaine contre les Français. Mais, le 4 septembre 1654, le vicomte de Turenne à la tête de l'armée française se présenta devant Le Quesnoy disposant d'une puissante artillerie : il s'empara de la ville et les espagnols avant de s'éloigner, s'étaient efforcés de mettre hors d'usage les fortifications en détériorant le plus possible de remparts. Turenne devenu maître du Quesnoy, déjoua avec habileté les plans de Condé (le Grand Condé, duc d'Enghien), alors au service de l'Espagne. Le Quesnoy tombe dans le giron de la France.
L’intervention de Vauban
À la fin de la Fronde (1654), la ville est prise par l'armée royale française de Turenne. Au XVIIᵉ siècle, Le Quesnoy entre dans une nouvelle ère, la ville est rattachée définitivement à la France . Le jeune roi Louis XIV reçoit la ville en cadeau de sacre. Le Quesnoy occupera une place-clé dans le « Pré Carré », la double ligne de fortifications imaginée par Louis XIV pour protéger la frontière nord de la France.
Sébastien Le Prestre de Vauban est chargé, à partir de 1668, de transformer et moderniser les ouvrages hérités des époques médiévale et impériale afin de résister aux progrès de l’artillerie ennemie. Le tout jeune Vauban qui fait en quelque sorte ses « classes » dans la cité. Les cinq bastions existants sont modifiés ou complétés pour créer un corps de place de huit bastions. Les secteurs nord (bastion royal) et sud (bastion du Gard) sont les plus représentatifs de l'action de Vauban au Quesnoy.
Renforcement des contrescarpes et élargissement des fossés : Vauban adopte son schéma type à profil pentagonal, qui mélange terre et maçonnerie pour amortir les chocs de boulets. L’hydrographie locale ; la Rhonelle au nord et l’Écaillon au sud jugea Vauban essentielle : il réorganise l’alimentation en eau des fossés et crée trois étangs artificiels : Saint-Martin, du Fer à cheval, du Gard, destinés à inonder la ceinture extérieure en cas de siège. ce système hydraulique rend les fossés impraticables et renforce la dissuasion face à un assaut frontal.
Le Quesnoy sous Louis XV
Après la mort de Louis XIV, Le Quesnoy connut pendant trois-quarts de siècle une tranquilité relative. On releva les ruines et travailla à la restauration des remparts. A partir de cette époque, les fortifications du Quesnoy prirent à peu de choses près leur aspect définitif. A cette époque, au cœur de la cité, s’élevaient le Beffroi et l’Hôtel de ville, dominant le reste des demeures par leur masse imposante. La commune était devenue libre.
Le XVIIIe siècle, sous le règne de Louis XV et le début du règne de Louis XVI, fut relativement paisible pour la frontière du Nord.
Un carrefour de conflits : Révolution et guerres mondiales
Jusqu’à la Révolution, Le Quesnoy fut le chef-lieu d’une subdélégation rassemblant 44 paroisses et abritait plusieurs confréries locales dès le XVe siècle, témoignant de son rayonnement administratif et religieux.
Le Quesnoy pendant la Révolution
En 1790, la Révolution française organise le territoire en départements : Le Quesnoy est intégré au département du Nord, arrondissement d’Avesnes-sur-Helpe et devient chef-lieu de canton. Cette nouvelle administration supprime les anciennes juridictions seigneuriales et met en vente comme « biens nationaux » les propriétés ecclésiastiques et aristocratiques de la cité.
Le siège de Le Quesnoy (28 août – 13 septembre 1793)
La ville-frontière subit un siège par l'armée autrichienne de Cobourg et tombe le 12 septembre 1793. Elle est reprise le 15 août 1794 (28 thermidor an II) par les troupes de Schérer après un sévère siège sous une pluie diluvienne. 3 000 Autrichiens sont faits prisonniers à cette occasion.
Sous la guerre de la Première Coalition, Le Quesnoy, place forte avancée sur la frontière nord, connaît un siège prolongé : en 1793, l’armée autrichienne investit la ville et la tient assiégée pendant près d’un an. L’approvisionnement se raréfie, les fortifications subissent d’importants dommages et la population endure réquisitions et épidémies avant la levée du siège ; ces événements marquent profondément la mémoire locale et laissent un patrimoine défensif partiellement ruiné.
Le siège s’inscrit dans la guerre de la Première Coalition, où la République française fait face aux armées autrichiennes et aux émigrés royalistes. Du 28 août au 13 septembre 1793, environ 18 000 soldats coalisés sous François-Sébastien de Croix, comte de Clerfayt, investissent la place forte quercitaine, défendue par une garnison républicaine de 5 000 hommes commandée par le général François Goullus .
Les forces de siège comptent 24 bataillons d’infanterie et 10 escadrons de cavalerie. On y dénombre notamment cinq bataillons de grenadiers (Attems, Sinoth, Ulm, Ulrich, Watsch), plusieurs régiments d’infanterie de ligne (Archiduc Charles Nr 3, Deutschmeister Nr 4, Klebek Nr 14, Hohenlohe Nr 17, Grand-Duc de Toscane Nr 23, Wartensleben Nr 28, Michael Wallis Nr 29, Erbach Nr 42, Beaulieu Nr 59) et des escadrons de cavalerie légère (Latour Nr 31, Barco Nr 35), appuyés par de l’artillerie de siège. Côté royaliste français, deux escadrons de hussards (Berchény, Saxe) viennent compléter les forces coalisées .
Les assiégeants entament leur bombardement fin août en concentrant leurs tirs sur les portes de Valenciennes et de Fauroeulx, tout en creusant des mines sous les courtines pour en fragiliser les fondations. La garnison résiste pendant deux semaines et demie, subissant réquisitions, bombardements intenses et pénurie d’eau et de vivres dans l’enceinte assiégée .
Le 11 septembre, deux colonnes françaises venues de Cambrai et de Maubeuge tentent une percée : la première est repoussée à Avesnes-le-Sec, la seconde échoue également. Face à l’impossibilité de recevoir des renforts, la garnison du Quesnoy capitule le 13 septembre. Les républicains déplorent près de 1 000 tués et 4 000 prisonniers ; les pertes coalisées s’élèvent à 208 tués ou blessés. Cette victoire coalisée ouvre la voie au siège de Maubeuge puis à la bataille de Wattignies quelques semaines plus tard.
Lors des guerres de la Révolution et du Premier Empire, la ville conserva ses remparts tout en s’adaptant aux nouvelles tactiques militaires. À la fin de l'époque impériale, la ville est prise sans trop de résistance par des Hollandais lors d'un simulacre de siège. À l'issue du congrès de Vienne de 1815, il est décidé que la ville soit occupée par des troupes russes pour trois ans.
Première Guerre mondiale
Durant la Première Guerre mondiale, Le Quesnoy subit des occupations et des bombardements, mais c’est la libération du 4 novembre 1918 qui demeure la plus mémorable. Les troupes néo-zélandaises, après avoir escaladé les remparts, chassèrent les Allemands sans détruire la cité, un exploit commémoré par un monument érigé en hommage à ces soldats sur la porte de Valenciennes.
En août 1914, la mobilisation quercitaine mêle patriotisme confiant et inquiétude familiale. Très vite, Le Quesnoy se retrouve à quelques kilomètres d’un front quasi–immobile, entraînant une forte implantation de garnisons allemandes et de fréquents bombardements. Les premières incursions ont lieu dans le cadre de la « course à la mer ».
L'Occupation allemande (23 août 1914 - 4 novembre 1918)
La ville prise dès le 23 août 1914 par les troupes allemandes subit une sévère occupation pendant quatre années. Le maire de la commune, Achille Carlier, est ainsi injustement condamné pour avoir dissimulé des blessés français et anglais à l'arrivée des troupes allemandes. Achille Carlier, condamné par le commandant de la place, est ensuite jugé et défendu par un avocat allemand à Bruxelles.
Sous l’autorité d’une administration de l’occupant, la cité est déclarée zone militaire : réquisitions systématiques de logements, de chevaux et de véhicules, censure de la presse locale et instauration d’un couvre-feu nocturne. La circulation des convois et la multiplication des patrouilles accentuent la pénurie de vivres, tandis que la méfiance conduit à des épisodes d’« espionnite » où tout étranger ou voyageur est soupçonné d’activités hostiles.
Le long de ces quatre années d’occupation, les bombardements allemands ravagent près de 95 % des constructions civiles. En 1916, face aux dangers et aux besoins militaires, la municipalité organise l’évacuation totale de la population ; le territoire communal devient alors une simple extension du front, transformée en zone interdite et en camp retranché pour l’armée allemande pendant quinze mois.
Libération de Le Quesnoy par les Néo-Zélandais (4 novembre 1918)
Dans un vaste mouvement des troupes britanniques qui s'illustrent à Ghissignies, Louvignies, Jolimetz et Orsinval, la prise de la vieille forteresse est laissée aux troupes néo-zélandaises qui encerclent alors la ville en longeant par l'ouest la ligne ferroviaire d'Escaudœuvres à Gussignies, aujourd'hui disparue, et en contournant l'étang du Pont-Rouge vers Potelle.
Le 4 novembre 1918, la New Zealand Rifle Brigade lance une opération d’assaut spectaculaire sur les remparts vaubaniens de Le Quesnoy. L’objectif est de surprendre la garnison allemande tout en préservant la cité et sa population, quelques jours avant l’Armistice. Pour masquer leurs mouvements et minimiser les ripostes, en fin d'après-midi, l'artillerie néo-zélandaise, aidée par l'artillerie britannique, ajuste son tir au sommet des remparts et parvient à créer la confusion chez les défenseurs par l'utilisation de « bombes à huile », créant un épais rideau de fumée. Quatre longues échelles sont installées le long des remparts : trois sont détruites sous le feu ennemi, la quatrième est solidement placée sur les vestiges de la vanne du moulin, permettant l’escalade.
Sous la couverture des tirs d’artillerie et d’infanterie, le sous-lieutenant Leslie Averill, accompagné du sous-lieutenant Kerr et de son peloton, grimpe le premier. Après des combats de rues au corps à corps, la ville tombe finalement aux mains des Néo-Zélandais en début de soirée du 4 novembre 1918. La prise du Quesnoy et des communes voisines ouvre la porte de la « trouée dite de la Sambre », c'est-à-dire la route de la Belgique et de l'Allemagne ce qui précipite la défaite allemande. Le sacrifice des Néo-Zélandais est lourd : 142 soldats perdent la vie lors de cette ultime bataille de la Première Guerre mondiale, à quelques jours seulement de l’Armistice. Cette action a profondément marqué la mémoire locale et tissé des liens durables entre Le Quesnoy et la Nouvelle-Zélande.
Après ces combats, environ 2 000 soldats allemands se rendent. Près de 3 000 civils français sont libérés sans qu’aucune victime civile ne soit à déplorer.
Plusieurs récits de soldats kiwis décrivent l’assaut audacieux sur les remparts. Le lieutenant Harry Selwyn Henrick, de la New Zealand Rifle Brigade, rapporte : « La ville est entièrement ceinturée d’un rempart… À 5 h 30, notre artillerie bombarda les murs et les défenses extérieures…, avançant au moyen de charges de pétrole en feu projetées avec des canons spéciaux… ».
Le 15 juillet 1923, le monument des Néo-Zélandais est inauguré. Le maire Daniel Vincent accueille à cette occasion le maréchal Joffre, Lord Milner (un des signataires anglais du traité de Versailles) et sir Allen représentant de la Nouvelle-Zélande.
Pour approfondir, le musée néo-zélandais de la libération, installé dans l’ancienne gendarmerie, retrace cet événement à travers des récits, des objets tactiles et une mise en scène immersive des combats. Depuis l’ouverture en octobre 2023 du musée Te Arawhata – « L’Échelle » en maori – les visiteurs peuvent écouter des enregistrements de descendants de témoins civils quercitains et de vétérans kiwis. Ces récits poignants, mis en scène par projections vidéo et dispositifs immersifs, restituent l’émotion et la surprise des habitants lors de la libération sans destruction du bâti historique.
Pour prolonger votre visite, vous pouvez emprunter le circuit « Libération 1918 » qui jalonne les lieux clés de l’assaut et présente des panneaux explicatifs sur cette page d’histoire unique.
Seconde Guerre mondiale
Le 10 mai 1940, l'Allemagne hitlérienne déclenche son offensive à l'ouest. Le Quesnoy n'est pas sur la route du principal groupe de chars allemands qui doit atteindre la mer, passant plus au sud, mais par contre sur les chars qui doivent protéger le flanc nord de ce groupe principal.
Une fois battu, le bataillon de Tirailleurs Algériens qui défendait Jolimetz avec quelques chars en appui après la percée des Allemands à travers les défenses de la Sambre, la 5e Panzerdivision se présente devant les remparts du Quesnoy le 18 mai 1940 vers la fin de l'après-midi. Toutefois les trois portes d'accès à la citadelle ont été obstruées et sont défendues, stoppant l'attaque allemande dans son élan. La ville s'avère solidement tenue, principalement par un bataillon de tirailleurs marocains.
Le siège de la ville débute alors, et bien que les Français n'avaient pas prévu à l'origine d'intégrer la forteresse de Vauban comme position défensive, puisque démodée, celle-ci, avec ses profonds remparts et ses portes étroites, va tenir les chars allemands en échec, plusieurs d'entre eux étant détruits au cours des quelques attaques qu'ils auront tentées.
L'après-midi du 21 mai 1940, alors que d'autres Panzer-Divisionen ont atteint depuis la veille les côtes de la Manche, les défenseurs sont dans une situation désespérée : comptant de très nombreux blessés et manquant aussi bien d'armes lourdes et de munitions que de vivres, ils sont désormais isolés loin derrière les lignes ennemies puisque la résistance des unités françaises dans le nord de la forêt de Mormal s'est effondrée avec l'arrivée de deux divisions Panzer venues de Belgique. Les Allemands de la 5e Panzerdivision, qui préparent une nouvelle attaque avec chars et artillerie lourde, proposent aux défenseurs de donner leur reddition, que ceux-ci acceptent dans l'après-midi. Les Allemands leur rendent les honneurs.
L'action des défenseurs a contribué à ralentir la progression de la 5e Panzerdivision pendant trois jours, et par ricochet, étirant la 7e Panzerdivision qu'elle était censée flanc-garder, et qui s'est de fait trouvée exposée lors de la contre-attaque britannique à Arras le 21 mai.
Bombardée et incendiée par l'aviation et l'artillerie allemande, la ville a particulièrement souffert de ces quelques jours de siège, du beffroi ne restent que les murs.
Reconstruction et héritage
Après l’Armistice, la reconstruction de Le Quesnoy s’engage laborieusement : si les murs de l’enceinte bastionnée sont réparés, la ville ne retrouve jamais totalement son dynamisme d’avant-guerre, une partie notable des évacués et des entreprises ne réintégrant pas leur foyer initial. Ce traumatisme collectif marque durablement la mémoire locale et oriente le développement ultérieur de la cité vers une valorisation de son patrimoine reconstruit.
L’histoire de Le Quesnoy continue
Aujourd’hui, la ville est marquée par la présence d’un patrimoine monumental tout à fait singulier, qui lui permet d’afficher son identité de ville forte comme on brandit un étendard ! Classée « Ville fortifiée » et inscrite au patrimoine, Le Quesnoy attire les passionnés d’histoire et de patrimoine militaire. Ses remparts se parcourent à pied ou à vélo, et la mémoire de la Grande Guerre y est toujours honorée. Entre ses espaces verts, son patrimoine militaire unique et son rôle dans l’amitié franco-néo-zélandaise, la ville conjugue mémoire, histoire et modernité.
L’histoire de Le Quesnoy est celle d’une cité frontière, marquée par les sièges, fortifiée par Vauban et libérée de manière héroïque en 1918. Aujourd’hui, elle reste un haut lieu de patrimoine et de mémoire, témoin vivant des grands bouleversements de l’histoire Française.
Sources : « Histoire de la Ville de Le Quesnoy », de l’Abbé Paulin Giloteaux - « Le Quesnoy, L’archétype du Hainaut », de Bruno Carpentie
Patrimoine architectural et lieux incontournables
L’ensemble des remparts, classé Monument Historique, constitue aujourd’hui l’un des exemples les mieux conservés de l’artillerie bastionnée de Vauban. Un circuit pédestre de 12 km permet de suivre la succession des huit bastions et de découvrir le système d’inondation des fossés. Les plans de Vauban sont projetés sur des panneaux explicatifs, et chaque bastion porte son nom d’origine, restituant fidèlement son organisation militaire du XVIIᵉ siècle.- La poudrière du XVIIIe siècle et la Porte Fauroeulx, typique des villes fortifiées de la fin du XIXe siècle, ainsi que le bastion du Gard, transformé selon le système du Général Raymond Adolphe Séré de Rivières, sont des richesses du Quesnoy. Deux casemates de cette époque, qui servaient à stocker la poudre et les armes sous terre, sont toujours visibles.
- Le mémorial néo-zélandais sur les remparts, conçu par l’architecte Samuel Hurst Seager, rend hommage à la libération de 1918 par ces troupes alliées.
- La porte de Fauroeulx, unique porte survivante des destructions de la Seconde Guerre mondiale.
- Porte de Valenciennes : l’une des rares ouvertures médiévales subsistant sous ses parements, situé côté nord-est, rappelant l’ancienne route vers Valenciennes.
- Vestiges de l’enceinte médiévale : tours circulaires et fragments de courtines crénelées, visibles depuis le chemin de ronde sud, avant l’intervention de Vauban.
- Fortifications médiévales originelles : les fondations en pierre calcaire et silex, noyées sous le parement bastionné, témoignent de l’enceinte primitive érigée par Bauduin IV.
- Caves romanes du château comtal : galeries voûtées en berceau (XIIᵉ siècle), accessibles lors de visites guidées, conservant des restes de colonnes et de sculptures romanes. L’ancien château des comtes de Hainaut, édifié au XIIᵉ siècle, dont les caves romanes sont remarquables.
- Le beffroi de 1583, reconstruit plusieurs fois, abrite un carillon de 48 cloches.
- Plan-relief de la ville médiévale : conservé au musée du Quesnoy, il restitue l’enceinte telle qu’elle existait à la fin du XVe siècle.
- Base occidentale de la collégiale Saint-Nicolas : appareil en grand appareil calcaire, chapiteaux gothiques naissants et murs romans du XIIIᵉ siècle inscrits au titre des Monuments Historiques.
Pour enrichir votre découverte :
- Suivez la visite guidée thématique « Trésors médiévaux » proposée chaque été par le service culturel de la ville.
- Explorez le plan-relief de la cité médiévale, exposé au musée du Quesnoy, pour visualiser l’enceinte telle qu’elle existait au XIIIᵉ siècle.
- Consultez les archives municipales pour accéder aux plans et chartes originales de la charte de franchises de 1180.
Festivités historiques au Quesnoy
Le Quesnoy valorise chaque année son riche patrimoine à travers plusieurs événements dédiés à l’histoire de la cité et de ses remparts.
Journées européennes du Patrimoine
- Chaque troisième week-end de septembre, la municipalité ouvre les remparts et les monuments clés (porte de Valenciennes, bastions vaubaniens, collégiale Saint-Nicolas) à des visites guidées gratuites, accompagnées de démonstrations d’artisans médiévaux et de conférences sur Vauban et l’évolution des fortifications.
Nuit des Musées
- Au mois de mai, le musée archéologique et le musée Vauban proposent des nocturnes : visites à la lampe-torche des collections gallo-romaines et médiévales, ateliers de fouilles urbaines et scénographies immersives dans les salles restaurées de l’ancien couvent des Visitandines.
Carnaval historique
- Chaque printemps, le carnaval quercitain anime le centre-ville : chars décorés de scènes d’époque, groupes costumés évoquant tantôt l’assaut de 1918 par les Néo-Zélandais, tantôt les chevaliers du Moyen Âge, et musique d’époque défilent dans les rues pour retracer l’histoire locale de façon festive.
Sélection de restaurants au Quesnoy
Voici une liste d’adresses recommandées par les guides
- Ô Roi Bœuf : 19, place du Général Leclerc – cuisine française et européenne.
- Les Fines Gueules : 155, route de Valenciennes – restaurant du Nord, ambiance conviviale.
- Le Maori 2.0 : 8, rue Casimir Fournier – spécialités néo-zélandaises, bar-restaurant.
- La Crêperie de la Poste : 45, place du Général Leclerc – galettes et crêpes à base de produits locaux.
- Le Chalet de l’Étang : 2, chemin de Ghissignies – spécialités régionales dans un cadre champêtre.
Hébergements recommandés au Quesnoy
- Gîte des Remparts - Gîte - 59530 Le Quesnoy - 0,3 km
- Appartement Duplex Vauban - Appartement - Rue du Général Leclerc, Le Quesnoy - 0,1 km
- Chambres d’hôtes Les Vergers Tellier - Chambre d’hôtes - 88 route de Valenciennes, Le Quesnoy - 2 km approx.
- Campéole Le Lac Vauban - Camping - Chemin des Étangs, Le Quesnoy - 1 km approx.
- Le Chalet de l’Étang - Restaurant & gîte - 2 chemin de Ghissignies, Le Quesnoy - 3 km approx.
Nos coups de cœur au Quesnoy
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- Veillez à toujours respecter les biens et les personnes lors de votre passage et de ne pas pénétrer sur les terrains privés.
- Observez le code de la route en tous lieux et en toutes circonstances, et soyez courtois avec les autres usagers que vous pourrez croiser sur votre chemin.
- Camping et Feux interdits (pas de barbecue) - La nature est fragile et des chutes de pierres sont parfois fréquentes.
- Veuillez ramasser vos déchets avant de partir. Plus que les sacs plastiques ou les pailles, ce sont les mégots de cigarettes qui pollueraient le plus les océans. les filtres à cigarettes se dégradent très lentement. Deux ans en moyenne. L'un des "petits gestes élémentaires" à accomplir : ne plus jeter ses mégots par terre. Pensez boite à mégots.
Soyez vigilants et attentifs à tous ces petits gestes pour que nos petits et grands paradis le reste encore de nombreuses années et que les personnes qui passeront derrière nous en profitent tout autant.
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