Histoire des Deux-Sèvres (79)
Le département des Deux-Sèvres, situé en région Nouvelle-Aquitaine, est aujourd’hui reconnu pour ses paysages vallonnés, ses bocages verdoyants et ses villes de charme comme Niort, Parthenay ou Bressuire. Mais derrière ce cadre paisible se cache une histoire riche, façonnée par des influences religieuses, agricoles et industrielles. Bien avant les duchés, la création du département en 1790, le territoire était déjà marqué par la présence humaine. Le territoire se signale par l’extraordinaire ensemble mégalithique des Tumulus de Bougon.
Les Gaulois, puis les Romains, ont occupé ces terres fertiles, laissant des vestiges archéologiques et des voies de communication. Les Deux-Sèvres doivent leur premier nom aux Pictons, peuple gaulois du Poitou, intégré à l’Aquitaine après la conquête romaine, avant de passer sous l’influence wisigothe puis franque. L’histoire des Deux-Sèvres n’est pas un récit en trompettes ; c’est un feuilleté. Une densité discrète qui fait des villages des archives à ciel ouvert, des marais des mémoires navigables, et de Niort une capitale improbable qui s’est imposée sans renier ses racines poitevines. Si vous deviez n’emporter qu’une chose de cette lecture, que ce soit l’envie d’aller toucher les pierres et d’écouter ce qu’elles murmurent.
Il y a, dans les Deux-Sèvres, une histoire qui ne se pavane pas ; elle affleure. Dans les pierres blondes d’un château, sous les herbes d’un tumulus, dans la rumeur d’un marché, le passé n’a pas disparu : il s’est déposé.
Cet article vous propose une traversée claire et vivante de cette terre née du Poitou, du Néolithique à nos jours.
Histoire des Deux-Sèvres : un territoire entre traditions rurales et grands bouleversements
Aux origines: des tumulus aux voies romaines
Avant les châteaux et les abbayes, le pays des Deux-Sèvres a vu passer des chasseurs-cueilleurs, puis des communautés de paysans-bâtisseurs. Cette période dit beaucoup de la patience humaine : façonner une lame, polir une hache, déplacer une dalle de plusieurs dizaines de tonnes pour honorer ses morts.
Paléolithique et Mésolithique
Le Paléolithique voit des groupes mobiles exploiter les vallées de la Sèvre Niortaise et de ses affluents, suivant le gibier et la saisonnalité des ressources. Au Mésolithique, la forêt gagne du terrain ; les campements se fixent plus longtemps sur des lisières et des points d’eau, la microlithisation des outils accompagne une chasse plus diversifiée.
Traces matérielles : Silex taillés, grattoirs, microlithes, foyers et amas coquilliers témoignent de gestes techniques éprouvés. La céramique et l’élevage n’apparaîtront que plus tard, avec le Néolithique.
Néolithique : sédentarisation et monuments !
L’agriculture, l’élevage, la céramique et le polissage de la pierre transforment l’organisation sociale. Les habitats se fixent, les terroirs se structurent, et les morts reçoivent des architectures durables: les mégalithes.
Une nécropole majeure
À Bougon, un groupe de cinq tumulus forme une nécropole édifiée dès le début du Ve millénaire avant notre ère et utilisée jusqu’au milieu du IIIe millénaire. Classé Monument historique, cet ensemble, connu aussi sous le nom des Chirons, est l’un des ensembles mégalithiques les mieux conservés de l’ouest atlantique, avec chambres funéraires, dalles monumentales calcaires et mobilier d’accompagnement. Les fouilles ont documenté des phases successives, des décors gravés et des pratiques d’inhumation collectives caractéristiques des communautés néolithiques locales.
Les recherches conduites au XXe siècle ont permis de restituer la construction et l’usage des monuments. Une expérience restée célèbre a montré le déplacement d’un bloc de 32 tonnes en s’inspirant de techniques néolithiques (leviers, rondins, traction collective), illustrant l’ingénierie sociale et matérielle nécessaire à ces architectures funéraires.
Ce que révèlent les monuments
Édifier, entretenir et réutiliser des tumulus sur des siècles suppose des groupes coordonnés, des savoir-faire partagés (taille, transport, maçonnerie sèche) et des rituels codifiés autour des défunts. À Bougon, la multiplicité des structures et leurs remaniements disent l’importance du lieu dans la mémoire collective. Les tumulus s’inscrivent sur des lignes de crête et des replats calcaires, visibles à distance. Ils ordonnent symboliquement l’espace, au même titre que les champs, les chemins et les enclos, ancrant les vivants dans la continuité des ancêtres.
Le parc archéologique de Bougon permet d’entrer dans certains tumulus, de parcourir le site et de lire les plans des monuments in situ. La visite met en regard monuments, paysages et gestes techniques, avec une médiation adaptée aux familles et aux curieux comme aux passionnés. À proximité immédiate, le musée des Tumulus de Bougon retrace l’histoire humaine depuis les premiers peuplements jusqu’au Néolithique, en centrant ses collections sur le mégalithisme régional. Parcours permanent, expositions et ateliers d’archéologie expérimentale donnent des clés concrètes: allumage du feu, taille du silex, traction de charges, fabrication des poteries.
Quels sont les principaux monuments préhistoriques à Bougon?
Monuments préhistoriques à Bougon
Les principaux monuments sont un ensemble cohérent de cinq grands tumulus formant une nécropole néolithique, édifiés dès le début du 5e millénaire av. J.-C. et réutilisés jusqu’au milieu du 3e millénaire. Ils couvrent et structurent plusieurs chambres funéraires mégalithiques, avec dalles calcaires monumentales, murs en pierres sèches et dispositifs d’accès, caractéristiques des architectures funéraires de l’ouest atlantique. Le site est classé Monument historique et intégré à un parc archéologique avec musée de la Préhistoire attenant.
Les types de structures visibles
- Tertres allongés et tumulus circulaires : Monticules de pierres et de terre recouvrant des chambres funéraires; certains sont longs et trapézoïdaux, d’autres plus massifs et arrondis, marquant des phases et choix architecturaux distincts.
- Chambres mégalithiques : Espaces funéraires en grandes dalles calcaires (orthostates et dalles de couverture), parfois réaménagés au fil des siècles, avec des inhumations collectives et du mobilier d’accompagnement.
- Accès et couloirs : Plusieurs monuments présentent des couloirs d’accès ou des dispositifs d’entrée aménagés, témoignant de rituels de visite et de réouverture des tombeaux.
- Décors gravés : Des motifs (notamment dits “crochets” sur certains monuments) illustrent une dimension symbolique et codifiée du funéraire néolithique.
Organisation du site et visite
- Nécropole des “Chirons” : Les tumulus sont regroupés sur un même plateau, formant un paysage funéraire lisible à l’échelle du site, avec un parcours de découverte permettant d’entrer dans certains monuments.
- Musée des Tumulus de Bougon : À proximité immédiate, le musée contextualise ces monuments (techniques, croyances, chronologie), avec collections régionales, médiation et ateliers d’archéologie expérimentale.
Période romaine dans le Mellois et les Deux-Sèvres
À l’époque romaine, sur l’axe Poitiers-Saintes, l’agglomération de Rauranum (Rom) s’étendait sur près de 40 hectares, avec artisans, commerces et bains. Ville-étape stratégique des Pictons, elle inscrivait le pays dans les circulations de l’Aquitaine romaine.
Rauranum (Rom): une agglomération routière
La Romanité a laissé une trame tenace ici : routes droites qui cousent le pays, petites agglomérations actives, ateliers, sanctuaires, et des nécropoles qui racontent la vie ordinaire plus que les épopées. Le territoire est traversé par la voie impériale Poitiers (Lemonum) - Saintes (Mediolanum), génératrice d’agglomérations routières et d’activités artisanales et commerciales. À Rom, carrefour de trois voies, cette trame explique l’essor antique du site. Elles permettent le transport de denrées (vin, sel, céramiques), la circulation des personnes, la fiscalité et la poste. Elles fixent les marchés et les relais.
L’agglomération antique de Rauranum (Rom) se développe au Ier siècle apr. J.-C., à un carrefour routier stratégique, puis perdure, laissant place au bourg médiéval. Le cœur actuel de Rom recouvre en partie ce tissu antique. Autour des axes, de petits vici (bourgs routiers) maillent le territoire. Dans les campagnes, des exploitations agricoles (villae et fermes) produisent céréales, élevage, et transforment localement. L'artisanats prend son essor comme la céramique, la métallurgie légère, le tissage. La route offre des débouchés et les cours d’eau ; l’énergie et l’argile. Les marchés locaux complètent les flux lointains, ancrant une économie mixte entre autoconsommation et commerce.
Petits sanctuaires, stèles, et pratiques domestiques s’entrelacent avec les divinités romaines et locales. Les tombes jalonnent les abords des voies et des agglomérations. À Rom, les sépultures du haut Moyen Âge s’installent dans la continuité d’un pôle antique, montrant la persistance des lieux funéraires autour du bourg. Le Poitou passe de l’orbite romaine à des royaumes barbares, notamment wisigoth, puis franc après le début du VIe siècle, entraînant de nouvelles centralités et une autre carte des pouvoirs.
Ce qu’on peut voir aujourd’hui
- Rom / Rauranum : Parcours dans le bourg (traces d’emprise antique sous-jacente). Traces d’urbanisme (habitats, ateliers), nécropoles périphériques, et continuités d’occupation depuis l’Antiquité jusqu’au haut Moyen Âge autour d’un premier sanctuaire chrétien.
- Visite du musée de Rauranum pour ancrer la chronologie et les objets du quotidien gallo-romain. Le musée de Rauranum présente les découvertes de la ville gallo-romaine et propose médiation et ateliers, utile pour comprendre la vie quotidienne sur la voie Poitiers–Saintes.
- Alignements parcellaires, toponymie héritée des voies, et densités d’occupation le long des axes expliquent encore la carte actuelle.
Moyen Âge : Poitou, foi et fiefs
Sous les pierres romanes et les donjons, on lit une histoire de continuités, de crises, et d’ingéniosités locales : mines, marchés, abbayes, passages marchands et frontières mouvantes.
Au VIe siècle, la foi chrétienne se déploie avec des figures comme saint Maixent, dont l’abbaye devient un pôle religieux et culturel. Du Niortais au Bressuirais en passant par le Mellois, le territoire se fragmente en seigneuries. Ces « pays » locaux, héritiers de découpages plus anciens, structurent durablement les identités et les réseaux d’allégeance. Entre Anjou, Poitou et Saintonge, les châteaux gardent les lignes de fracture. À l’époque, le nord actuel du département touche aux marches d’Anjou, une zone de contact souvent disputée.
Moyen Âge dans le Mellois et les Deux-Sèvres
Haut Moyen Âge et héritages antiques (Ve–Xe siècles)
Autour des anciens carrefours antiques (Rom/Rauranum, Melle), les noyaux paroissiaux se fixent; des nécropoles des VIe–Xe siècles se développent près des églises naissantes. Diffusion du christianisme autour de figures comme saint Maixent et saint Agapit. Naissance d’un pôle monastique à Saint Maixent qui ancre la trame paroissiale et l’encadrement des campagnes. Vers 732, Passage et dispersion des Sarrasins par Charles Martel ; consolidation de points forts et contrôle des axes au sud du Poitou.
Les cadres civils tardifs cèdent la place aux comtes, vicomtes et abbayes. La toponymie (Saint , -sur Belle, -l’Abbaye) reflète l’ancrage religieux. C'est la montée des comtes de Poitiers : le pouvoir comtal structure le Poitou ; délégation à des barons qui fragmentent l’espace en petites seigneuries (Niortais, Mellois, Bressuirais), préfigurant le paysage féodal.
À partir du VIIIe–IXe siècle, l’exploitation de l’argent de Melle alimente des ateliers monétaires royaux; technique et fiscalité structurent le pays, avec des échanges à longue distance. L'exploitation et le monnayage carolingiens dynamisent l’économie régionale, reliant le Mellois aux circuits de la royauté et des échanges à longue distance.
Féodalité et essor roman (XIe–XIIIe siècles)
Élévation de mottes puis de châteaux de pierre qui contrôlent ponts et marchés comme Niort, Parthenay, Thouars, Bressuire. Les bourgs castraux attirent artisans et foires. Fxation de marchés, péages, ponts ; les bourgs se structurent autour des enceintes.
Un chapelet d’églises romanes se déploie le long des routes : Saint Hilaire de Melle, Saint Pierre d’Airvault, Parthenay le Vieux, Celles sur Belle. Portails sculptés, modillons, chevet à décor géométrique témoignent d’ateliers régionaux. C'est la vitrine d’ateliers romans du Poitou et de la puissance seigneuriale et monastique. Abbaye de Celles sur Belle et prieurés organisent terroirs, moulins, étangs, et défrichements. Ils structurent les parcellaires que l’on lit encore.
Frontière Plantagenêt–Capétiens et fortifications (XIIe siècle)
Le Poitou devient pièce maîtresse d’un espace trans Manche sous Aliénor d’Aquitaine et les Plantagenêts. Niort reçoit un puissant donjon jumeau ; Parthenay et Thouars renforcent enceintes et portes monumentales. Le maillage de ponts, péages et halles dynamise le trafic de sel, vin, bétail, draps ; les chemins jacquaires apportent pèlerins et revenus.
En 1152, Aliénor d’Aquitaine épouse Henri Plantagenêt. Deux ans plus tard, Henri devient roi d’Angleterre. Le Poitou entre alors dans l’orbite anglo-angevine, ce sont les grands travaux défensifs et administratifs. Henri II construit le donjon jumeau de Niort dans les années 1180. Forteresse majeure pour verrouiller la Sèvre Niortaise et la route vers l’Atlantique ; Parthenay et Thouars renforcent leurs enceintes. C'est le tournant Plantagenêt et la rivalités capétiennes (milieu–fin XIIe siècle). Sous les Plantagenêt, le Poitou devient une pièce stratégique. Cela se lit dans les chantiers défensifs, la dynamique des marchés, et des fidélités seigneuriales souvent changeantes.
Couloir entre Atlantique et Loire, le Poitou contrôle routes, gués et ports intérieurs. Les Plantagenêt y investissent pour tenir la frontière face aux Capétiens. Autour des châteaux, des bourgs se densifient, avec des plans de rues radioconcentriques, des faubourgs près des portes, et des quartiers d’artisans sous protection seigneuriale. Sénéchaux et officiers anglo-angevins appuient l’autorité du prince, tout en s’adossant aux grands lignages locaux (Lusignan, Parthenay, Thouars).
Le Poitou a été un théâtre d’opérations quasi continu entre princes, rois et grands lignages. En 1173–1174, c'est la révoltes baronniales et les ripostes angevines. Une coalition contre Henri II voit le jour, les barons poitevins dont les Lusignan se soulèvent, soutenant “Henri le Jeune”. Sièges éclairs et chevauchées pour tenir les ponts, les gués. Les places comme Niort, Parthenay et Thouars sont renforcées ou sécurisées dans la foulée. Reprises de contrôle par Henri II, durcissement des fidélités et consolidation des chantiers défensifs.
Dans les années 1180 -1199, multiplication des trêves, serments et arbitrages avec les seigneurs poitevins. Le pouvoir central cherche des équilibres locaux. Campagnes de Richard Cœur de Lion dans cette période. Réaffirmation du pouvoir plantagenêt : Richard mène des opérations pour dompter les barons rétifs et verrouiller les marches. Édification/modernisation du donjon jumeau de Niort, consolidation d’enceintes à Parthenay et Thouars pour tenir la vallée de la Sèvre et les routes vers l’Atlantique. Installation de garnisons, contrôle des péages, encadrement des marchés.
Dans la période 1199–1214, après Richard Cœur de Lion, Jean sans Terre peine à conserver l’adhésion des barons poitevins. Ce sont des crises de fidélité et des avancées capétiennes. Les offensives capétiennes bousculent l’ensemble angevin, Philippe Auguste exerce une pression, chevauchées et prises de places en Poitou. Les positions plantagenêt se rétractent sur les axes clefs. Alternance d’occupations, de rançons, et destructions ciblées d’ouvrages avancés. En 1214, la défaite de Bouvines scelle le reflux continental. Chute des dernières places majeures côté anglo angevin avec des sièges en Saintonge et Aunis voisin, ralliements en chaîne dans l’intérieur poitevin.
Le comté de Poitou passe sous contrôle capétien. Commence une phase d’intégration, mais l’empreinte plantagenêt reste forte dans le bâti et l’organisation des places. Les grandes maisons poitevines jouent la bascule entre princes. Cette plasticité politique explique à la fois les investissements rapides… et leur remise en cause tout aussi rapide après 1224.
En 1242, c'est la guerre de Saintonge. Coalition d’Henri III d’Angleterre et des barons poitevins. Tentative de reprise ; combats majeurs autour de Taillebourg et Saintes. Pressions et mouvements de troupes rejaillissent sur Niort/Parthenay (logistique, réquisitions, circulations armées). C'est une victoire capétienne ; la ligne capétienne s’enracine définitivement.
Crises et recompositions (XIVe–XVe siècles)
La Guerre de Cent Ans amène une alternance d’occupations et de traités ; sièges, chevauchées et rançons. Les bourgs s’emmurent, les châteaux sont modernisés. La Peste Noire (à partir de 1348) et les levées d’impôts provoquent dépopulation, friches et déplacements d’habitats ; certains hameaux disparaissent, d’autres se regroupent. Puis, reprise capétienne, restaurations et relances des foires à la charnière XVe–XVIe siècle. Reconstruction d’églises et de ponts, essor des confréries et de la pierre de taille tardive.
Ce qu’on peut voir aujourd’hui
Un semis de forteresses et d’églises : Plus de soixante-dix châteaux et un chapelet d’églises romanes témoignent de l’intensité médiévale dans les Deux Sèvres ; ils jalonnent encore routes, vallées et anciens marchés.
- Donjons et enceintes : Donjon de Niort ; enceintes et portes de Parthenay ; château de Thouars ; ruines et terrasses castrales à Bressuire et environs.
- Eglises romanes du Mellois : Saint Hilaire de Melle (sculptures, chevet), Saint Pierre d’Airvault, Celles sur Belle (abbatiale et cloître), églises romanes rurales aux modillons expressifs.
- Traces du haut Moyen Âge : Nécropoles autour des églises (Rom), partitions de cimetières lisibles dans les bourgs, plans de villages hérités.
- Patrimoine technique : Mines d’argent de Melle et ateliers de frappe reconstitués; moulins, ponts anciens, halles.
Guerres de Religion dans les Deux-Sèvres
Les guerres de Religion françaises s’étendent de 1562 à 1598, dans un climat de tensions croissantes dès les années 1530 entre catholiques et réformés. Le Poitou, fortement gagné à la Réforme, devient un théâtre d’affrontements répétés mêlant sièges, razzias, et représailles. Sous la surface paisible du bocage, la période des guerres de Religion dans les Deux-Sèvres a laissé des cicatrices nettes : abbayes rasées, châteaux démantelés, places disputées, puis une longue mémoire protestante ancrée dans les hameaux. Voici l’essentiel, localisé et factuel.
Épisodes marquants dans le Mellois et le Poitou deux-sévrien
- 1568 - Destruction de l’abbaye de Celles-sur-Belle : Symbole du pouvoir catholique local jugé corrompu par les réformés, l’abbaye royale est détruite par des protestants, dans un cycle d’exactions réciproques qui marque durablement le Mellois.
- 1577 - Démantèlement du château de Melle : Place forte protestante, le château est officiellement démantelé sur ordre d’Henri III, illustrant la reprise en main royale des places réformées au sortir des phases de guerre ouvertes.
- 1582 - Tentative de conciliation à La Mothe-Saint-Héray : Rencontre organisée par Henri III, réunissant Catherine de Médicis et Henri de Navarre (futur Henri IV), aux côtés de seigneurs locaux. L’effort de médiation échoue, signe de la profondeur des clivages locaux.
- 1586 - Offensive d’Henri de Navarre à Exoudun : Le futur Henri IV reprend le château d’Exoudun aux catholiques ; la place sera ultérieurement arasée sous Richelieu, dans la politique d’abaissement des forteresses protestantes.
- 1598 L’Édit de Nantes : Henri IV, désormais roi et converti au catholicisme, accorde la liberté de culte réformé dans certains cadres. Une paix relative s’installe, sans effacer les destructions du demi-siècle écoulé.
Après 1598 : reconstructions, démolitions et répression
- Démolitions sous Louis XIII et Richelieu : De nombreuses places fortes réformées sont rasées ou déclassées; le château d’Exoudun perd ses fonctions défensives, reflet de la politique de centralisation et de contrôle religieux.
- Reconquête symbolique catholique : L’abbaye de Celles-sur-Belle est reconstruite de 1661 à 1676, avec un portail majestueux et de vastes bâtiments conventuels, vitrine locale de la Contre Réforme triomphante.
- 1681 - Dragonnades en Poitou : L’intendant René de Marillac envoie des compagnies pour forcer les conversions. Plus de 38 000 abjurations sont recensées en Poitou. Le lieu-dit du Grand Ry (Prailles) conserve la mémoire d’un épisode de ces persécutions.
Cimetières familiaux protestants du Moyen-Poitou
Dans les cantons de Niort, Saint Maixent, La Mothe Saint Héray, Lezay, Melle, Celles sur Belle, et vers Moncoutant, on observe une forte présence de cimetières familiaux ruraux. Nés de la clandestinité et des pratiques réformées (refus du culte des morts), ces enclos privés perdurent largement au XIXe siècle, avec leurs murs de pierre et cyprès caractéristiques.
Les Deux-Sèvres pendant la Révolution française
Dans les Deux-Sèvres, la Révolution a été un bouleversement double : refondation administrative et pays traversé par la guerre civile de l’Ouest.
De la Révolution au département des Deux-Sèvres
Le 4 mars 1790, en application de la loi du 22 décembre 1789, est créé le département des Deux-Sèvres, nommé d’après les deux rivières qui l’irriguent, la Sèvre Niortaise et la Sèvre Nantaise. Il est essaimé principalement de l’ancien Poitou, mais intègre aussi des communes de l’Angoumois et de l’Anjou (dont Bouillé-Loretz, Loublande, Saint-Maurice-la-Fougereuse, Saint-Pierre-des-Échaubrognes, ainsi que des marches d’Anjou comme Cersay ou Bouillé-Saint-Pau.
Les anciennes sénéchaussées et privilèges provinciaux s’effacent ; clubs patriotiques et sociétés populaires s’organisent à Niort et dans les bourgs pour porter les réformes et surveiller les autorités. Arrive, le serment constitutionnel et les fractures.dont l’application de la Constitution civile du clergé clive paroisses et communautés. Les correspondances aux “Amis de la Constitution” à Niort témoignent de la politisation rapide et des débats tendus autour des prêtres et des cultes. Comités, presse locale et administration centrale rendent compte des denrées, réquisitions et troubles, préparant un terrain inflammable au moment des levées d’hommes.
La guerre de Vendée et la frontière intérieure (1793–1796)
À la jonction Vendée–Poitou, les Deux Sèvres voient circuler colonnes républicaines et bandes insurgées; cantonnements, réquisitions, escortes de convois et combats ponctuels marquent Niort, Bressuire, Parthenay, Thouars et les routes entre Sèvre Niortaise et Sèvre Nantaise. Les rapports à l’administration centrale et aux représentants en mission décrivent l’urgence permanente : sécurité, subsistances, épuration des autorités, et contrôle des correspondances.
Le théâtre et les phases (1793–1796)
Le nord des Deux Sèvres appartient au cœur de la “Vendée militaire” (Bocage de Mauléon, Bressuire, Cerizay, Argenton, jusqu’aux lisières angevines), zone parcourue par insurgés et troupes républicaines dès mars 1793 jusqu’au premier semestre 1796. Trois temps dominent: soulèvement et victoires rapides vendéennes (printemps été 1793), revers et Virée de Galerne (oct.–déc. 1793), puis répression culminant avec les Colonnes infernales de Turreau (hiver printemps 1794), avant les ralliements et capitulations (1795–1796).
Lieux clés et combats
Chefs vendéens présents dans le secteur : La Rochejaquelein, Lescure, Stofflet, Charette opèrent à différentes étapes; Mauléon rayonne comme point de ralliement, Saumurois et Haut Poitou comme axes de manœuvre.
Chefs des blanc présents dans le secteur : De Canclaux, Kléber, Marceau, Haxo, Westermann, Turreau, puis Hoche en phase de pacification, Niort servira de base administrative et logistique aux Armées républicaines pour les opérations vers le Bocage.
Mars–avril 1793 : l’embrasement
- Jallais (12 mars) : première victoire vendéenne structurée; prise d’armes et d’élan.
- Chemillé, 1re (11 mars) et 2e (13 mars) : succès en série qui consolident le commandement paysan.
- Cholet, 1re (14 mars) : place-clef des Mauges brièvement enlevée; symbole moral.
- Pont-Charrault (19 mars) : défaite vendéenne; apprentissage tactique face à l’artillerie.
- Les Aubiers (3 avril) : victoire vendéenne et capture de canons.
- Vezins (19 avril) : engagement dur; les Vendéens tiennent le terrain.
Mai : l’offensive vendéenne
- Combats à Thouars en 1793
Prise de la ville de Thouars le 5 mai 1793, par les insurgés après une série de succès dans le Haut Poitou. L’épisode ouvre la route vers Saumur et ancre le front sur la Sèvre nantaise et la Haute Sèvre. Dans les jours précédents, l’armée insurgée, rassemblée à Cholet fin avril, prend Argenton le 2 mai ; Quétineau, jugeant Bressuire indéfendable, l’évacue dans la nuit du 3 mai et se replie sur Thouars. Les Vendéens récupèrent à Bressuire des prisonniers dont Lescure et Marigny et des munitions, ce qui renforce leur commandement et leurs moyens à la veille de Thouars.
Au printemps, après une série de succès insurgés dans le Haut-Poitou, l’Armée catholique et royale concentre ses forces sur Thouars, point-clef sur le Thouet. À l’aube du 5 mai, les Vendéens, environ 20 000 à 27 000 hommes et 6 pièces d’artillerie, se présentent sur la rive ouest face à une garnison républicaine commandée par Pierre Quétineau, forte d’environ 3 000 à 5 000 hommes et 12 canons, répartis entre gardes nationaux, volontaires et cavalerie légère. L’avantage numérique et la manœuvre sur plusieurs passages de la rivière vont emporter la décision dans la journée.
Il y a trois accès sur le Thouet : au nord le Gué-au-Riche (vers Pompois), au centre le pont de Vrines, et au sud les passages du bac Saint Jacques et du pont Saint Jean sous les murs de Thouars. Les Vendéens lancent des attaques simultanées pour étirer la défense républicaine sur ce front en trois têtes de pont.
Répartition des colonnes insurgées : Bonchamps vers le Gué au Riche ; La Rochejaquelein et Lescure sur le pont de Vrines ; d’Elbée, Stofflet et Cathelineau au bac Saint Jacques ; Marigny et Donnissan au pont Saint Jean. La bataille s’engage dès cinq heures du matin, au chant du Vexilla Regis rapportent les chroniques locales.
Dispositif républicain : Quétineau place environ 1 000 hommes (dont le bataillon des Marseillais et des hommes de la Nièvre) avec trois pièces sur les coteaux couvrant le pont de Vrines, et détache près de 300 hommes (volontaires de la Vienne, gardes nationaux d’Airvault et cavalerie) au Gué au Riche, complétés par des positions autour des accès sud de la ville.
Pression sur Vrines et débordement au nord. Les Vendéens engagent de front au pont de Vrines tandis que les attaques convergentes au Gué au Riche et au sud saturent la défense. L’artillerie républicaine tient un temps, mais la masse insurgée finit par forcer les franchissements et gagner du terrain vers les remparts et les portes de la ville. En fin de journée, l’assaut coordonné emporte les positions ; la ville est prise d’assaut, les défenseurs se replient ou sont capturés. La victoire vendéenne est nette : 12 canons saisis, plusieurs milliers de prisonniers bleus (souvent estimés entre 3 000 et 5 000), pour 500 à 600 tués côté républicain selon les bilans les plus couramment cités.
La chute de Thouars, suivie peu après des succès de l’Armée catholique et royale à Saumur et Angers, marque l’apogée du cycle offensif du printemps été 1793 dans l’Ouest. Dans le Bocage bressuirais, un momentum explique l’audace des colonnes vendéennes avant l’inflexion de l’automne.
- Fontenay-le-Comte, 1re (16 mai) : échec vendéen, choc avec une défense solide.
- Fontenay-le-Comte, 2e (25 mai) : revanche vendéenne ; prise de la place et gros butin.
- Doué-la-Fontaine (7 juin approche) : combats d’accès avant la percée sur la Loire.
Juin : l’apogée et les raids
- Saumur (9–10 juin) : grande victoire vendéenne; passage de la Loire ouvert, artillerie et munitions abondantes saisies.
- Nantes (29 juin) : échec majeur des Vendéens; Cathelineau blessé mortellement, tournant psychologique.
- Combats à Parthenay en 1793
En juin 1793, Parthenay change deux fois de mains en quelques jours, au cœur de la poussée et du reflux qui suivent Saumur et précèdent les combats d’été dans le bocage. La ville, tenue par des républicain inquiets de l’avance vendéenne, devient l’objectif d’allers retours éclair où la surprise pèse davantage que la masse.
Menés par Lescure, les Vendéens somment la place ; les patriotes se rendent aussitôt. Parthenay est occupée par environ 5 000 à 6 000 paysans le 14 juin. Arrivé en renfort à Niort avec la Légion du Nord (la Colonne de Westermann : environ 1 200 hommes), Westermann reçoit l’ordre de frapper Parthenay par surprise. Il quitte Saint Maixent le 24 au soir. Artillerie contre la porte, infanterie dans la ville, cavalerie en contournement. Pris dans leur sommeil, les Vendéens fuient ; Lescure accourt avec ~700 hommes sans pouvoir enrayer la déroute. Trois canons sont saisis.
Les pertes républicaines seraient limitées à sept blessés; côté vendéen, 100 prisonniers sont mentionnés, et un chiffre de 600 morts est avancé par Goupilleau mais jugé probablement exagéré. Signalés à Amailloux, les insurgés sont dispersés le 1er juillet; le bourg est incendié et des habitants tués, dans une logique de représailles et de terreur réciproque caractéristique de la phase médiane du conflit.
- Luçon, 1re (14 juin) : succès républicain ; préfigure la « défense mobile » bleue dans le Bas-Poitou.
Juillet–août : contre-offensive républicaine
- Vihiers (18 juillet) : victoire vendéenne locale, mais sans percée durable.
- Châtillon, 1re (5 juillet) : heurts répétés dans le bocage, ville disputée.
- Luçon, 2e (28 juillet) et 3e (14 août) : défaites vendéennes nettes ; mordent la « Grande Armée » d’Anjou-Bocage.
- Les Ponts-de-Cé (août) : verrou angevin disputé sur la Loire.
- Torfou (19 septembre) : victoire vendéenne tactique contre Kléber et Canclaux ; l’art de l’embuscade bocagère à son sommet.
Septembre–octobre : le basculement
- Treize-Septiers, Le Pallet, Saint-Fulgent (mi-septembre) : combats en chaîne en pays nantais ; usure des forces insurgées.
- Cholet, 2e (17 octobre) : victoire républicaine décisive ; début de la Virée de Galerne, les Vendéens passent au nord de la Loire.
Novembre–décembre : la Virée de Galerne et l’écrasement
- Entrammes (26 octobre) et Laval (fin octobre–début novembre) : revers républicains ; Vendéens regagnent du souffle, brièvement.
- Fougères (3–4 novembre) et Dol (20 novembre) : prises et combats d’usure ; le ravitaillement devient critique.
- Granville (14 novembre) : échec devant la mer ; l’espoir de secours anglais s’éteint.
- Le Mans (12–13 décembre) : déroute vendéenne sanglante, colonne insurgée disloquée.
- Savenay (23 décembre) : anéantissement des restes de l’armée vendéenne; fin de campagne 1793.
- Châtillon sur Sèvre/Mauléon : “Capitale” vendéenne un temps ; combats répétés autour du Bois aux Chèvres et cantonnements républicains au Mont Gaillard, associés à la figure d’Henri de La Rochejaquelein et au château de la Durbelière.
- Bressuire–Cerizay–Argenton : Chaîne de bourgs du Bocage frappés par prises, incendies, dépôts et contre offensives, notamment durant l’hiver 1793 1794.
Réquisitions, escortes de convois, interdictions de foires, barrages aux ponts sur la Sèvre Niortaise et la Sèvre Nantaise. Les routes Niort–Parthenay–Thouars et Bressuire–Mauléon deviennent des couloirs militaires. Ruptures d’approvisionnement, bétail saisi, églises fermées, puis rouvertures irrégulières; curés et municipalités ballotés entre serment, fuite ou clandestinité.
Les Colonnes infernales et la politique du vide (1794)
Stratégie de Turreau : Campagnes de “razzia” et de destruction dans le Bocage pour couper vivres et abris aux insurgés; villages brûlés, populations déplacées ou massacrées, atteignant fortement le nord Deux Sèvres. Les “blancs” des registres 1793 - 1796 sont eux mêmes des preuves : quand tout brûle ou s’enfuit, l’histoire officielle se tait, et la mémoire passe par récits, toponymes, et reconstructions tardives.
Témoignages et traces directes de 1793–1796
On peut toucher cette période du doigt à travers des voix et des traces très concrètes: lettres de soldats, registres lacunaires, rapports, mémoires. Voici les principales catégories, où les trouver, et ce qu’elles racontent.
- Registres d’état civil et de catholicité lacunaires
Blancs des années 1793–1796 : Dans de nombreuses communes du nord Deux-Sèvres (Bressuire, Mauléon/Châtillon, Nueil-les-Aubiers, Courlay, Le Pin, etc.), les registres ont disparu ou sont très incomplets pour la période des combats et des Colonnes infernales. Sous la Restauration, des reconstitutions sommaires ont été tentées en 1814, souvent réduites à des listes minimales sur témoignages, ce qui est en soi un “témoignage négatif” des violences et déplacements massifs.
- Lettres et papiers de soldats
Correspondances de terrain (1793–1794) : Des lettres de volontaires et de gendarmes engagés contre les insurgés subsistent (ex. Lot-et-Garonne, Charente-Inférieure, Gironde). Elles évoquent marches, fatigues, peurs, et combats dans l’Ouest. Un guide de sources signale ces lots, avec transcriptions et références d’archives, ainsi que des extraits mortuaires de blessés décédés dans les hôpitaux de Saumur, Angers, Nantes, La Rochelle ou Fontenay. Ces lettres donnent un regard “du rang” sur Parthenay, Thouars, le Bocage, et le quotidien des opérations (réquisitions, alertes de nuit, embuscades).
- Rapports administratifs et militaires
Extraits mortuaires et listes : Renseignent sur les décès de militaires par blessures ou maladie, utiles pour cartographier les flux de blessés et l’intensité des combats à l’échelle locale (an II–an III).
Correspondances officielles : Les dépêches aux représentants en mission et les rapports des généraux (Canclaux, Kléber, Marceau, Turreau, Westermann…) décrivent opérations, pertes et mesures de répression. Le guide de sources mentionne les séries matricules et dossiers qui permettent de remonter des individus aux unités engagées en Vendée.
Seconde Guerre mondiale dans les Deux-Sèvres
Derrière les façades calmes des Deux-Sèvres, la guerre a laissé des traces précises : exode et réfugiés, occupation, maquis, sabotages, arrestations, puis libération. Voici l’essentiel, ancré dans le territoire.
1939–1940 : exode, troupes polonaises et bascule
À l’automne 1939, puis au printemps 1940, des familles ardennaises et de militaires étrangers (Polonais) sont dirigées et hébergées dans les Deux-Sèvres. Leurs itinéraires, lieux d’accueil et répartition communale sont documentés par les archives locales. En septembre 1939, une partie de l’armée polonaise en reconstitution transite et s’organise dans le département, avant redéploiements vers le front ou l’Atlantique.
Acheminés et répartis par communes ; cette logistique civile et administrative occupe largement les autorités locales pendant la “drôle de guerre”, sans affrontements sur place. Après juin 1940, le département passe sous l’autorité allemande ; rationnements, réquisitions et contrôles encadrent la vie quotidienne.
Le département n’est pas un front continu avant juin 1940, mais il connaît des épisodes armés lors de la débâcle : combats de retardement, prises de ponts et accrochages autour des axes et des franchissements.
Printemps–été 1940
Combats de retardement et couverture de replis sur Thouars (21 juin 1940). Défense du Thouet par le 4e Dragons portés. Déploiement en urgence pour barrer la route de Saumur. Mise en batterie aux sorties nord et le long de la voie ferrée, consignes à la population, puis ordre de repli exécuté en dernier par l’escadron central pour couvrir le retrait du régiment. Épisode typique des actions retardatrices menées dans le département au moment de l’avance allemande.
Ponts et passages sur le Thouet et la Sèvre Niortaise, carrefours ferroviaires et routiers vers Niort, Parthenay et Bressuire, tenus brièvement puis abandonnés dans le mouvement général de repli (même logique opérationnelle que pour Thouars). La pression ennemie venant du nord-est et la chute rapide des places ligériennes imposent des positions “couvrir et décrocher” dans les Deux-Sèvres, avant l’entrée de l’Occupant et la mise en place des réquisitions et contrôles.
1941–1943 : structuration de la Résistance
Les Deux-Sèvres ont connu des actions de Résistance marquantes : formation de maquis, sabotages coordonnés des voies ferrées et routières, parachutages d’armes, opérations conjointes avec des SAS britanniques, et combats ayant entraîné des représailles allemandes, notamment à l’été 1944. Les premiers noyaux de maquis sont autour de Niort, à Sciecq–Sainte-Pezenne (Ferme des Loups), des réfractaires au STO forment un premier maquis local, servant de relais pour recrutements, liaisons, et futures opérations armées. La Ferme des Loups (Sciecq) incarne l’ancrage local du maquis et des soutiens civils (hébergement, liaisons, récupération de parachutages).
Les réseaux locaux s’agrègent d’abord dans l’Armée secrète (Combat, Libération-Sud, Franc-Tireur), puis s’unifient progressivement au sein des FFI début 1944 ; les FTP conservent leur autonomie tout en participant à l’unification. Les volontaires des Deux-Sèvres rejoignent, après la Libération, le 114e régiment d’infanterie.
- Missions et actions : Renseignement, impression clandestine, filières d’évasion, puis sabotages ciblés de voies ferrées et de communications pour préparer le Jour J, conformément aux consignes nationales données aux FFI.
1944 : de l’intensification des sabotages à la Libération
Les maquis multiplient, avant et après le 6 juin, les destructions d’aiguillages, coupures téléphoniques et embuscades pour ralentir mouvements et logistique allemands, dans la logique d“arrières en feu” voulue par Londres et Alger.
La Résistance locale mène une campagne de destructions de voies ferroviaires et routières pour entraver les mouvements ennemis après le débarquement, en lien avec des missions franco-britanniques. Parachutages au Bois Rocard de Boismé (22 juillet 1944) et de nouveaux dépôts en août, destinés à armer les groupes FTPF et les maquis du Bocage autour de Cerizay–Bressuire. Des groupes opérent vers Champdeniers, Saint-Marc-la-Lande, Bressuire–Parthenay, Thouars–Montreuil-Bellay, structurant un harcèlement continu contre l’occupant.
Opérations avec les SAS et combats d’août 1944
- Appui SAS (Opération Dickens) : Détachements du 3e régiment SAS, sous le capitaine Fournier, agissent en petits groupes sur le Poitou et la Vendée, armant les maquis et menant sabotages et embuscades. Des sticks opèrent spécifiquement en Deux-Sèvres à partir de mi-juillet 1944.
- Cerizay–Montravers (22–25 août 1944) : Harcelées par FTPF et SAS, les troupes allemandes ripostent par bombardements, exécutions et combats, causant 14 morts (dont 12 civils). Ces journées illustrent l’âpreté de la lutte locale au moment de la libération progressive de la région.
À mesure du repli allemand, les groupes FFI prennent les points névralgiques (gares, ponts, dépôts) et sont ensuite intégrés dans l’armée régulière, notamment au 114e RI pour les volontaires deux-sévriens.
Cadres et réseaux FTPF : Autour de Bressuire, un groupe homologué (1er mars 1944) se structure autour de Jean Leclère (avec l’appui de Maurice Crozet); des réfractaires du Centre de Jeunesse de La Crépelle rejoignent la Résistance sous Michel Hepp.
Groupes de Résistance actifs dans les Deux-Sèvres
Voici les principales formations qui ont opéré dans le département, avec leurs rôles et zones d’action les plus attestées.
Principaux ensembles armés
- FFI - Forces françaises de l’intérieur : Structure unificatrice (février 1944) regroupant les forces armées issues des mouvements (AS, FTP, ORA) pour planifier sabotages, neutraliser communications et appuyer la Libération. Les volontaires deux-sévriens rejoignent ensuite le 114e RI.
- ORA - Organisation de résistance de l’armée : Réseau d’anciens militaires, souvent en appui des FFI pour encadrement, renseignements et actions de sabotage.
- AS - Armée secrète (MUR) : Bras armé des mouvements de zone Sud puis unifiés (Combat, Libération-Sud, Franc-Tireur), intégré aux FFI en 1944 ; missions de préparation militaire, liaisons, sabotages en vue du Jour J.
- MUR - Mouvements unis de la Résistance : Regroupement Combat–Libération-Sud–Franc-Tireur, base politique et logistique de l’AS. Présence dans les Deux-Sèvres par les filières de liaisons, propagande et encadrement des groupes armés AS.
- FTP/FTPF - Francs-tireurs et partisans : Formation née en 1942, d’inspiration communiste mais ouverte, très active en sabotages et guérilla. Garde une autonomie de commandement tout en étant composante des FFI en 1944.
- FTP du Bocage bressuirais : Groupe homologué autour de Jean Leclère, rattaché à la section FTP de Bressuire (Maurice Crozet); premiers parachutages d’armes au Bois Rocard (Boismé) le 22 juillet 1944. Renforts SAS à partir du 12 août dans le cadre de l’opération Dickens. Zones d’action des “sticks” SAS en appui des FFI/FTP. Secteurs de Champdeniers–Saint-Marc-la-Lande ; Bressuire–Parthenay ; Thouars–Montreuil-Bellay, avec mission de sabotages systématiques des voies ferrées et routières et armement des maquis.
Après unification FFI, les groupes AS, FTP et ex-ORA sont coordonnés pour harcèlement, coupures de voies, et verrouillage des axes au moment des combats et représailles (ex. Cerizay–Montravers, 22–25 août 1944).
Mouvements et réseaux (sélection)
- OCM, Libération-Nord, Ceux de la Libération (CDLL) : Mouvements civils et politico-militaires assurant renseignements, faux papiers, filières et liaisons vers les groupes FFI. Implantation urbaine (Niort, Bressuire, Parthenay) et cantonale via responsables locaux.
- Réseaux spécialisés (renseignements/évasion) : Groupes de liaisons, caches et hébergements (ex. fermes, ateliers, presbytères), soutenant parachutages, transmissions et passages.
Actions les plus célèbres de la Résistance dans les Deux-Sèvres
Parachutages et armement des maquis (Bocage bressuirais)
Parachutage du Bois Rocard (Boismé), 22 juillet 1944 : Livraison d’armes aux FTP du secteur Bressuire–Cerizay, dont le groupe autour de Jean Leclère (rattaché à la section FTP de Bressuire de Maurice Crozet). Les dépôts sont rapidement dispersés dans des caches locales. Après le parachutage au Bois Rocard (Boismé), les dépôts d’armes se dispersent (La Gondremière, hangar Bauche, La Crépelle).
Le 10 août, un nouveau parachutage alimente le secteur, tandis que des réfractaires du Centre de Jeunesse de La Crépelle rejoignent la Résistance sous Michel Hepp. Renforcement décisif des stocks, facilitant la montée en puissance des embuscades et sabotages dans le Bocage.
Opérations conjointes avec les SAS britanniques
- Appui SAS dans l’opération Dickens (mi-juillet–octobre 1944)
Arrivée des SAS le 12 août. Des détachements du 3e régiment SAS, engagés dans l’opération Dickens, se déploient en “sticks” et prennent appui sur des bases mouvantes (Bois d’Anjou puis Amailloux) pour armer les maquis et planifier des sabotages. ission “Dickens”: Sous le capitaine Fournier, environ 70 SAS, répartis en petits groupes, agissent sur Poitou–Vendée. Dans les Deux-Sèvres, trois sticks ciblent prioritairement les secteurs Champdeniers–Saint-Marc-la-Lande, Bressuire–Parthenay, Thouars–Montreuil-Bellay, avec une mission: détruire systématiquement voies ferrées et routières, harceler l’ennemi et organiser des parachutages d’armes.
- Harcèlement et sabotages coordonnés (juin–août 1944)
Sabotages des réseaux rail/route et communications, intensifiés après le 6 juin pour entraver les mouvements allemands, souvent menés par les FTP et appuyés par les SAS; ils préparent la libération locale en isolant les garnisons. Série d’actions et d’embuscades lancées depuis des points d’appui comme La Crépelle, qui accroissent la pression sur les colonnes allemandes et préparent les ruptures logistiques de fin août.
- Journées de Cerizay–Montravers (22–25 août 1944)
À la suite du harcèlement FFI/FTP et SAS, affrontements et violences font 14 morts (dont 12 civils). Ces journées symbolisent l’âpreté des combats de libération dans le nord-ouest du département.
Ces quatre jours concentrent harcèlement de la Résistance, nervosité allemande, puis représailles massives qui frappent Cerizay et le village voisin de Montravers. Le bilan est lourd : plusieurs civils tués, un parachutiste SAS abattu, des centaines de sinistrés, et une ville en grande partie incendiée.
Harcèlement intensif avant le 22 août. Les FTP du Bocage (autour de Bressuire–Cerizay) agissent avec des détachements SAS du 3e régiment (opération Dickens, capitaine Fournier), menant sabotages et embuscades. Leur mission : désorganiser les mouvements allemands et armer les maquis. Les SAS opèrent en “sticks” déployés sur plusieurs secteurs des Deux-Sèvres, dont Bressuire–Parthenay et Thouars–Montreuil-Bellay.
16 opérations menées par la base SAS établie à La Crespelle entre le 12 et le 22 août, dont l’embuscade du Vigneau qui fait des morts allemands, accroissent la pression et les menaces de représailles contre Cerizay.
22–23 août : premiers tirs et victimes
À Cerizay, Auguste Guédon est abattu par des Allemands qui le prennent pour un maquisard, déclenchant un cycle de violences. Le 23, une colonne allemande balaie la ville avec des mitrailleuses, frappant façades et vitrines; une habitante est tuée chez elle. La panique s’installe dans la population. Ces incidents surviennent alors que la Résistance multiplie sabotages et embuscades post-Débarquement, particulièrement dans l’extrême nord-ouest du département à la limite de la Vendée.
25 août : bombardement et incendie de Cerizay
Le 25 (jour de la libération de Paris), deux pièces de 150 mm sont mises en batterie à l’entrée de la ville route de Montravers et derrière le cimetière. Le tir dure plus d’une heure; plusieurs habitants sont tués dans la canonnade et la foule fuit à travers la campagne. Dans l’après-midi, les Allemands annoncent qu’ils vont brûler la ville. Des incendiaires opèrent maison par maison. Bilan : 172 maisons touchées, dont 104 totalement détruites; 3 morts à Cerizay ce jour-là ; 450 à 664 personnes sans abri selon les décomptes. La presse locale décrit aussi des fermes incendiées sur la route de Saint-Mesmin.
25 août à Montravers : fusillades et exécutions
Huit personnes sont tuées à Montravers le 25, dont un parachutiste SAS lorrain, André Schmidt, ainsi que des membres de la famille Billy (la mère et sa fille Madeleine ; la nièce Odile, 14 ans, succombera un an plus tard). Des tirs visent aussi des batteurs aux champs à la Tallerie ; des otages sont emmenés à Montravers.
Des rencontres inopinées entre résistants motorisés et colonnes allemandes déclenchent des tirs “à vue”, amplifiant le cycle de répression sur les civils autour de la Louisière et de la route de Montravers.
Entre combats, bombardements et exécutions du 22 au 25 août, on compte au total 14 victimes dont 12 civils pour l’épisode Cerizay–Montravers, reflet d’une stratégie allemande de représailles face aux actions FTP–SAS dans le Bocage bressuirais. Cerizay devient “ville martyre”. Les destructions massives et les pertes civiles marquent durablement la mémoire, illustrant comment la pression résistante à la fin de l’été 1944 pouvait déclencher des contre-violences extrêmes sur les bourgs du front intérieur.
Au-delà de Cerizay–Montravers, la période est marquée par une montée en puissance des maquis, l’action des SAS et la progression vers la Libération des villes du département. Tandis que l’occupant décroche, la Résistance organise des prises de contrôle locales. Les villes célèbrent leur libération: Thouars (3 septembre), Saint-Loup-sur-Thouet (4 septembre), puis Niort (6 septembre). Le département est officiellement libéré le 6 septembre 1944. À l’échelle du département, la Libération résulte de combats localement violents associant missions interalliées et FFI, suivis de manifestations de liesse dans les bourgs et chefs-lieux.
Exactions allemandes dans les Deux-Sèvres pendant la Seconde Guerre mondiale
Le durcissement décidé par le haut commandement allemand le 3 février 1944 se traduit par des massacres et représailles plus nombreuses en France après le Débarquement, contexte qui affecte directement le Poitou et les Deux-Sèvres. Une forte hausse des fusillés se produit en 1942–1944. Coexistence de répression “judiciaire” (condamnations à mort) et “extrajudiciaire” (exécutions sommaires, incendies) avec participation d’auxiliaires français, tendance également observée dans le département.
La répression a pris plusieurs formes dans le département : exécutions sommaires, bombardements et incendies de représailles, rafles, tortures, déportations, et justice militaire expéditive. L’intensité culmine à l’été 1944, quand l’occupant transpose en France des méthodes déjà pratiquées sur d’autres fronts, notamment après des instructions de radicalisation données début 1944.
- Exécutions sommaires et fusillades d’otages. Ciblant résistants capturés, suspects, et parfois civils pris au hasard en représailles d’attentats ou d’embuscades. La montée en puissance s’observe nettement en 1944 dans tout le Poitou-Charentes, avec un pic de fusillés entre janvier et août.
- Incendies et destructions punitives. Incendies de maisons, fermes et quartiers après des actions de la Résistance, suivant une doctrine de représailles accrue en 1944.
- Rafles, tortures, déportations. Arrestations par Wehrmacht et Sipo-SD (dit “Gestapo”), souvent avec concours de services français collaborationnistes, puis déportations vers prisons et camps du Reich; phénomène attesté pour la région et documenté dans les fonds d’archives locaux.
- Justice militaire et condamnations. Tribunaux des Feldkommandanturen, application du “code des otages” (1941–1943), et durcissement continu à partir de l’été 1941, avec une accélération au printemps–été 1944.
Cas marquants dans le département
- Cerizay–Montravers (22–25 août 1944). Bombardement d’artillerie, incendies méthodiques de quartiers entiers, exécutions et tirs sur civils. Plusieurs morts à Cerizay et huit victimes à Montravers, dont un parachutiste SAS. L’épisode illustre la logique de représailles face aux sabotages et embuscades de la Résistance dans le Bocage bressuirais.
- Série d’incendies ruraux fin août 1944. Fermes et hameaux touchés autour des axes de circulation (ex. routes Cerizay–Saint-Mesmin/Montravers), dans le sillage des opérations et du repli allemand.
- Bressuire : Rafles et violences de répression (été 1944). Arrestations de résistants présumés; passages à tabac, transferts. Harcèlement FTP/SAS dans les communes proches; risques d’exécutions sommaires sur routes et fermes périphériques.
- Thouars : Arrestations et exécutions isolées (1943–1944). Cas de fusillades de suspects et de résistants lors d’opérations de contrôle. Colonne allemande en repli traversant la zone; exactions ponctuelles signalées sur les axes.
- Parthenay : Rafles et tortures (1943–1944). Interventions Sipo-SD et services collaborationnistes; transferts vers prisons et camps. Les sabotages en riposte entraînent des coups de filet et violences contre relais locaux.
- Niort : Répression administrative et policière (1942–1944). Rafles, interrogatoires, déportations; justice militaire expéditive. Exécutions isolées en représailles après sabotages ferroviaires/urbains.
Saint-Maixent-l’École. Arrestations ciblées (1943–1944). Soupçons sur réseaux et liaisons; détentions, tortures, transferts. Passages de colonnes (été 1944) avec incidents armés et tirs “à vue” possibles sur l’axe vers la vallée du Thouet.
- Airvault : Contrôles renforcés (été 1944). Fouilles, otages temporaires lors de sabotages proches ; violences lors de patrouilles. Zones de représailles classiques après explosions des voies ferrées et ponts.
- Melle : Rafles et menaces de représailles (1943–1944). Pression sur hébergeurs de réfractaires et relais FTP. Tirs et incendies ponctuels dans les fermes et hameaux suspectés d’aide aux maquis.
- Champdeniers–Saint-Marc-la-Lande : Zone d’action SAS–FFI (été 1944). Sabotages répétés amenant fouilles, coups de feu, arrestations. Exécutions sommaires isolées sur les routes et lisières de bois après embuscades.
- Secteur Thouars–Montreuil-Bellay : Représailles de colonne en repli (août 1944). Tirs sur véhicules civils, passages à tabac, maisons incendiées près d’embuscades. Prises d’otages courtes durées, libérées au passage de la colonne.
Exactions de la Milice dans les Deux-Sèvres (1943–1944)
La Milice française, créée début 1943, a agi dans les Deux-Sèvres en appui de la Sipo-SD (Gestapo), de la police et de la gendarmerie collaborationnistes. Son empreinte locale se lit surtout en 1943–été 1944: traques anti résistantes, rafles, tortures, exécutions sommaires et incendies de représailles.
- Arrestations ciblées et rafles : Filatures, coups de filet contre réfractaires au STO, hébergeurs et relais FFI/FTP; perquisitions domiciliaires avec violences et pillages.
- Tortures et interrogatoires : Usage systématique de la violence lors des “extractions” et interrogatoires dans des locaux réquisitionnés (hôtels, villas, commissariats), puis remise à la Sipo SD pour internement ou déportation.
- Exécutions sommaires et “règlements de comptes” : Assassinat de résistants présumés ou témoins gênants, souvent au bord des routes ou en lisière de bois.
- Représailles collectives : Incendies de fermes ou commerces suspectés d’aide aux maquis; coups de force au lendemain d’embuscades FTP/FFI.
- Participation aux colonnes de répression : Accompagnement de patrouilles allemandes lors de ratissages; miliciens guides/éclaireurs sur terrain qu’ils connaissent.
Secteurs et villes les plus exposés
- Niort et agglomération : Centre de coordination (police, Feldkommandantur). Rafles, interrogatoires violents, transferts vers prisons régionales; assassinats ciblés sur axes périurbains.
- Bressuire–Cerizay–Parthenay (Bocage) : Zone maquisarde très active en 1944. Après des sabotages/embuscades, interventions mixtes Milice–troupes allemandes: perquisitions, incendies punitifs, exécutions isolées.
Thouars–Saint Maixent–Melle : Arrestations ponctuelles, tortures et livraisons à la Sipo SD; violences lors de passages de colonnes en été 1944.
Exactions attribuées à la Milice dans Niort, Bressuire, Parthenay (1943–1944)
Ce qui ressort dans ces trois villes, c’est un schéma récurrent: actions conjointes Milice–Sipo SD (Gestapo) contre réseaux et maquis, arrestations brutales, interrogatoires avec sévices, exécutions sommaires en périphérie et représailles ciblant fermes/commerces liés à la Résistance. Les traces les plus tangibles dans les sources locales sont souvent les lieux de détention/torture, les plaques mémorielles et les dossiers d’archives de l’Épuration qui documentent la participation milicienne aux opérations de répression.
- Niort
Arrestations et rafles ciblées : opéré conjointement avec la Sipo SD implantée au 12 rue Alsace Lorraine (“maison de la Gestapo”), appuyée par auxiliaires et collaborateurs français. Ce site a servi de lieu de détention et de torture. La Milice opérait souvent comme force d’appoint, filature, perquisition, transfert des arrêtés vers ce centre puis vers les prisons régionales ou la déportation.
Tortures pendant interrogatoires : sévices pratiqués dans les locaux réquisitionnés avant remise aux services allemands. Plaques et parcours mémoriels en ville le rappellent. Montée en puissance 1943–printemps 1944 : accent sur réfractaires au STO, réseaux de liaison; coordination Sipo SD–polices françaises–Milice renforcée dès 1943. Radicalisation dans l'été 1944, après le Débarquement. Vague d’arrestations, “sorties de nuit”, exécutions isolées et représailles post sabotages; les dossiers d’archives départementales et d’épuration éclairent ces épisodes.
- Bressuire
Bressuire, carrefour du nord des Deux Sèvres, a connu en 1944 des ratissages mixtes (Allemands + auxiliaires français), avec perquisitions violentes, incendies punitifs de dépendances et exécutions sommaires à la suite d’embuscades FTP/FFI. La Milice est signalée comme auxiliaire/guide local lors de ces opérations dans le département, éclairées par la mémoire locale et les dossiers d’épuration. Interpellations ciblées de relais FFI, commerçants et hébergeurs, puis transferts vers les centres d’interrogatoire régionaux; la documentation locale insiste sur la chaîne Sipo SD–collaborateurs, dans laquelle la Milice s’insère en 1943–44.
- Parthenay
Parthenay, nœud ferroviaire entre Niort et Poitiers, a connu des coups de filet contre relais de maquis et des exécutions en lisière après juin 1944, dans le schéma départemental où la Milice opère en appui de la Sipo SD et de la gendarmerie collaborationniste. Perquisitions, incendies ciblés et prises d’otages de courte durée après attaques de convois/voies; à attribuer prudemment (Milice vs autres forces), d’où l’intérêt des dossiers judiciaires d’après guerre pour préciser les auteurs.
Les Deux-Sèvres aujourd’hui : entre mémoire et dynamisme
Une terre agricole et industrielle
Aux XIXe et XXe siècles, les Deux-Sèvres s’affirment comme un territoire agricole prospère, dominé par l’élevage et les cultures céréalières. Mais l’innovation y a aussi toute sa place : la ville de Melle fut longtemps un centre important de production monétaire grâce à ses mines d’argent exploitées dès le Moyen Âge, et Niort est devenue la capitale française des mutuelles d’assurance.
Capitale française des assurances et mutuelles: À partir de la fin du XIXe siècle, Niort attire et agrège des sièges sociaux de mutuelles et d’assurances, soutenue par des politiques publiques locales constantes. Cet ancrage a fait émerger un pôle d’expertise qui marque l’économie du département jusqu’à aujourd’hui.
De Coulonges-sur-l’Autize aux bourgs commerçants, l’histoire des foires, estaminets et « tope-là » conclus sur la place s’inscrit encore dans le patrimoine, jusque dans des éléments inattendus comme les vespasiennes du XIXe siècle, vestiges d’une culture marchande et d’une hygiène publique en mutation. Du Coudray-Salbart à Oiron (Renaissance), les demeures fortifiées et les résidences aristocratiques racontent l’épaisseur seigneuriale du pays et sa capacité à dialoguer avec l’art contemporain, comme à Oiron où la collection a été pensée pour le lieu.
Le patrimoine historique, des églises romanes de Saint-Maixent-l’École aux remparts de Parthenay, continue d’attirer les visiteurs. Mais le département est aussi tourné vers l’avenir, avec une économie mêlant agriculture, industrie et services. Ce double héritage fait des Deux-Sèvres un territoire où l’histoire reste vivante, au cœur des paysages et des traditions.
Idées d’itinéraires
- Archéologie en plein air : Bougon + musée, puis Rom/Rauranum et son parcours de site.
- Poitou médiéval et Renaissance : Abbaye de Saint-Maixent, château d’Oiron, forteresse du Coudray-Salbart.
- Eaux et canaux : Journée en barque dans la Venise verte au départ de Coulon ou Arçais.
- Circuit “Romanes en 1 journée” (Mellois) : Saint Hilaire de Melle → 2) Celles sur Belle → 3) Église rurale aux modillons (ex. Paizay Naudouin côté limite Charente) → 4) Pause à Melle centre (lecture du plan médiéval).
- Circuit “Forteresses et remparts” (Niort–Parthenay) : Donjon de Niort → 2) Parcours des remparts de Parthenay et portes → 3) Pont médiéval et vieille ville → 4) Option Bressuire (plateforme castrale).
- Circuit “Du souterrain aux monnaies” (Melle) : Mines d’argent → 2) Espace monétaire → 3) Église Saint Hilaire (iconographie du pouvoir et du sacré).
Conseils pratiques
- Temps de visite : Prévoir 45–60 min par site majeur (donjon, grande église), 2 h pour les mines ; 4–6 h pour un circuit complet.
- Moments idéaux : Matin pour les intérieurs romans (lumière rasante sur les chapiteaux), fin d’après midi pour remparts et ponts.
- Petits plus : Emporter une lampe frontale pour lire les modillons sous corniche; cartes IGN pour repérer mottes, vieux chemins et gués.
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N'oubliez pas !
Par respect pour les habitants et l'environnement, merci de respecter les panneaux signalétiques et consignes :
- Feux interdits (pas de barbecue)
- Camping interdit
- La nature est fragile et des chutes de pierres sont parfois fréquentes.
- Veuillez ramasser vos déchets avant de partir.
- Plus que les sacs plastiques ou les pailles, ce sont les mégots de cigarettes qui pollueraient le plus les océans. les filtres à cigarettes se dégradent très lentement. Deux ans en moyenne.
- L'un des "petits gestes élémentaires" à accomplir : ne plus jeter ses mégots par terre.
Pensez boite à mégots !
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